Une crise majeure à l’horizon (Église)

Comme cela s’est produit à quelques reprises dans l’histoire de l’Église, le christianisme entre en ce moment dans une période de crise profonde qui pourrait le diviser en deux une fois de plus. D’un côté, il y a tous ces chrétiens qui adoptent une approche théologique libérale qui s’harmonise agréablement avec les valeurs ultralibérales du monde postmoderne. De l’autre côté, il y a tous ceux-là qui persistent à rester fidèle à l’Écriture, contre vents et marées.

Extrémistes religieux, extrémistes de droite, fondamentalistes religieux ne sont que quelques-uns des épithètes par lesquels on les décrira. Mais bon, marcher sérieusement avec Dieu n’a jamais été de tout repos. Jésus n’a-t-il pas dit : « étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent.[1] »

Voyons un peu

Le christianisme est toujours en nette progression dans le monde. Selon le journal le Figaro, il a triplé au cours du dernier siècle pour atteindre le nombre astronomique de 2 milliards d’individus, soit plus du tiers de l’humanité[2]. Magnifique diront certains! Mais à fois, si les chrétiens sont de plus en plus nombreux, ce qui est en soit une excellente nouvelle, ça ne veut pas dire que l’Église est actuellement en bonne santé. Dans la plupart des pays occidentaux, eux-mêmes historiquement influencés par les valeurs de l’Évangile, les chrétiens sont pour la plupart gagnés aux valeurs libérales qui conduisent notre monde à sa perte. Le vrai problème est qu’une certaine partie des gens que l’on associe encore au christianisme en Occident ne sont pas vraiment chrétiens dans les faits. Voilà qui mérite une courte explication :

Corpus christi ou corpus christianum

L’Église de Jésus-Christ peut être vue de deux manières :

  1. Le Corps de Christ (Corpus christi) : Cette entité est celle à laquelle appartiennent exclusivement tous les élus, c’est-à-dire, tous ceux que l’Agneau de Dieu s’est rachetés par son sang.
  2. La chrétienté (Corpus christianum) : Cette seconde entité réfère à l’ensemble de la chrétienté en général. Elle rassemble 2 milliards de personnes issues de toutes les grandes confessions chrétiennes de ce monde. On y compte tous les chrétiens confessant certes, mais aussi tous ceux qui le sont de naissance sans pour autant que cette appartenance les engage plus sérieusement.

Restons prudents, tout de même

Dans une formulation plus simple, on pourrait dire que, si tous les chrétiens du monde font nécessairement partie du Corpus christianum, tous les chrétiens ne font pas pour autant partie du Corpus christi. Autrement dit, nombreux sont ceux qui appartiennent à la mouvance chrétienne sans être pour autant des rachetés. Et nous devons faire preuve d’une extrême prudence dans ce genre d’examen, car Dieu seul connait ceux qui lui appartiennent. Néanmoins, nous savons tout de même qu’il y a dans nos églises des gens qui y viennent par traditions, sans plus.

Or, le christianisme n’est pas une philosophie de vie dont il suffit d’apprécier les valeurs pour se dire chrétiens. Il s’agit d’une autre sorte de vie qui n’est pas le fruit d’une amélioration morale ni même de l’acquisition d’un savoir exclusif, mais elle procède d’une vie de l’Esprit qui est gracieusement donnée par Dieu[3]. Comme l’enseigne l’apôtre Paul, « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. Et tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Christ, et qui nous a donné le ministère de la réconciliation[4]. »

En route vers le schisme

Les signes d’une telle crise se remarquent par l’adhésion volontaire d’un grand nombre de chrétiens à une nouvelle rectitude qui adopte un discours résolument positiviste. Cette nouvelle rectitude ne craint pas de discourir longuement sur l’amour de Dieu, mais souvent son message est dépouillé de la vérité. Cependant, dans l’Écriture, Jésus ne se présente pas seulement comme l’incarnation de l’amour de Dieu, il est aussi le chemin, la vérité et la vie. Dans l’Évangile, la vérité implique une idée toute simple : si nous disons que le message de Jésus est porteur d’une bonne nouvelle, c’est qu’il existe aussi une très mauvaise nouvelle. Désolé pour les adeptes d’un Évangile sans la croix, mais Jésus enseigne bel et bien qu’un jugement divin attend tous ceux qui rejettent la lumière parce qu’ils préfèrent les ténèbres.

Jean 3 : 18-21

« 18 Celui qui croit en lui n’est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. 19 Et ce jugement c’est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. 20 Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées ; 21 mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu. »

Une nouvelle théologie tend à vouloir s’imposer dans l’univers chrétien en ce moment. Elle prône une attitude conciliante qui cherche à dissimuler la vérité selon laquelle un jugement divin vient sur ce monde. Elle se donne de nouvelles approches herméneutiques pour rendre les textes bibliques plus accommodants pour les gens du siècle présent. Bientôt, ce courant libéral emportera dans son sillon une vaste majorité des chrétiens fragiles et sans fondements théologiques solides.

Une question difficile, l’amour ou la vérité?

La vérité biblique sans l’amour de Dieu n’est rien de plus qu’un discours légaliste et sans vie, et l’amour de Dieu sans la vérité est réduit à n’être qu’un discours humaniste vide de sens. L’amour de Dieu, du point vu humaniste, est un amour qui nie toutes conséquences du péché, qui pardonne sans la repentance et « qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres[5] Il importe dans ces temps difficiles qui se pointent à nos portes de revisiter les fondements sur lesquels notre foi est construite.

Réal Gaudreault

[1] Mathieu 7: 14

[2] http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/12/23/01016-20111223ARTFIG00479-un-tiers-de-l-humanite-est-chretienne.php

 

[3] Jean 3: 3-8

[4] 2 Corinthiens 5: 17-18

[5] Ésaie 5 : 20

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4 Comments

  1. Merci pour ces propos justes et cette vision lucide du monde chrétien. En tant qu’évangéliste, j’aime amener de nouvelles personnes à connaître Christ. Mais aussi, j’apprécie beaucoup quand je vois revenir à Jésus des chrétiens qui s’étaient endormis.

  2. Je me suis convertie il y a presque trois ans maintenant et quand je suis arrivée dans les églises chrétiennes j’ai eu une très grosse déception. J’ai l’impression que de nombreuses églises veulent à tout prix plaire aux gens, aux non-croyants. L’église est vu comme un business où il faut toute la panoplie de bébelles et de commodités pour plaire à tous. Ça, je trouve que c’est inquiétant aussi.
    Toutefois, merci pour ce rappel contre l’évangile “bonbon”. C’est bien trop facile de tomber dans cet évangile quand je vois que tous me fuient quand je parle du péché. Ils ne veulent même pas entendre que Jésus-Christ est mort pour eux. Bref…merci de l’encouragement! 🙂

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