Évidemment, lorsque nous prions, c’est avec l’espoir de voir les choses changer autour de nous. Et généralement, nous souhaitons ce changement surtout chez les autres car de notre point de vue tout à fait humain, ce sont les autres qui sont la cause de nos soucis. Et c’est sans doute vrai, mais pas tout à fait. Nous sommes également la cause de bien des soucis dans la vie des autres mais cette dimension de l’affaire nous échappe.
Or, il y a quelque chose dans la prière de tout à fait unique à cet égard. C’est qu’avec le temps passé en prière, on se rend bien compte que les autres ne changent pas autant qu’on le souhaiterait, c’est en nous que s’opèrent les plus grands changements. La raison qui explique cela est que les parvis de Dieu sont des lieux d’où notre regard sur les circonstances est bien différent du regard complaisant qui est le nôtre ici-bas. De notre point de vue, nous sommes des victimes, du point de vue de Dieu nous sommes des pécheurs. Oui, nous sommes sans doute des victimes mais nous ne sommes pas que cela.
L’expérience du prophète Ésaïe est stupéfiante à cet égard. Lui qui se plaisait à faire étalage des égarements de ses contemporains vivra tout à coup un expérience à la fois troublante mais combien libératrice. Le prophète pouvait décrire avec exactitude l’égarement des autres et les malheurs qui en découleraient, mais il ne ne voyait pas son propre cœur. Voyons un peu :
– Chap 1 : « 4 Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé d’iniquités, A la race des méchants, aux enfants corrompus ! Ils ont abandonné l’Éternel, ils ont méprisé le Saint d’Israël. Ils se sont retirés en arrière…
– Chap 5 : « 8 Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, Et qui joignent champ à champ, Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espace, Et qu’ils habitent seuls au milieu du pays !
– Chap 5 : « 18 Malheur à ceux qui tirent l’iniquité avec les cordes du vice, Et le péché comme avec les traits d’un char,
– Chap 5 : « 20 Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, Qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, Qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume !
– Chap 5 : « 21 Malheur à ceux qui sont sages à leurs yeux, Et qui se croient intelligents !
– Chap 5 : « 22 Malheur à ceux qui ont de la bravoure pour boire du vin, Et de la vaillance pour mêler des liqueurs fortes; 23 Qui justifient le coupable pour un présent, Et enlèvent aux innocents leurs droits !
Après avoir cibler tous les malheurs des enfants d’Israël, le voilà qu’il se voit en vision devant le trône de Dieu et là, il agonise en voyant l’état de son propre malheur.
« 1 L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, Et les pans de sa robe remplissaient le temple. 2 Des séraphins se tenaient au-dessus de lui; ils avaient chacun six ailes; deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont ils se servaient pour voler. 3 Ils criaient l’un à l’autre, et disaient : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire ! 4 Les portes furent ébranlées dans leurs fondements par la voix qui retentissait, et la maison se remplit de fumée.5 Alors je dis : Malheur à moi! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. 6 Mais l’un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une pierre ardente, qu’il avait prise sur l’autel avec des pincettes. 7 Il en toucha ma bouche, et dit : Ceci a touché tes lèvres; ton iniquité est enlevée, et ton péché est expié. » Esaïe 6 : 1-6
Malheur à moi nous dit le prophète. Cette histoire nous révèle fort bien l’amplitude et l’éclairage que produit la profondeur et la présence de Dieu à travers nos vies de prière. C’est avant tout nos propres cœurs qui ont besoin d’être mit en lumière. Pablo Martinez, professeur de théologie en Argentine disait très justement : « La prière n’est pas une façon d’obtenir ce que nous voulons, mais la façon de devenir ce que Dieu veut que nous soyons.
(R.G.)
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