« Je ne suis plus digne… »

Une des valeurs les plus nobles qu’une faute grave peut nous voler est notre dignité au regard de ceux que nous avons offensé. C’est la chose que la parabole du fils prodigue nous apprend. Après que le fils eut dissipé sa part d’héritage « en vivant dans la débauche », il se dit en lui-même que la meilleure façon de reconstruire la relation brisée avec son père était d’aller vers lui et lui dire : « Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils » (Luc 15)

J’aime ce petit bout de phrase : « Je ne suis plus digne… ». Aussitôt prononcée, cette petite phrase pleine de fragilité devient puissante dans la bouche du repentant car elle exprime l’aveu écrasant de la désolation et la honte du coupable. Par l’usage du mot « digne » : Axios = « posséder le mérite », on entend le repentant accepter la perte de tout mérite devant son Père à qui il dit aussi « traite moi comme l’un des tes mercenaires ». Le repentant de cherche pas ici à retrouver sa dignité perdue, il souhaite seulement obtenir la grâce suffisante pour au moins vivre sa honte sous les regards du Père, un Père qu’il sait probablement gracieux.

La dignité n’est pas une mince affaire, elle implique un comportement moralement juste, de la rectitude et de l’honnêteté. La dignité implique aussi de se tenir loin des bassesses du mensonge et des manigances hypocrites, elle rejette toute forme de manipulation. Perdre sa dignité c’est perdre sa réputation pour être rabaissé aux plus bas échelons du déshonneur.

Aucune grâce à bon marché ne peut restituer la dignité perdue devant les témoins de l’injure. Seule une grâce qui engage une confession profonde et honnête, un aveu réel de sa faiblesse et un regret bien senti peut trouver l’oreille de celui qui sait exercer la miséricorde. L’histoire du fils prodigue nous apprend comment on se relève d’une faute grave commis contre ceux qui nous sont chères. Elle nous apprend que à se tenir aussi loin que possible de l’arrogance et a élever son cri pour obtenir la clémence que l’on ne mérite plus.

Si ce jeune homme a pu dire à son père : « Je ne suis plus digne d’être appelé son fils », y a-t-il dans votre vie un geste qui jadis vous aurait voler votre dignité? La dignité ne se reconstruira pas d’elle-même par le temps qui passe et qui laisse tout dans l’oubli. On ne retrouve sa dignité qu’en reconnaissant sa faute et en revenant à celui que nous avons offensé pour lui dire : « Je ne suis plus digne d’être… » C’est en reconnaissant ne plus avoir droit à la dignité qu’on risque le mieux de la retrouver.

(R.G.)

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