Comme bien d’autres, j’ai été profondément choqué le week-end dernier par une vidéo montrant un enfant de 9 ans atteint de nanisme qui voulait mettre fin à ses jours parce qu’il n’en peut plus de subir la moquerie.[1] Quelques mauvaises langues prétendent que ce clip n’est rien d‘autre qu’un coup de gueule de sa mère dont l’agenda caché serait de monnayer l’horrible drame de son fils. C’est bien là un argument propre aux saints apôtres de la liberté d’expression qui préfèrent défendre le droit à la liberté d’intimidation. Malheureusement, pour ces deniers, cette affaire n’est pas un « Fakenews », c’est une vraie histoire d’horreur.[2]
Comment se fait-il qu’en 2020 il y a encore des gens pour qui le harcèlement, l’intimidation et la moquerie envers un enfant handicapé ne soulèvent aucune indignation? Comment arrive-t-on à se livrer au mauvais commerce de la complaisance nauséabonde, préférant se terrer dans le silence de l’observateur distant et désintéressé? Que de lâcheté nous habite! C’est d’autant plus vrai pour nous qui sommes chrétiens, car l’Écriture nous invite, non seulement à ne jamais se livrer à la moquerie, mais qui plus est, à se tenir loin des moqueurs.[3] Mieux encore, l’Écriture nous engage à parler et prendre la défense du plus faible.[4]
Vive les Australiens
J’admire comment les Australiens ont choisi de prendre résolument en main la défense de Quaden Bayles pour dénoncer haut et fort la bêtise dont il est victime. Plusieurs membres de la colonie artistique australienne et américaine ont manifesté leur appui au jeune garçon. L’acteur Hugh Jackman bien connu pour son personnage de Wolverine est l’un de ceux-là.[5]
Mais aussi, une équipe australienne de rugby a décidé d’inviter Quaden à remettre le ballon du match en vue de montrer leur solidarité avec le jeune garçon.[6] « Quaden Bayles a été invité à accompagner les joueurs du Indigenous All-Stars, une équipe de rugby, lors de leur entrée sur le terrain. Tenant la main du capitaine de l’équipe, Joel Thompson, le garçon de neuf ans a fait son entrée au Cbus Super Stadium de Robina, dans Queensland, sous les acclamations de la foule. »[7]
Pendant ce temps-là au Québec…
En suivant de près l’histoire du petit Quaden Bayles, je ne peux m’empêcher d’y voir un parallèle avec notre Mark Ward national dans l’affaire qui l’oppose à Jérémy Gabriel. Dans ce cas-ci, c’est un adulte humoriste qui s’en prenait à Jérémy alors qu’il était encore qu’un enfant. À partir de 2008 par des capsules WEB, puis de 2010 à 2012, Ward ridiculisait librement pendant ses spectacles l’apparence physique du jeune Gabriel et ce au nom de l’humour.[8] Et la vaste majorité des personnalités publiques n’ont pas su se montrer solidaires avec la victime qu’était Jérémy Gabriel. Coincées dans le silence complice du copinage artistique, nos vedettes, pour la plupart, ont silencieusement assumé leur lâcheté.
Ici au Québec, on s’enlise dans le discours de la sottise, un discours qui se nourrit à la mamelle des inepties les plus scabreuses en vue de trouver à Mark Ward les excuses suffisantes pour justifier ses attaques répétées contre Jérémy. Après tout, l’humour est un art. Si le Québec est une société distincte, il l’est malheureusement trop souvent par la bêtise. Pire encore, ici les artistes (humoristes en particulier) ont même choisi de se liguer publiquement avec Ward se disant solidaire avec lui.[9] C’est le sacrosaint droit à la liberté d’expression qui, dans notre beau Québec, est devenue un accès facile au droit de tout dire, puis de tout excuser lorsque l’humour en est le vecteur.
Conclusion
Si la réaction des artistes québécois dans l’affaire Ward/Gabriel me dégoûte au lus haut point du genre humain, et si l’affaire de Quaden me tue la vie, la réaction de Hugh Jackson et du peuple australien me réconcilie avec l’idée qu’il existe encore en ce monde des gens de bien capable de s’indigner publiquement lorsqu’une situation l’exige.
Réal
Gaudreault (Pasteur)
[1] https://www.lapresse.ca/international/asie-et-oceanie/202002/21/01-5261859-quaden-bayles-le-visage-de-lintimidation-en-australie.php?fbclid=IwAR1ILh6FU1pHbTmVpyjRBE-nwD0njxViGSVpM16I5ObjSfWYCpiRoDCO2Sg
[2] http://www.leparisien.fr/societe/quaden-harcele-sa-mere-obligee-de-dementir-les-rumeurs-sur-l-age-du-jeune-australien-22-02-2020-8264958.php
[3] Voir le Psaume 1
[4] Le livre des Proverbes est particulièrement riche de textes qui abondent dans ce sens.
[5] https://www.youtube.com/watch?v=npsZSgpySlk
[6] https://www.youtube.com/watch?time_continue=89&v=l8nHr5CFqZs&feature=emb_title&fbclid=IwAR2B-BNs1tMNpB5XSVL9VEOCaIWdc6N6saMXwRzjS4–rDnOGvWeien4zhQ
[7] https://www.journaldemontreal.com/2020/02/22/victime-dintimidation-une-journee-de-reve-pour-quaden-bayles-1
[8] https://www.lesoleil.com/actualite/justice-et-faits-divers/mike-ward-est-il-alle-trop-loin-avec-lepetit-jeremy-024cc1665b440659bffa486bf5aef0a2
[9] https://www.youtube.com/watch?v=etrsyq8adOw
Nous sommes plusieurs à nous insurger devant de telles cruautés, et fort heureusement, le sens critique que l’Esprit peut nous accorder -si tant est que nous soyons investi d’une certaine sagesse d’en haut- nous permet d’échapper aux influences des pensées de ce siècle.
Quaden n’est pas un cas unique. Quand on pense à “Aurore l’enfant martyre”, cela fait aussi parti des barbaries de l’histoire qui -dans ce cas- s’est mal terminé.
La liberté d’expression tant invoqué devrait toujours être suivi du qualificatif «bonne» ou «correct» si bien qu’on devrait dire: la liberté de la «bonne» expression. D’ailleurs, la loi prévoit que la diffamation et/où la haine raciale est condamnable. Ce qui me semble préoccupant dans beaucoup de ses causes, ce sont les circonvolutions (raisonnements tortueux)que les auteurs de ces propos diffamatoires empruntent pour rendre acceptable de tels discours. Aux dernières nouvelles, Ward a perdu en cours*. Heureusement, le bon sens l’a emporté.
Cela ne n’empêchera pas tous les prochains cas d’espèces mais à tout le moins restreindra ce type de «mauvaise» liberté. Ward a peut-être été soutenue par une partie de la communauté artistique, mais une autre partie (silencieuse) ne s’est pas associée à sa bêtise. L’omerta du milieu et nous savons très bien que le régime de l’omerta règne dans bien des milieux. Pas seulement parmi les artistes.
C’est ce qui est vicié dans ces cas: avoir le courage de ses opinions (qui plus est lorsqu’elles sont supportées par des valeurs respectueuses chrétiennes).
«…ne prenez * point part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt * condamnez-les.» Éph 5.11
Prions de toujours être de ceux qui dénonce le véritable mal au sein de nos familles, nos relations et de la société dans laquelle nous vivons. Il y va de l’honneur de notre Dieu.
*avis de la Juge Gibeau à TVA nouvelles (2e entrevue)
https://www.tvanouvelles.ca/2019/11/28/droits-de-la-personne–mike-ward-perd-en-appel