Jésus était-il sympathique II

Dans le premier article de cette série sur le caractère de Jésus-Christ, j’ai tenté de montrer que Jésus ne fut pas, à proprement parler, un être sympathique comme nous l’entendons en ces jours où le « politiquement correct » est une valeur sacrée. Jésus a vraiment aimé l’homme dans la vérité plutôt qu’à travers une mise en scène au romantisme douteux.
Dans ce deuxième article, je propose d’explorer la question des miracles opérés par Jésus. Je tiens avant tout à préciser que je suis résolument convaincu que les miracles sont encore présents dans l’Église. J’ai été l’objet et le témoin de miracles à maintes reprises, donc, je n’ai rien contre cette pratique, au contraire. De plus, comme nous le voyons dans Actes 8, les miracles attestaient l’autorité des apôtres auprès d’Israël, c’est clair.

Les miracles, une stratégique divine?

Jésus à guérit des malades, nourrit des foules, pardonné des pécheurs et des prostituées et a même ressuscité des morts. Bien que tout cela fût une démonstration de sa messianité (Ésaie 61), Jésus se disait-il que ses prodiges prouveraient qu’il est le Messie et de ce fait, les juifs croiraient en lui? Dans l’Évangile de Jean, l’apôtre nous fait le commentaire suivant : « 23 Pendant que Jésus était à Jérusalem, à la fête de Pâque, plusieurs crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait. 24 Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous, 25 et parce qu’il n’avait pas besoin qu’on lui rendît témoignage d’aucun homme ; car il savait lui-même ce qui était dans l’homme. » Jean 2 : 23-25.

Ce texte biblique montre bien que les miracles ont bel et bien convaincu les gens que Jésus était un être hors de l’ordinaire, sans doute un envoyé de Dieu, certes. Mais vous remarquerez avec moi qu’il ne semble pas impressionné du fait que ces personnes ont cru en lui à cause des miracles. Tous ces gens ont cru dans la mesure où ils étaient impressionnés par les performances de Jésus, mais Lui savait bien que leur adhésion était superficielle. Ils ont été rencontrés dans un besoin, celui de manger, mais non pas convaincus dans les profondeurs du cœur. Évidemment, les miracles allaient attester la messianité de Jésus, car les prophéties de l’Écriture devaient se confirmer dans la vie du Messie attendu. Mais il nous faut bien comprendre qu’aux yeux du peuple, cette intention n’a pas atteint son but comme nous aimons le penser. Le peuple d’Israël a finalement rejeté son Messie malgré tous ses prodiges. C’est bien des miracles, mais ça ne change pas les cœurs.

Si nous croyons que les miracles ont pour but de convaincre les incroyants de se tourner vers Dieu, alors nous croyons une chose que Jésus ne croyait pas lui-même. Le problème ici n’est pas dans les miracles, mais dans l’usage que nous en faisons. Ce ne sont pas les miracles qui doivent attirer les hommes à Christ, ça, c’est la prérogative du Père: « Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et je le ressusciterai au dernier jour. » Jean 6 : 44. La principale raison des miracles est la pure bonté de Dieu.

Un Dieu créé à notre image

Il m’apparaît de plus en plus évident que nous avons tendance à « redimensionner » la personnalité de Jésus-Christ. Par là j’entends que nous le recréons tel que nous aimons le voir et donc, tel que nous souhaitons le présenter. Ce qui nous amène à le présenter au monde dans une version qui n’est pas tout à fait conforme à qui il est, mais selon une projection de lui qui nous semble rencontrer les valeurs de notre siècle. Comme si Jésus avait besoin d’être actualisé. Par exemple, l’Évangile nous parle de l’amour de Dieu pour l’homme. Or, puisque nous vivons dans un siècle où nous confondons l’amour avec les sentiments, les émotions et le romantisme, nous fabriquons un Jésus à l’image de cette confusion. Et ce Jésus-là n’intéresse apparemment personne, car le nombre de conversions est dramatiquement peu élevé en Occident depuis quelques décennies.

Condition humaine ou condition pécheresse?

Si Jésus était présent en ce moment sur la terre, à qui ressemblerait-il? Serait-il un écolo, un syndicaliste, un artiste, un révolutionnaire, un médecin sans frontière, un ami des clochards, un activiste populaire? Tenterait-il de régler les conflits militaires de la planète ou de rééquilibrer l’écart entre les riches et les pauvres? Il ne ferait rien de tout cela, car il n’est pas venu sauver le monde de sa condition humaine, mais de sa condition de pécheur. La différence est énorme entre ces deux idées.

On pourrait croire que ces deux conditions expriment à peu de chose près la même idée, mais c’est faux. La condition humaine chaotique telle que nous la connaissons aujourd’hui est le résultat de la Chute adamique par laquelle le monde physique s’est détraqué. Elle décrit les effets destructeurs du péché sur la nature et la vie des hommes : la pauvreté, les injustices, la violence, les guerres, les maladies, les inégalités, etc. Le péché détruit l’humanité de toutes les manières possibles. Ça, c’est la condition humaine dans laquelle notre monde se trouve. La condition pécheresse, cependant, parle davantage de notre séparation d’avec Dieu à cause du même évènement : La Chute adamique. Ainsi donc, la Chute n’a pas seulement détruit l’harmonie de la création physique de Dieu dans laquelle notre humanité subsiste, mais elle a surtout créé un gouffre entre Dieu et l’homme.

Jésus, un être insensible?

En lisant attentivement les Évangiles, on observe Jésus guérir des malades et nourrir des foules, bref, on le voit faire du bien aux hommes. Mais si Jésus a fait des miracles pour soulager quelque peu notre humanité, sa mission principale n’était pas pour autant de régler les problèmes de la condition humaine. Bien qu’il aurait pu guérir tous les malades à la piscine de Bethsaida en Jean 5, il a guéri un seul paralytique, laissant le reste des estropiés sur place. Dans Jean 6, on le voit multiplier les pains et poissons pour nourrir une grande foule montrant ici qu’il avait le pouvoir de régler les problèmes de nutrition à l’échelle mondiale de son époque. Mais il ne l’a pas fait. Jésus était-il donc insensible à la misère des hommes? Certes non! L’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ n’était pas gangréné par une conception postmoderne de l’amour. Dieu nous aimé de Son amour et non du nôtre.

Gros coup de PUB

Nos églises sont en manque de bonne pub. On se dit qu’en diminuant quelque peu la place du message de la croix au profit de nos œuvres humanitaires, dites, œuvres de compassion, le message passera plus aisément ensuite, parce que plus glorieux dans cette version. Dans bien des cas, la place qu’on donne aux miracles dans l’église diminue celle du message de la croix. Ici encore, on préfère l’Évangile de la gloire à l’Évangile de la croix. Jésus serait-il d’accord avec cette idée? Voyons un peu : « 26 Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. 27 Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau. » Jean 6 :26-27

Très clairement, nous comprenons que le miracle de la multiplication des pains et poissons n’a pas ouvert les yeux de quiconque sur l’importance des réalités éternelles. Impressionnés certes, mais converti, certes non. Mais tous ont bien aimé manger du pain et des poissons. Ce miracle, si puissant fut-il n’a pas ouvert les yeux d’un seul homme présent sur son besoin de salut. Il a simplement soulagé la misère humaine des gens présents cette journée-là. Un peu plus loin dans l’Évangile de Jean Jésus ajoute ceci : « Malgré tant de miracles qu’il avait faits en leur présence, ils ne croyaient pas en lui, » Jean 12:37

Puissance de Dieu

Bien que, comme chrétiens, nous aimons l’Évangile, je crois que nous avons subtilement honte de ce même Évangile. La preuve est que nous en parlons fort peu, préférant parler de ce que nous faisons de bien pour éviter le regard désapprobateur de notre entourage. Donc, nous parlons plus de nous et moins de Jésus. La raison de ce comportement est assez simple à comprendre : nous ne croyons pas que la puissance de l’Évangile réside dans sa proclamation directe. Voilà pourquoi nous l’enrobons de nos bonnes œuvres pour lui donner un vernis plus sympathique, plus acceptable aux hommes de notre temps.

Romains 1 : 15-17 « 15 ainsi j’ai un vif désir de vous annoncer aussi l’Évangile, à vous qui êtes à Rome. 16 Car je n’ai point honte de l’Évangile : c’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, 17 parce qu’en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu’il est écrit : Le juste vivra par la foi. »

Réal Gaudreault (Pasteur)

La Bible Parle (Laval)

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