Jésus était-il sympathique?

L’évangélisation est l’art d’annoncer et de proclamer un message (l’Évangile de Jésus-Christ) à un monde qui généralement ne veut pas l’entendre. « La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. » (Jean 1 :11) Cette situation n’est pas exclusive à notre génération donc. Bien que l’Évangile est une bonne nouvelle par laquelle l’homme est sauvé de sa condition de pécheur, ce dernier n’en veut tout simplement pas. Incroyable défi, non? C’est comme travailler pour une entreprise qui vend des produits dont personne ne veut pour cause de mauvaise réputation. Eh bien, c’est exactement ce qui se passe avec l’Évangile. Eh oui, les amis, l’Évangile a mauvaise presse. En général, face à ce défi pour le moins inconfortable, les chrétiens réagissent de trois manières possibles :

  1. Ils restent entre eux (à l’église) et condamnent le monde d’être ce qu’il est, un monde méchant, pécheur et rebelle à Dieu, se répétant que, de toute manière, les gens sont fermés à l’Évangile.
  2. Ils maquillent le message et la personne de Jésus pour le rendre plus sympathique aux hommes de notre temps en tentant d’éviter les erreurs (supposées) des chrétiens des générations précédentes qui l’auraient présenté sous un angle trop austère.
  3. Ils annoncent le message de l’Évangile tel qu’il est en se disant que l’appel à la proclamation de l’Évangile est bien le leur, mais qu’à la fois, l’œuvre du salut dans le cœur d’un pécheur se fait grâce à l’action de l’Esprit de Dieu.

L’Évangile remaquillé au goût du jour

Mais d’abord, j’insiste sur le fait qu’il faut se réjouir de voir des chrétiens désireux de partager l’Évangile autour d’eux, même si la méthode utilisée ne nous semble pas toujours adéquate. Dieu n’est pas soumis aux limites de nos faibles moyens. Puis, c’est toujours plus facile de critiquer ceux qui vont de l’avant que de se relever les manches et d’y aller soi-même. Donc, tant mieux pour ceux qui se donnent la peine d’ouvrir la bouche en ces temps difficiles.

Bien comprendre la doctrine du salut est une chose, mais bien comprendre comment le pécheur se tourne vers Dieu en est une autre. À partir du moment où nous croyons que notre succès dans l’évangélisation dépend principalement de nous et de la méthode que nous utilisons, nous ne pourrons faire autrement que d’ajuster le message pour le rendre plus sympathique. Il en est ainsi parce que nous vivons dans un monde qui nous contamine sans cesse à l’idée du « politiquement correct » ou, si vous aimez mieux, l’art de rendre sympathique tout ce qui ne l’est pas.

Par définition, le « politiquement correct » est une « attitude qui conduit à adopter un lexique qui dissout la substantialité de la vérité par l’usage de formulations sans saveur. Comme la langue bois, on utilise beaucoup de mots pour en dire le moins possible. La crainte de ne pas être entendu devient plus importante que la nécessité de dire ce qui doit être entendu. La peur de heurter se transforme en peur d’être rejeté surtout dans un monde qui, comme le nôtre, préfère les humeurs à la réalité. Les locutions et mots considérés comme offensants ou péjoratifs sont remplacés par d’autres considérés comme neutres et non offensants. Le langage politiquement correct utilise abondamment l’euphémisme, les périphrases, les circonlocutions, voire les créations de mots et locutions nouvelles. » (Wikipédia)

Jésus était-il politiquement correct?

Si Jésus est l’incarnation de l’amour de Dieu, était-il aimable au sens où nous l’entendons aujourd’hui? La réponse est NON! L’amour véritable de Dieu n’a pas rendu Jésus plus sympathique dans le sens où le monde l’entend selon la règle du « politiquement correct ». Bien qu’il attirait des foules énormes autour de lui, il y avait, à la fois, un petit quelque chose chez lui qui lui attirait la haine de bien d’autres hommes aussi. Combien de fois a-t-on voulu le tuer avant que son heure ne soit venue? Il y a deux mille ans, ce n’est pas l’amour pour Jésus qui a triomphée, mais la haine de ce qu’il incarnait. J’en ai pour preuve qu’ils l’ont crucifié avec une violence telle qu’il était méconnaissable. Et pourquoi donc? « Le monde ne peut vous haïr; moi, il me hait, parce que je rends de lui le témoignage que ses œuvres sont mauvaises. » (Jean 7:7)

Se sachant haï des hommes, Jésus n’a pas tenté de retravailler le message dans une version stratégiquement plus sympathique de lui-même en vue de rejoindre les Juifs de sa génération. Pour Jésus, la vérité n’a pas besoin de « make-up » pour la rendre plus attirante. En Jésus est révélé l’amour du Père à un monde qui le déteste sans cause. La solution au projet de proclamer l’amour de Dieu n’est pas dans l’élaboration d’une stratégie de mise en marché bien réfléchie, mais en ce que « l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. » (Rom 5 :5)

Comprenons bien l’idée : le vif succès de la première génération des apôtres après la Pentecôte ne repose d’aucune manière sur une approche sympathique dans la manière d’annoncer l’Évangile. Ils annonçaient le message de l’amour de Dieu révélé en Jésus-Christ sans jamais travestir ce message par une quelconque stratégie de mise en marché qui rehausserait la qualité de sa diffusion. Si les disciples ont reçu la responsabilité d’annoncer l’Évangile, la puissance qui agit dans la conversion appartient au Seigneur, pas à eux ni à nous d’ailleurs. Voilà qui est reposant, non? De plus, les apôtres savaient que, si l’Évangile est une puissance de Dieu pour ceux qui croient, il est également porteur de réactions susceptibles d’attirer la persécution.

« Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. » (Jean 15: 18-20)

Conclusion

En disant que nous n’avons pas à rendre plus sympathique le message et la personne de Jésus-Christ, je ne dis pas pour autant que l’antipathie est préférable. Je dis simplement que l’amour de Christ versé dans nos cœurs par le Saint-Esprit n’a pas besoin de nos artifices humains pour rendre l’Évangile plus acceptable. Je me demande parfois si le recours aux méthodes d’évangélisation si populaires à notre époque n’est pas le symptôme de l’absence d’une vraie relation avec Dieu dans nos propres vies? Si ce n’est pas l’amour de Christ qui nous contraint, comment croyons-nous franchement que des méthodes vont remplacer l’absence de son amour dans nos cœurs?

Réal Gaudreault (Pasteur)

La Bible Parle (Laval)

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