Prêcher l’Évangile ou prêcher le salut?

Une des idées profondément ancrées chez les évangéliques consiste à croire que l’Évangile n’est prêché que lorsque le message du salut est annoncé.  Ayant bien compris la destinée éternelle des perdus, nous sommes hantés par cette nécessité. Cette obsession est-elle vraiment justifiée du point de l’Écriture?

L’exemple de la musique

Plus jeune, lorsque j’étais pianiste pour le groupe de musique Sous-Son-Aile, cette idée me trottait toujours dans la tête.  Si nous devions présenter un concert, il fallait le justifier en disant que son objectif serait l’évangélisation.  Je ne pouvais concevoir un concert chrétien pour le seul plaisir d’apprécier de la bonne musique.

Avez-vous déjà remarqué que Jésus ne faisait pas d’évangélisation dans le sens où nous l’entendons.   Par exemple, lors des noces de Cana, il a changé l’eau en vin, mais il n’a pas profité de l’occasion pour appeler les conviés à la repentance.  Même chose à la piscine de Bethesda alors qu’il guérit un estropié.  Il ne demande pas à tous ceux qui sont témoins de ses miracles de le suivre comme, par exemple, l’homme habité par des légions de démons.  Pourtant Jésus est le personnage historique le plus conscient de la réalité de la perdition éternelle.   En fait, Jésus semblait plus calme que nous sur cette question.   Évidemment, vous me direz que Jésus, puisqu’il est aussi Dieu, connait la finalité de toute chose et que rien ne peut le surprendre.  Bien entendu, Jésus à tout de même annoncer le salut.

Raison de plus

Je ne suis pas en train de dire de ne pas prêcher le message du salut ni même de ne pas profiter des occasions qui se présentent à nous.  L’apôtre Paul nous rappelle tout de même l’importance de proclamer ce message en temps favorable ou non, certes (2 Tim 4 : 2).  Je veux simplement montrer que prêcher l’Évangile n’implique par nécessairement de toujours ramener les auditeurs à la nouvelle naissance et la repentance.  Prêcher l’Évangile, c’est aussi parler de Dieu dans toutes les dimensions de son caractère éternel. Le salut est une excellente nouvelle pour nous, mais Dieu est beaucoup plus que le salut qu’il nous offre.

Appétit vorace

Évidemment, j’apprécie le ministère de l’évangéliste qui d’ailleurs, me semble trop souvent négligé dans nos églises.  Nous sommes obsédés par l’évangélisation sans être attentifs à ceux qui ont reçu de Dieu cet appel.  De l’évangélisation par confrontation en allant jusqu’à des approches plus « softs » nous croyons que la qualité du nombre de nouveaux membres suffit à satisfaire l’appétit vorace de nos ambitions.  Rarement les églises ont été aussi créatives qu’actuellement pour se rendre invitantes au regard de l’incroyant.

Mais il y a les moyens bibliques…

Je vous présente maintenant une idée toute simple et curieusement très efficace : elle consiste à ne pas chercher continuellement à convaincre les gens de venir à Jésus.  Je suis très sérieux.  Lorsque j’étais un jeune pasteur,  je faisais tout en mon pouvoir pour que les gens autour de moi donnent leur vie à Jésus et viennent à mon église.  Et lorsque des chrétiens amenaient des membres de leur famille à l’église, je modifiais ma prédication de façon à être certain que ces derniers ne quitteraient pas les lieux sans Jésus dans leur cœur. Je croyais alors que la vie éternelle des gens autour de moi dépendait de la clarté avec laquelle je leur annonçais l’Évangile.   Si j’en échappais un seul, c’était de ma faute.

C’est la raison pour laquelle j’organisais des spectacles, des pièces de théâtre, des déjeuners témoignage, des conférences, un comptoir alimentaire (etc) et plus encore pour attirer des gens au Seigneur. C’est au point où je ne regardais plus les gens autour de moi comme des êtres humains, mais comme des candidats au salut. Un peu comme un vendeur qui vous poursuit dans une boutique parce qu’il veut trop vous vendre quelque chose?  Eh bien, j’étais comme lui.  Que ce soit lors d’un mariage ou d’une cérémonie funéraire, j’étais toujours en mode campagne d’évangélisation et rarement, comme Jésus, en train de vivre le vrai moment présent.

Au fond de moi, je savais que ma motivation était de remplir mon église le plus possible pour que l’on puisse dire de moi que j’étais un bon pasteur.  Parce que la mesure de la réussite s’évalue malheureusement en nombre de nouveaux convertis.  Nous prétendons faire tout ça pour la seule gloire de Dieu, mais soyons honnête, nous le faisons pour une gloire bien plus éphémère, la nôtre.  Nous voulons sans doute gagner des âmes, mais nous carburons aussi à l’approbation de nos pairs.

Gros revirement

Puis un jour, alors que je célébrais un mariage, je décide de ne pas prêcher le salut, mais de parler de la beauté du mariage et de l’amour conjugal selon l’Écriture.  J’ai certainement dit le nom de Jésus une fois ou deux pendant l’homélie, mais sans plus.  Je ne voulais pas convertir les gens, mais seulement leur dire que l’homme doit aimer sa femme comme Christ aime son église.  Un message vraiment simple, sans plus.  Juste après la cérémonie, un homme est venu me voir pour me dire qu’il viendrait à l’église le lendemain, car il avait aimé le contenu de mon homélie.  Incroyable me dis-je.  J’ai tenté l’expérience à nouveau dans les mariages suivants et encore des gens venaient me parler et me poser des questions sur Dieu.

Parler de Dieu

En fait, je venais de découvrir un moyen très puissant pour attirer des gens à Jésus-Christ : leur parler de Dieu.  Non pas tenter de « closer » une vente salutaire pour eux (pour moi???), mais simplement de leur faire apprécier la grandeur, la beauté, la bonté et les merveilles de Dieu.  J’ai adapté cette approche à ma façon d’enseigner l’Écriture et j’ai clairement observé que les gens répondaient davantage à l’Évangile de cette manière.  Quand les gens m’écoutent, ils n’ont plus affaire à un vendeur, mais ils entendent une instruction sur Dieu qui risque de les interpeler davantage.  Prêcher l’Évangile n’est pas nécessairement prêcher le salut.

Réal Gaudreault

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2 Comments

  1. Que le seigneur vous fortifie d’avantage et vous dans cette œuvre iadons nous à progresser avec le seieur Jésus pour la marche dans la foi. Dieu vous bénisse!

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