L’amour divin, amour humain, deux réalités

On peut évaluer la maturité d’un croyant de bien des manières.  Or, la mesure qui est probablement la plus juste qui soit est l’amour.  On parle ici de l’amour de Dieu versé dans un cœur et qui produit un amour renouvelé, pour l’autre.  Cet amour se reconnait par le fait qu’il n’est tout simplement pas circonstanciel, c’est-à-dire qu’il n’a pas besoin d’être aimé en retour pour aimer tout de même.

On peut utiliser les mots, imiter les gestes et se donner l’esthétisme de l’amour, mais tôt ou tard, s’il n’est pas le fruit d’une révélation de l’amour de Dieu, on le verra s’effondrer, devant la haine. L’amour circonstanciel est tout aussi fragile que les circonstances capables de l’affecter durablement. L’amour de Dieu, lui, est aussi puissant et résistant que les circonstances haineuses qu’il arrive à surmonter.  Comme le montre si bien l’apôtre Jean :

« 7 Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres ; car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. 8 Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » 1 Jean 4 : 7-8

Pour une communauté chrétienne mature

Est-ce par le nombre de personnes qui fréquentent une église qu’on reconnait son niveau de maturité?  Où serait-ce par l’ordre qui y règne et la connaissance qu’on y trouve?  À moins que ce soit par l’intensité de ses activités humanitaires et missionnaires?  Mais toutes ces choses, on peut les retrouver également dans des organisations séculières.  Ce n’est pas seulement l’activité ou même l’intensité qui fait le trésor d’une église, mais l’amour de Dieu.  Cet amour n’est pas fait de la même substance que l’amour selon ce monde, car il n’est pas construit des mêmes matériaux.  Il ne s’agit pas d’un amour d’une meilleure qualité, mais d’un amour différent, un amour venu d’ailleurs.

Jean 13 : 34-35

« 34 Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. 35 A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

L’amour du monde

En lisant le texte de Jean, vous vous demanderez peut-être si l’amour est un sentiment exclusif au christianisme.  De la manière donc Jésus en parle, il semble dire que les incroyants distingueront les vrais disciples du reste des hommes par la présence de l’amour qu’ils ont les uns pour les autres.  Mais les gens de ce monde ne s’aiment-il pas aussi?  Et qu’est-ce donc que l’amitié profonde entre deux personnes, qu’est-ce que l’amour conjugal ou qu’est-ce que l’attachement profond des parents pour leurs enfants si ce n’est pas déjà un amour réel et vrai?  Il semble bien que l’amour que les disciples ont les uns pour les autres, selon Jésus, soit d’une nature suffisamment différente pour que le monde la reconnaisse comme telle.

Bien que le rapport affectif, qu’il soit conjugal, familial ou amical, est indispensable au bon développement des rapports humains, il demeure étranger à l’amour tel que Dieu le conçoit.  Il est étranger dans la mesure où il se limite au principe de la réciprocité.  J’entends ici que les rapports affectifs humains sont durables et permanents, mais conditionnels au maintien d’un échange harmonieux dans lequel chacun y reçoit sa part.  Si l’harmonie est mise à l’épreuve, la relation pourrait bien être emportée.  Les amitiés se défont aisément, les couples aussi et même les liens familiaux peuvent tourner en haine profonde.  Autant ces rapports affectueux peuvent engendrer de l’émotion positive et intense, autant ces mêmes rapports peuvent engendrer des haines profondes souvent irréparables mêmes.  L’amour humain est puissant, mais rarement capable de résister à la haine.  L’amour humain recèle un grand pouvoir de destruction.

L’amour de Dieu

L’amour de Dieu est d’une autre nature.  Non pas qu’il soit meilleur, mais plutôt qu’il est toute autre chose.  D’abord, nous le connaissons par le sacrifice de Jésus-Christ, lequel meurt pour ses ennemis. « Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. »  (Rom 5 : 10)  Nous le voyons bien dans ce texte, Dieu n’aime pas l’homme parce que ce dernier est aimable. Toute la différence est là, l’amour de Dieu n’est pas affecté par la condition de l’être aimé, fut-il même son ennemi.  C’est bien ce dont nous parle l’apôtre Jean dans le texte mentionné plus haut, non?  Il nous montre clairement que celui qui a connu l’amour de Dieu est désormais capable d’aimer à son tour de ce même amour dont il est l’objet.  Évidemment, rien n’est parfait ici-bas, même pour les chrétiens.

L’amour = dépassement

L’amour entre les humains se limite à la qualité des échanges fructueux qu’on en retire.  L’amour de Dieu dépasse de loin cette étape et va même au-delà des haines.  L’amour de Dieu est la mesure de la maturité spirituelle, car il authentifie la présence de Dieu dans la vie du chrétien.  Cet amour va bien au-delà des sentiments et des émotions humaines souvent instables, car il repose sur un Dieu qui ne CHANGE PAS.  Le chrétien rempli de l’esprit aime l’autre à partir d’un amour dont il est lui-même aimé, l’amour qui vient de Dieu.  Cet amour n’est pas de lui, mais de Dieu.  Il aime comme il est aimé.

Évangélisation

Voilà pourquoi Jésus disait à ses disciples : « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »  L’outil d’évangélisation le plus puissant qui puisse être dépend essentiellement de l’amour de Dieu en libre circulation dans la communauté des croyants.  On ne parle pas ici de manifestations émotives fabriquées artificiellement par de bonnes intentions humaines, mais de l’amour de Dieu versé dans les cœurs.  Vous souhaitez voir votre église vivre une croissance, c’est l’amour de Dieu au milieu de vous qui est l’atout le plus certain pour atteindre ce but.

« Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. »  (Romain 5 :5)

Réal Gaudreault