La lettre de Paul aux Philippiens parle de « la paix de Dieu qui surpasse toute connaissance ». Qu’il s’agisse de paix ou d’unité, il nous faut absolument comprendre que la pleine réalité des richesses de ces choses ne nous parvient pas à travers des élans de vigueur qui fluctuent selon les humeurs qui nous habitent. Si cela était, nous serions comme des épaves en haute mer que les vents et les vagues poussent de tous les côtés. Non, ces choses appartiennent d’abord au Seigneur qui nous les fait découvrir en sa fonction de médiateur.
Parlant de la fonction médiatrice de Jésus, l’auteur de la lettre aux Hébreux nous rappelle : « Et c’est pour cela qu’il est le médiateur d’une nouvelle alliance, afin que, la mort étant intervenue pour le rachat des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l’héritage éternel qui leur a été promis. » (Héb 9 : 15)
Ne cherchez pas la paix et l’unité de Dieu en vous-même, cherchez-là en celui qui vous a pleinement acquis ces richesses, Jésus le Médiateur d’une nouvelle alliance dans laquelle vous êtes inclus vous tous qui placé votre espérance en Lui. En tant que Médiateur, Jésus est notre salut, il est notre paix et il est notre unité avec le Père.
Votre propos me rappelle une certaine expérience passée qui a suscité en moi la question: «Qu’est-ce qui doit primer, l’unité ou la vérité dans l’esprit du croyant ?» Durant cette réflexion, où la direction de cette communauté sacrifia la vérité sur l’autel des “bonnes relations”, je constatai que l’enseignement biblique était sans équivoque. Les vérités bibliques doivent absolument être préservées et ce, au détriment d’un effort de préserver le “clan”. Ce dernier ne peux en aucun cas, s’élever au-dessus des vérités enseignées par l’Écriture.
Notre vision de l’unité communautaire dans un monde où la force du nombre et les solidarités de toutes sortes donne un sens humain à la réunion d’un groupe autour d’une cause, place trop souvent l’entraide mutuelle au centre voire, en fait la raison d’être de nos réunions d’églises. Le désir profond d’une appartenance et des relations humaines prend le pas sur la primauté d’une relation profondément enracinée en Christ. Cette forme d’unité, encouragée au travers divers programmes et motivée par le souci d’une bonne ambiance communautaire, fini par saper le caractère essentiel et miraculeux d’une centralité de la personne de Christ. Ce type de vie communautaire, basé sur la force du clan, fait perdre de vue la raison même de notre présence en tant que membre du Corps au profit d’un esprit corporatif (ou institutionnel) étriqué de ce qui constitue la véritable rapport du membre dans le Corps. Bon an mal an, cela produit de « bons chrétiens institutionnalisés» offrant un niveau participatif hors pair aux activités du milieu, en particulier pour les plus doués au plan sociocommunautaire, laissant derrière les adhérents les moins attrayants. Vider de la Cause primordiale qu’ils doivent servir, ces communautés deviennent des dortoirs spirituels qui adoptent des postures très discriminantes dans le choix de leurs directeurs …et de leurs orientations. Pour ceux qui recherchent les bonnes compagnies, ce sont des lieux propices à de belles relations sociales…sans plus.
««Dietrich Bonhoeffer va jusqu’à dire qu’il vaut mieux être déçu de sa communauté,et l’être même le plus tôt possible, pour éviter de cultiver quelque nostalgie ou quelque utopie que ce soit, de s’accrocher à une image idéale mais chimérique de la communauté, et pour vivre ainsi avec lucidité l’amour inconditionnel de Dieu envers chacun de ses enfants, qui qu’il soit, tel qu’il est. Celui qui préfère ses rêves fusionnels de communion humaine à la réalité devient saboteur de la communauté. La communauté n’est pas un « sanatorium spirituel ». C’est lorsque nous cessons de rêver au sujet de la communauté, qu’elle nous est donnée.Mais l’enseignement le plus paradoxal, et le plus décapant, du petit livre de Dietrich Bonhoeffer, se trouve dans cette étrange formulation : « Que celui qui ne sait pas être seul se garde de la vie communautaire, et que celui qui ne sait pas vivre en communauté se garde de la solitude. » Il s’agit tout d’abord de savoir être seul : sinon, si la motivation n’est que la crainte de la solitude, l’entrée en communauté serait une fuite envers soi-même. Il importe donc de préserver des temps de solitude, de face à face avec Dieu, au sein même de la vie communautaire. Car je réponds seul à l’appel du Seigneur, et c’est seul que je mourrai, que je franchirai le grand passage»
Jésus n’invite pas à des relations sociales mais à d’abord une relation «de tout ton cœur, de tout ton âme et de toute ta pensée» avec Lui, la Tête. Le reste viendra bien et ce, selon les meilleurs dispositions.
Seigneur, parce que la véritable unité dépend que de toi, accorde-nous ton accroissement et ta coordination ! (Col 2.19)