L’affaire Charlie Hebdo

Comment exprimer mes deux gros malaises?

Toute la journée j’ai ressenti deux gros malaises dans l’affaire de l’assassinat tragique de l’équipe du Charlie Hebdo. Évidemment, le premier malaise vient du sentiment d’horreur qui me descend jusqu’au fond des tripes devant des gestes d’une barbarie sans nom. Ces actes barbares ne sont même plus des actes attribuables à une quelconque religion, mais à la pure folie du cœur de l’homme. Donc, mettons les choses au clair dès maintenant, comme tout le monde, j’appuie sans condition tous ceux qui s’insurgent contre cette tuerie inutile.


Mais il y a mon second malaise

Tout au long de la journée, une odeur de récupération de la gauche journalistique athée en faveur d’une version tronquée de la liberté d’expression s’est aussi fait entendre. Bien entendu je suis pour la liberté d’expression, c’est-à-dire, ce droit inaliénable que possède chaque citoyen d’émettre ses opinions librement sans craindre de représailles.

Mais malheureusement, ce n’est pas cette forme légitime de liberté d’expression qui a été défendue hier, mais plutôt celle que les journalistes et les médias se donnent. Je m’explique. Hier, ce sont 12 personnes du milieu journalistique qui ont été froidement assassinées à Paris par des radicaux débiles. La faune journalistique est en état de choc parce qu’il s’agit des leurs. Ce n’est pas tant la saine liberté d’expression qui a été attaquée hier, mais celle d’une certaine forme radicale et haineuse d’un journalisme de mauvais goût. Charlie Hebdo était franchement du très mauvais journalisme et bon nombre de ses articles et caricatures étaient de nature haineuse. Mais peu importe, la solidarité médiatique tiendra le coup au point de laisser entendre que les artisans de ce journal étaient des génies de l’information.

Mais le vrai problème est toute autre chose. Ce que nous disent les journalistes depuis hier, c’est qu’il ne faut pas toucher à la liberté d’expression, celle des journalistes bien sûr. Ce qui s’est passé en France hier est d’une extrême gravité, certes, mais ce qui se passe en Irak et en Syrie est encore bien plus grave. Mais voyez-vous, ce ne sont pas des journalistes qui meurent là-bas, mais des femmes, des enfants et des pères de famille qui se disent chrétiens. Ces milliers de chrétiens se font tuer par des extrémistes tout aussi fous que ceux qui ont pénétré dans les bureaux de Charlie Hebdo hier matin. Ces chrétiens se font également tuer parce qu’ils exercent leur liberté d’expression en restant fidèles à Jésus-Christ. Mais dans leur cas, on en parle très peu car il semble bien que la valeur de leur vie n’est pas la même.

Ce à quoi nous assistons dans le psychodrame de Charlie Hebdo est une forme de journalisme sélectif au profit d’un métier, le journalisme et de sa définition de la liberté d’expression. Et croyez-moi, cette liberté d’expression à souvent le défaut d’ignorer celle des autres. Faut pas être naïf, le journalisme d’aujourd’hui est hautement idéologique.

Réal Gaudreault

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