« Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »
Le 8 novembre 1793, Mme Manon Roland monte sur l’échafaud de la place de la Révolution, renommée depuis, place de la Concorde à Paris. Une fois de plus on assiste à une exécution au nom de la liberté. Ainsi juste avant de mourir guillotinée Mme Roland aurait dit : « Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » Curieusement, les épithètes si chères aux révolutionnaires de 1789, liberté, égalité et fraternité sont reprises en boucle depuis trois siècles pour justifier la bêtise humaine. Effectivement, au nom de la liberté, on peut dire et faire n’importe quoi, voire même priver l’autre de sa liberté. Voilà ce que Mme Roland voulait dire.
C’est au nom de la liberté d’expression que l’équipe de Charlie Hebdo s’appliquait depuis des années à injurier la liberté de pensée des autres. Car pour ces nouveaux héros de la liberté, la satire, l’insulte, l’injure et la profanation contre le christianisme et l’islam étaient un droit. Abuser de son droit à la liberté d’expression est tout aussi grave que le crime qui consiste à priver des gens de ce même droit. En disant ceci, ne vous méprenez pas sur mes intentions, je suis contre toute forme de fanatisme haineux, qu’il soit religieux ou laïc. Eh oui, le fanatisme laïc et athée existe aussi et il est tout aussi détestable que le modèle religieux.
Le journaliste Arthur Dreyfus
Dans une entrevue au Téléjournal de Radio-Canada le 7 janvier, le journaliste Arthur Dreyfus déclare ceci : ” La démocratie, c’est la nuance, à nous de faire preuve de nuance, et avec la nuance on peut tout dire, on peut dire, la religion fondamentale, ça nous emmerde, on la haï, on n’en veut pas, la religion, chacun chez soi, chacun dans ces lieux de cultes, chacun croit au dieu qu’il veut, pas de problème, c’est la liberté d’expression.” (http://ici.radio-canada.ca/tele/le-telejournal-22h/2014-2015/) À la 17 min dans la vidéo)
Ça c’est la liberté d’expression???
Selon la définition de ce journaliste, la liberté d’expression ne pose pas de problème lorsque les religieux disparaissent de l’espace public. Ai-je bien compris les propos de M. Dreyfus? La nouvelle liberté d’expression consisterait donc à laisser l’incroyance occuper tout l’espace public et à forcer les croyants à se taire en ce même lieu. Ce qui revient à dire : “vous êtes libre de dire ce que vous pensez en public à la seule condition que nous, athées, soyons d’accord avec vous.” Selon Dreyfus, la liberté d’expression n’est saine qu’entre les mains des journalistes, voire même entre les mains de Charlie hebdo et de tous les bien-pensants irrévérencieux? Car pour la clique de Charlie Hebdo, tous les religieux sont des cons. Vive la liberté!!!
Un faux débat
Depuis l’attentat dans le bureau de Charlie Hebdo, les médias hurlent dans une harmonie déconcertante en répétant sans cesse que c’est une attaque contre la liberté d’expression. Je n’en suis pas du tout certain et vous constaterez avec moi dans les prochains mois que tous les journalistes continueront à s’exprimer librement et sans ménagement. Ce n’est pas le droit à la liberté d’expression qui était le fondement de Charlie Hebdo, mais l’usurpation d’un droit à la liberté d’insulter qui l’on veut. « Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » La liberté se portera très bien dans les années qui viennent, n’en douté pas.
Deux fanatismes, deux bêtises…
Le fanatisme religieux duquel se drapent ceux qui ont commis ces meurtres gratuits est monstrueux à tous points de vue. Je sympathise de tout cœur avec les familles des victimes qui vivent maintenant le drame de l’absence d’un être aimé. Non, rien ne justifie de prendre les armes en croyant faire justice à une opinion religieuse ou autre. Mais le fanatisme injurieux et haineux de Charlie hebdo aurait du aussi être dénoncé aussi par les autres médias qui prétendent protéger la liberté d’expression et d’opinion de tous les Français, pas seulement les républicains athées. En Occident, le journalisme est devenu une pratique idéologique beaucoup trop sélective.
Réal Gaudreault
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