Il est une Gloire de grande valeur qui n’est pas permise à l’homme de posséder car elle est Gloire de Dieu seule. Si Dieu promet à ses élus d’entrer un jour dans cette Gloire ineffable, d’ici là, il vaut mieux pour l’homme pécheur de s’en abstenir car sa condition actuelle ne pourra faire autrement que la corrompre pour son avantage. C’est ici que la méditation de chapitre 6 de l’Évangile de Mathieu est d’un précieux secours :
« 1 Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus; autrement, vous n’aurez point de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. 2 Lors donc que tu fais l’aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés par les hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. 3 Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, 4 afin que ton aumône se fasse en secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » Mat 6 : 1-4
C’est pourquoi la formation à la piété chrétienne implique que je sois pleinement conscient des mouvements du cœur qui m’invitent à pratiquer ma justice pour être vu des hommes. Même en voulant pratiquer ce qui est spirituellement juste et bon par l’aumône, le jeûne et la prière, je trouve en mon cœur des sources qui en corrompent le bon usage. Ainsi, bien avant que le péché veuille m’égarer dans les méandres des pires laideurs de l’immoralité, il voudra d’abord me propulser vers les hauteurs de la réussite par la séduction du surhomme adamique en vue de présenter de moi un homme meilleur que les autres hommes.
« Vous serez comme des dieux » disait le serpent à la femme en Eden. Être vu, remarqué, admiré, envié, voilà bien les mouvements du cœur de l’homme pécheur qui, même devenu chrétien, le poussent à rechercher chez l’autre une humble admiration derrière laquelle se dissimule les penchants les plus horribles de l’esprit humain. Est-il un péché bien pire que l’immoralité? Oui, la volonté de l’homme qui cherche obstinément à être le meilleur des hommes (un dieu) pour le seul motif d’être vu des hommes. La gloire qu’il en retire lui semblera d’abord comme le plus savoureux des élixirs jusqu’au jour où ce doux mélange d’extase empoisonnera les moindres fibres de son être pour faire de lui le pire des hommes.
Parce qu’il est pécheur et incliné au mal, le chrétien doit apprendre à se méfier des mouvements de son cœur qui l’attirent inexorablement à rechercher cette gloire pour lui-même. Il faut remarquer que dans ce texte qui précède la prière du Notre Père en Mathieu 6, Jésus dépouille l’homme, le prieur de cette intention malveillante. Voyons un peu :
« 5 Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. 6 Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » Mathieu 6 : 5-6
On ne pourra jamais de nous-même dompter cette nature charnelle qui recherche la Gloire des hommes, certes, mais à la fois, Jésus donne ici un truc fort simple dans son application : « entre dans ta chambre et ferme la porte. » En nous demandant de vivre les richesses de la piété dans le secret de nos chambres, loin des regards, là où toute gloire est inexistante, Jésus assassine l’intention humaine d’accaparer la gloire de Dieu.
Et puisque l’homme, même s’il est né de nouveau, ne peut par ses propres efforts faire obstacle aux mouvements qui en son cœur le pousse sans relâche à accaparer la gloire pour lui-même, Jésus propose un antidote efficace pour contrer cet élan : pratiquer les choses justes dans le secret de sa chambre. L’apprentissage qui nous est donné ici est bien plus qu’un excellent conseil, c’est un impératif qui n’a d’autre choix que d’être mit en pratique car il explicite concrètement ce qu’est la vie chrétienne qui ne saurait être autrement que selon les instructions de Jésus.
« Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Mat 28 : 20
(R.G.)
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