Généralement, on dit que la vie chrétienne consiste à marcher avec Dieu, mais il y a des moments où il faut plutôt ramer avec Dieu. C’est l’expérience que les disciples ont fait en Mathieu 14 :
“22 Aussitôt après, il obligea les disciples à monter dans la barque et à passer avant lui de l’autre côté, pendant qu’il renverrait la foule. 23 Quand il l’eut renvoyée, il monta sur la montagne, pour prier à l’écart; et, comme le soir était venu, il était là seul. » Mat 14 : 22-23
Jésus savait très bien ce jour-là qu’en obligeant ses disciples à monter dans cette barque, il les exposerait au danger d’une mer inhospitalière? Alors pourquoi prend-il ce risque? Parce qu’il y a des choses dans la vie chrétienne qui ne s’apprennent nulle part ailleurs que sur des flots d’une mer agitée. Si on acquière des savoirs théologiques dans une classe de cours avec un maître qui domine le sujet, il y a des apprentissages qu’on ne peut acquérir que dans une barque, rame à la main, assis en rang serré au milieu d’une mer battue par des vents contraires.
« 24 La barque, déjà au milieu de la mer, était battue par les flots; car le vent était contraire. 25 A la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux, marchant sur la mer. 26 Quand les disciples le virent marcher sur la mer, ils furent troublés, et dirent : C’est un fantôme ! Et, dans leur frayeur, ils poussèrent des cris.”
Oui, voir Jésus marcher sur les eaux est hautement spectaculaire mais je ne crois pas que c’est là l’élément central de cette histoire. Le Seigneur n’est pas du genre à impressionner ses apôtres en leur montrant qu’il peut marcher sur l’eau quand ça lui plaît. Le plus important est la leçon finale qu’ils allaient en tirer. C’est que quel que soient les circonstances tragiques, même en un lieu aussi inusité qu’au beau milieu d’une mer déchaînée, il veille sur eux. Une leçon qui est également vraie pour vous et moi.
“27 Jésus leur dit aussitôt : Rassurez-vous, c’est moi; n’ayez pas peur ! 28 Pierre lui répondit : Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille vers toi sur les eaux. 29 Et il dit : Viens ! Pierre sortit de la barque, et marcha sur les eaux, pour aller vers Jésus. 30 Mais, voyant que le vent était fort, il eut peur; et, comme il commençait à enfoncer, il s’écria : Seigneur, sauve-moi !“
Le Seigneur lui-même nous expose à des défis trop grands pour nous afin de nous en délivrer par son intervention qui dépasse l’entendement. Dans cette histoire, les apôtres ont appris au moins trois grandes leçons qui allaient leur servir pour le reste de leur vie :
1) Que Jésus est parfaitement souverain sur tous les évènements qui se présentent à eux puisque c’est Lui qui appelle ces évènements.
2) Qu’aucun danger si intense et inusité soit-il ne peut empêcher le Seigneur d’intervenir de manière surprenante.
3) Que pour voir Jésus en action dans nos vies, il faut quelques fois quitter la chambre haute et aller au-devant de certains risques auxquels il nous appelle.
Celui qui jamais ne quitte la terre ferme pour s’aventurer sur les flots de l’appel de Dieu sur la mer agité de ce monde ne verra jamais ce Dieu vivant et vrai. On peut passer le plus clair de notre vie chrétienne dans le confort de la chambre haute, on peut s’enfermer dans nos bouquins de théologie et lire les récits fantastiques des apôtres dans les évangiles et rester stérile quant à la vie glorieuse à laquelle nous sommes conviés. Rien ne vaut ces moments dans la barque avec Jésus où malgré la menace des vents contraires, le Prince de la vie apparaît dans toute sa gloire.
Comme Pierre dans ce moment de grande émotion ne trouve rien d’autre à dire que : « Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille vers toi sur les eaux. » il nous faut aussi des moments où nul autre que Jésus nous répond : « Viens! » En réalité, que Pierre marche sur les eaux ne fût d’aucune utilité particulière dans cette affaire sinon de vivre un truc complètement délirant. Voyez-vous, Pierre n’aurait jamais pu vivre ce moment unique dans sa vie s’il n’avait pas d’abord pris place dans la barque.
Le fait que Pierre s’enfonce dans l’eau n’est pas un drame dans cette histoire. Ce n’est pas tant un problème de manquer de foi lorsque les circonstances nous dépassent, ce qui importe est que Jésus est tout près de ceux qui place en Lui leur confiance. Pierre plus que les autres disciples à fait l’expérience de la main de Dieu qui sauve même lorsque la foi lui vint à manquer. La leçon à retenir ici est que Jésus nous accompagne même lorsque notre incrédulité l’emporte sur notre foi. En cet expérience, si Pierre a coulé c’est pour mieux être sauvé par Jésus qui lui tend sa main.
“31 Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? 32 Et ils montèrent dans la barque, et le vent cessa. 33 Ceux qui étaient dans la barque vinrent se prosterner devant Jésus, et dirent : Tu es véritablement le Fils de Dieu. » Mat 14 : 24-33
L’affirmation de Jésus : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » n’est pas tant un reproche à Pierre que le constat évidement de l’humanité fragile de l’apôtre qui est aussi la nôtre. Jésus fut-il surpris de la faible foi de Pierre. Bien sûre que non. Ce qui ressort de cet épisode est le triomphe du secours de Jésus sur l’incrédulité de son serviteur. La leçon la plus spectaculaire de cette affaire est que les disciples ont une fois de plus constater que Jésus est « véritablement le Fils de Dieu. ».
Au cœur même de nos échecs alors que nous perdons courage, en ces moments où les flots violents de la vie se liguent contre nous, il est un Dieu qui veille et dont la main n’est pas trop courte pour nous sauver. C’est dans des moments comme ceux-là que nous pouvons dire aussi : « Tu es véritablement le Fils de Dieu. »
« 16 Qui se lèvera pour moi contre les méchants ? Qui me soutiendra contre ceux qui font le mal ? 17 Si l’Éternel n’était pas mon secours, Mon âme serait bien vite dans la demeure du silence. 18 Quand je dis : Mon pied chancelle ! Ta bonté, ô Éternel ! me sert d’appui. 19 Quand les pensées s’agitent en foule au dedans de moi, Tes consolations réjouissent mon âme. » Psaume 94 : 16-19
(R.G.)
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