« Car Lui-même prend soin de vous » (1 Pie 5 : 7)

Jusqu’à tout dernièrement, quelque chose d’important m’a échappé. Comment dire? C’est que toutes les fois où j’ai traversé des moments pénibles, je priais le Seigneur de me délivrer de ce qui causait ma peine. Je croyais que pour retrouver ma paix et ma joie de vivre, Dieu devait me délivrer du souci qui venait troubler ma paix. Comme si le but de la prière était de restituer la paix que j’avais juste avant que ce trouble ne vienne la dérober. Donc ma prière ressemblait à peu près à ceci : Seigneur, enlève cette chose indésirable de ma vie, libères-moi de ce problème, écarte mes ennemis de mon chemin, etc. Vous voyez le genre?

Or, Dieu n’a jamais vraiment répondu à ce genre de requête. Était-ce un manque de foi? Avec le temps, j’en suis venu à croire que Dieu ne portait aucun intérêt à ma vie. J’ai souvent dû affronter chaque défi comme si Dieu ignorait ma peine. Souvent je me disais : à quoi bon prier si Dieu reste sourd aux cris de mon cœur? Malgré le sentiment d’incertitude qui dominait mes pensées, j’ai tout de même persévéré à prier car je me disais que tous les bons chrétiens prient, d’autant plus lorsqu’on est pasteur.

Mais dernièrement, une nouvelle lumière est apparue au milieu de cette confusion. Voilà l’affaire : ce n’est pas tant de mes soucis dont Dieu veut prendre soin, mais de moi. Autrement dit, il se peut que les problèmes et les tracas subsistent et même qu’il s’en ajoute de nouveaux car son divin regard n’est pas posé sur mes soucis mais sur moi. C’est moi que Dieu aime. Plutôt que d’attendre impatiemment la délivrance, je dois centrer mon attention sur la paix qu’il me promet.

La vie est comme ça, pleine de trucs indésirables qui viennent alourdir nos cœurs et nos esprits de ces innombrables pesanteurs dont on se passerait bien volontiers pour mieux vieillir en paix. Mais voilà, si la souffrance est inhérente à la vie de l’homme depuis la Chute (Gen 3), la paix de Dieu elle, vient consoler nos cœurs telle un baume venu d’en-haut qui fait du bien à l’âme malgré la souffrance. La souffrance demeure mais le cœur est édifié par le fruit de l’Esprit que seul Dieu peut donner à l’homme en ces jours souvent mauvais.

Même s’il est tout à fait juste d’affirmer que Dieu agit souvent sur les évènements pour protéger ses enfants (Ps 34), Son but n’est pas vraiment de tout nettoyer sur notre passage pour que jamais rien ne nous atteigne. Il veut plus encore nous fortifier au milieu de l’épreuve. C’est une bien plus grande œuvre de maturité spirituelle que d’apprendre à marcher par la foi au cœur de l’épreuve que de préférer l’éviter à tout prix. La raison à cela est fort simple comme l’affirme Paul en 2 Corinthiens 12 :

« et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ; car, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. » (2 Cor 12 : 9-10)

Même si la délivrance des tourments nous parait la meilleure des solutions, l’apôtre, en ses mots affirme le contraire. La présence, la puissance et la grâce du Christ se manifestent beaucoup plus efficacement lorsque nous persévérons dans l’épreuve que lorsque nous en cherchons la délivrance. Dans sa lettre aux Philippiens l’apôtre ajoute quelques explications très pertinentes à cet effet :

« Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. » (Phi 4 : 6-7)

Il y a donc de l’inquiétude suscitée par des besoins et des soucis mais l’apôtre ne dit pas que la prière les fera disparaitre comme par enchantement. Il affirme plutôt que la réponse de Dieu consiste à conduire le cœur angoissé de l’enfant de Dieu vers « la paix de Dieu. » Dans ce texte, la prière ne sert pas les intérêts de la délivrance mais comble l’anxiété du besoin par une paix plus grande encore que l’objet de cet état d’anxiété. L’apôtre décrit cette paix comme une paix qui « surpasse toute intelligence, et qui gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. »

Une paix de Dieu qui surpasse la hauteur même de mon besoin et mon anxiété, une paix beaucoup plus utile à mon expérience de foi que la simple délivrance qui ne pourrait faire mieux que me ramener à ma petite paix ordinaire qui ne produit en moi aucune nouvelle maturité spirituelle. L’inquiétude laisse place à la paix du cœur non parce que le besoin est absolument rencontré mais parce que Dieu dépose en mon cœur sa paix qui ne saurait me parvenir autrement que par le dépassement du trouble qui agressait ma quiétude.

C’est dans des mots semblables que l’apôtre Pierre aborde la question de soucis dans sa première lettre en disant : « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous. » (1 Pi 5 : 7)

Ici, Dieu ne s’engage pas à prendre soin des soucis car en ces choses, il y a plus précieux à ses yeux que mes soucis. Voilà pourquoi nous dit l’apôtre, Dieu préfère de loin prendre soin de moi. Pour ce qui concerne mes soucis, je les abandonne aux pieds du Seigneur à qui revient le juste jugement et la décision finale quant à leur finalité. De toute manière, que se soit en cette vie ou dans l’éternelle vie qui m’est promise, je serais tôt ou tard délivré de cette condition de souffrance.

(R.G.)

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