Qui de nous n’a pas honte de ses échecs? En tout cas, qui serait assez cinglé pour crier haut et fort en pleine rue et avec joie que sa vie est une lamentable ruine? Et pourtant, c’est bien ce qui est arrivé à une femme samaritaine qui venait de croiser Jésus vers l’heure du midi près d’un puits[1]. Cette femme avait eu 5 maris et un concubin ce qui, manifestement, la rendait odieuses aux yeux des gens de son village. Sa rencontre avec Jésus aurait très bien pu mal se passer, mais voilà qu’au contraire, ce fut une occasion de salut sans précédent pour elle et tous les habitants des lieux.
L’humilité précède la gloire
Que s’est-il passé à ce puits? Cette femme a fait ce que la plupart des gens ne font pas : elle s’est montrée telle qu’elle est vraiment. Nous sommes tous prêts à reconnaître notre état de pécheur sans pour autant admettre que nous en sommes les uniques responsables, voilà tout le problème. Ce n’est pas le péché des autres qui fait de nous un pécheur, mais notre propre péché. Dans la plupart des cas, nous cherchons un bouc émissaire sur qui rejeter la responsabilité de nos échecs. C’est bien plus facile et bien moins humiliant. Puisque les gens qui nous environnent sont également des pécheurs, il est tellement facile de leur faire partager le poids de notre culpabilité, n’est-ce pas?
On peut bien passer sa vie à se cacher derrière la faiblesse des gens autour de nous que ça ne nous aidera jamais à trouver la paix. Certains chrétiens vont même jusqu’à innocenter leur conduite par l’usage de passages bibliques qui atténuent la gravité de leur geste. À la limite, on peut même aussi adopter une approche théologique plus libérale qui justifie une attitude et une pratique contraire à l’écriture. Eh oui, lorsqu’il s’agit de résister à Dieu, nous sommes ingénieux à ce point-là.
Et puis après?
Il faut cependant savoir que même si cette mauvaise habitude nous protège de l’humiliation, elle nous conduira tôt ou tard au désespoir. Apprendre à reconnaître ses fautes, les confesser à Dieu et demander pardon aux personnes que nous avons blessées est bel et bien le meilleur des chemins vers la paix et la tranquillité d’esprit. À l’inverse, ceux qui se cachent et résistent en accusant les autres aggravent dans bien des cas l’état de leur santé mentale. Au fond, le plus difficile n’est pas de se reconnaître pêcheur devant Dieu, mais de savoir aussi l’admettre devant les hommes. Qui veut paraître faible et vulnérable devant ses proches?
Notre santé spirituelle ne dépend pas vraiment des savoirs théologiques bien maitrisés, mais de l’humilité qui nous caractérise comme croyant. Le psalmiste montre bien que rien de bon n’attend celui qui cache son péché.
« 3 Tant que je me suis tu, mes os se consumaient, je gémissais toute la journée; 4 Car nuit et jour ta main s’appesantissait sur moi, ma vigueur n’était plus que sécheresse, comme celle de l’été. 5 Je t’ai fait connaître mon péché, je n’ai pas caché mon iniquité; j’ai dit : j’avouerai mes transgressions à l’Éternel ! Et tu as effacé la peine de mon péché.[2]»
Un vrai bon témoignage
Les gens autour de vous n’ont pas besoin de voir à quel point vous êtes un bon chrétien pour être attirés à Jésus-Christ. Ce n’est pas votre bonté ou votre piété personnelle qui les touchera, mais la manière avec laquelle ils découvriront votre humilité face à vos échecs. Ce témoignage parle beaucoup plus fort, car il oriente les gens vers la bonté de Dieu et non la vôtre.
« 28 Alors la femme, ayant laissé sa cruche, s’en alla dans la ville, et dit aux gens, venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait; ne serait-ce point le Christ ? 30 Ils sortirent de la ville, et ils vinrent vers lui. »
L’impact positif que cette femme samaritaine a eu sur tous ceux qui la méprisaient dans son village n’est pas dû à sa grande sainteté, mais à l’amour transformateur de Jésus. Visiblement, cette femme n’était plus la même personne et c’est ce qu’ils ont d’abord remarqué. En leur témoignant avec empressement la joie qu’elle ressentait parce que Jésus lui avait dévoilé son péché, elle ouvrait une porte de grâce à tous ceux qui avaient aussi besoin de cette bonne nouvelle.
« 39 Plusieurs Samaritains de cette ville crurent en Jésus à cause de cette déclaration formelle de la femme : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. 40 Aussi, quand les Samaritains vinrent le trouver, ils le prièrent de rester auprès d’eux. Et il resta là deux jours. 41 Un beaucoup plus grand nombre crurent à cause de sa parole; 42 et ils disaient à la femme : ce n’est plus à cause de ce que tu as dit que nous croyons; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. »
Réal Gaudreault
[1] Jean 4
[2] Psaume 32 : 4-5
«Un beaucoup plus grand nombre crurent à cause de sa parole»
Ce qui est particulier, c’est que de nos jours le gens lisent la parole de moins en moins. Ils sont trop occupés ailleurs. Et pourtant, c’est elle qui nourrit notre foi, notre âme.
Je trouve particulièrement rafraîchissant d’entendre que l’impact de notre témoignage pour l’évangile ne repose pas sur nos propres comportements. Quand on entend tous les discours sur les ″bonnes actions″ chrétiennes (morales, humanitaires, politiques etc.) qui peuvent faire la différence entre l’intérêt ou non des gens à s’approcher de l’évangile, cela semble contradictoire. Il ne s’agit ici d’encourager les ″mauvaises actions″ ou encore moins, de les laisser courir. C’est plutôt un rappel du fait que peu importe nos fautes (alors que nous nous exprimons au meilleur de nos connaissances et de nos actions), le témoignage de Dieu auprès des hommes, prend sa source dans le miracle. Le miracle de son omnipotence. C’est ma compréhension aujourd’hui, en fait, il y a longtemps que le Seigneur m’en a convaincu; je m’explique. Comme pour la conversion, cela n’est pas le résultat foncièrement de quelques moyens ou efforts humains (bien qu’ils puissent intervenir, conçu et préparer par la seule volonté divine, en orientant les pensées humaines à un moment ou un autre du processus), mais de la seule décision du Seigneur de toucher les cœurs. Nous pouvons participer (par la puissance qu’il nous accorde ou non) à exposer, communiquer ou favoriser les instructions du Seigneur; mais pour ce qui est de convaincre le pécheur et l’amener à la repentance, cela demeure une prérogative de Dieu et de son Esprit. Touchant le témoignage du chrétien, si le Seigneur avait voulu faire reposer sa réputation sur le témoignage des hommes, il n’aurait pas déclaré: « Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous, et parce qu’il n’avait pas besoin qu’on lui rendît témoignage d’aucun homme; car il savait lui-même ce qui était dans l’homme » Jean 2.24 Comme dans beaucoup d’autres passages, pour ce qui concerne le plan de Dieu, l’homme n’a jamais été indispensable. Dieu se suffit à lui-même.
De tout temps, le peuple de Dieu (nous incluant tous, olivier naturel ou non) a fait et dit des choses abominables au nom du Dieu biblique. Des choses qui n’avaient rien à voir avec la nature même du Créateur. Au nom d’institutions religieuses (protestantes inclues), des propos et des gestes impies ont été posés. Jésus s’adressait aux pharisiens qui l’outrageait et à la fois se réclamait fils héritiers des patriarches (Jean 8): « vous avez pour père le diable ». Ajoutant l’insulte à l’injure (de leur point de vue), il les traitait du même souffle de meurtriers et de menteurs.
Si cela se trouve, nous sommes de même nature que ces derniers (si ce n’est par nos actes, c’est du moins en pensées que nous le somme; devant Dieu, c’est tout aussi répréhensible dit Jésus Math 5)…non ? Si vous n’en êtes pas convaincu, l’Esprit vous en convaincra à la lecture de Rom 3. Dans cette optique, l’introduction de votre réflexion M Gaudreault est tout à fait pertinente: « (…) ce qui manifestement, la rendait odieuses aux yeux des gens de son village » Cette femme ″odieuse″ n’est-elle pas l’allégorie de ce que nous sommes devant notre Maître ? Ce que nous dit l’Écriture, c’est que nous sommes tous comme cette femme devant le Dieu trois fois Saint : odieux. Pourquoi choisirait-il de telles personnes ? C’est ce que l’épître aux Corinthiens nous explique :
Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; 28 et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu.
C’est aussi pourquoi le témoignage des hommes ne reposent pas sur ses propres capacités ou mérites.
Comme pour tout ce qui concerne la marche authentique du chrétien, ARRÊTER, CHERCHER, RECONNAÎTRE (le Seigneur, nos fautes etc), nécessite que cela nous soit RÉVÉLÉ pour que cela ait une pleine efficacité dans nos vies. Le terme «déclaration formelle» (du gr. martureo) dans ce passage, n’est pas fortuit.
Plusieurs Samaritains de cette ville crurent en Jésus à cause de cette déclaration formelle [martureo] de la femme : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. v.39
L’auteur (inspiré, faut-il le rappeler), selon ce qu’on sait de l’étymologie du mot [martureo], met l’accent sur le caractère miraculeux de la rencontre de cette femme et de Jésus.
[martureo] : être un témoin, porter témoignage, c.à.d affirmer ce que l’on a vu ou entendu ou expérimenté, ou ce que l’on connaît par ce qui nous est dit par révélation ou inspiration divine
Elle porte en elle un témoignage qui « atteste » (autre sens de [martureo] ) la puissance lumineuse que Jésus lui a communiqué au moment même de leur échange en mettant la lumière sur son histoire personnelle (« il m’a dit ce que j’ai fais »). Ce n’est pas elle qui convainc comme la lumière du Christ dont elle a été témoin et qui se manifeste au travers elle (pécheresse des pécheresses aux yeux de ses congénères). N’est-ce pas aussi ce que Jésus déclare dans ce passage de l’év. de Jean ? : Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière(Jésus), afin que vous soyez des enfants de lumière
En lisant Mme Poirier dans son commentaire, lorsqu’elle écrit : « Ils sont trop occupés ailleurs » (parlant de notre style de vie effrénée), j’estime qu’elle touche précisément à ce qui fait courir plusieurs d’entre nous à leur perte. C’est effectivement une époque qui a fragilisé notre attachement au Dieu souverain.
ARRÊTER… CHERCHER… RECONNAÎTRE…S’HUMILIER
Prions qu’Il en révèle l’importance à son peuple ! Nous pourrions être étonnés par ce qu’il fera.
CB