L’intrigante Lise Payette (l’affaire Claude Jutras)

C’est maintenant connu, Claude Jutras avait une affection particulière pour les jeunes hommes.  C’est par ces mots que certains de ses proches ont décrit son comportement.  C’est là une expression bien choisie qui rend plus élégant le fait que  Jutras était en fait un pédophile.  Mais cela, il ne fallait pas le dire ainsi parce que, dit-on, Jutras était un esprit créateur, un grand génie du cinéma québécois.  Et quand on est un artiste, on n’est plus de la même race que le petit monde ordinaire.

Habituellement, les gens du milieu artistique et médiatique n’hésitent pas à cracher leur venin accusateur sur ces agresseurs d’enfants, et pour cause. Tous les hommes issus des milieux politiques, sportifs et religieux qui ont été un jour soupçonnés ou accusés de délit sexuel allant de la grossière indécence jusqu’au viol d’enfant ont subi les foudres instantanées du plus grand nombre.  Mais quand c’est un artisssss!  Mais oui parce que les grands artistes aiment croire qu’ils jouissent d’une immunité qui permet d’excuser tous leurs petits caprices.  Ce qui est un crime pour les uns devient un art entre leur main.

L’un des leurs

Mais lorsqu’il s’agit de l’un des leurs, alors là ça change tout. Bien que la très grande majorité de ceux (artistes, journalistes, politiciens) qui ont commenté publiquement cette affaire a clairement exprimé son dégout, il en reste quelques-uns comme Mme Lise Payette qui elle, défend son ami.

Soit dit en passant, je comprends la nature des liens affectifs qui unit des gens, même dans les pires malheurs. Je comprends fort bien que tous les amis de Claude Jutras ne regardent pas le cinéaste du même œil que nous qui ne le connaissions pas intimement.  Pour nous, Jutras est aujourd’hui un sale type, pour eux, il était l’un des leurs.  Au cours de leurs carrières, ils ont travaillé avec lui, ils ont créé avec lui, ils ont échoué avec lui, ils ont rigolé et ils ont pleuré avec lui.  Bref, c’était leur ami, probablement un vrai ami, j’en suis certain.

Le piège affectif

Cependant, les propos de Mme Payette sont franchement désolants. Le journal Le Devoir aurait dû éviter d’exposer cette noble dame à l’envie de défendre son ami à tout prix par des arguments plutôt embarrassants.  Malgré l’amitié, on ne peut pas défendre l’indéfendable.  C’est ce que j’appelle le piège affectif ; comme un opium qui élève l’amitié au rang où tout devient soudainement acceptable et excusable dans la plus parfaite des complaisances.  Une amitié qui rend aveugle n’est plus de l’amitié, mais une forme viscérale de complicité dans la bêtise.  Voici un court extrait des propose de Mme Payette :

Pas question pour moi d’une exécution sommaire à l’aube pour quelqu’un d’aussi intelligent que Claude Jutra, qui, atteint de la maladie d’Alzheimer alors qu’il était dans la cinquantaine, a choisi le suicide plutôt que le sort que cette maladie lui réservait. Il a sauté du haut du Pont Jacques-Cartier, seul dans le froid.[1]

Certainement Claude Jutras était un grand malade souffrant des maux qui abaissent beaucoup d’hommes au niveau des pires ignominies. Je ne reproche pas à Lise Payette de ne pas se joindre au mouvement de crucifixion, je lui reproche plutôt de ne pas garder pour elle les sentiments troubles que cette affaire lui apporte.  Car, si Jutras n’eut été son ami, elle l’aurait durement jugé comme elle a souvent jugé, dans sa longue carrière, tous ceux qui se sont comportés de la sorte.  Biens sûr, je crois que l’on peu aimer une personne malgré ses égarements.  Or, dans de ce genre de chose, la discrétion à bien meilleur goût.

Lorsque l’affection nous tient par les …

Le milieu artistique est souvent condescendant lorsque l’un des siens tombe. Dans l’affaire Joël Legendre, nombreux sont ceux qui ont combattu pour réhabiliter la carrière de leur ami.  Ils ont tout dit ce qui pouvait être dit pour réduire à l’insignifiance le geste de grossière indécence de Legendre parce qu’il ne supportaient pas qu’une telle chose arrive à l’un des leurs.  Tous les talkshows se sont fait un point d’honneur de l’inviter en vue de l’aider à se refaire une image sympathique auprès du public naïf qui se nourrit de l’avis de ses artistes favoris.  Jamais ils n’auraient été aussi actifs pour défendre quelqu’un hors de leur milieu.

Indignation à géométrie variable

Le nom de Claude Jutras sera bientôt rayé de tous les lieux où il apparaissait. Comme c’est facile pour les politiciens de joindre harmonieusement leurs voix pour faire disparaitre la mémoire d’un mort.  Un mort, c’est pas très redoutable.  Comme il est facile pour le plus grand nombre de manifester de l’indignation pour les gestes inadmissibles de Jutras maintenant qu’il n’est plus de ce monde, mais si ce dernier était encore vivant, tiendrait-ils le même discours?  J’ai bien peur que l’indignation, comme bien d’autres choses d’ailleurs, ne soit rien de plus qu’une émotion à géométrie variable.  Comme quoi l’objectivité et la liberté de pensée sont des valeurs bien illusoires en ce monde.

Réal Gaudreault

[1] http://www.ledevoir.com/politique/quebec/463372/claude-jutra-etait-mon-ami

 

 

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3 Comments

  1. il y a de gestes qui ne passent pas,Joel Legendre entre autres.Tu as peut trouver des personnes et des amis pour t’aider a gerer ta crise,C’est une excuse ridicule,quand tu commets un geste,tu sais ce que tu fait,faire avaler un gros poisson au public,faut etre cave.Tu resumes la pensée de la majorité.Des gars comme toi ca doit etre la .parce que il y a une morale a respecter.Bravo

  2. Et maintenant Jacques Languirant ce grand «penseur» qui lui n’est pas mort mais souffre d’Alzheimer…J’en connais qui l’idéalisaient, ils doivent être déçus.

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