Un chrétien peut-il ressentir des angoisses?

Vous a-t-on déjà dit que puisque vous êtes un chrétien vous ne devriez pas exprimer des émotions telles que la peur, l’angoisse, voire même la colère? Vous-t-on déjà dit que même devant l’éventualité de la mort, vous devriez être plein d’assurance et de confiance comme si c’était là une mince affaire parce que vous allez rejoindre le Seigneur? Il est vrai que pour le chrétien les épreuves et la souffrance ont quelque chose de spirituellement pédagogique dans la mesure où elles produisent la persévérance et l’espérance (Rom 5 : 3-5). Certes, mais est-ce que cela veut dire que les émotions toutes humaines que l’on ressent lorsque les choses vont mal sont des attitudes charnelles.  

Mais puisque nous sommes chrétiens, nous sommes censés traverser les moments d’épreuves avec la virilité d’une foi sans failles. Comme si au moment de l’épreuve il y avait une valeur divine ajoutée qui diminuait les effets de la souffrance. Certes, le Seigneur est là avec nous au cœur de nos épreuves et sa grâce ne manque pas de nous encourager à persévérer malgré la souffrance endurée. Mais cette présence de Dieu n’empêche pas nécessairement la douleur de faire son œuvre.

Jésus a souffert

« Il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à éprouver de la frayeur et des angoisses. Il leur dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort; restez ici, et veillez. » Marc 14 : 33-34

Frayeur : “Ekthambeo” = terreur, ce dit de celui qui se sent terrorisé

Angoisses : “Ademoneo” = grande détresse ou angoisse, dépression

Devant l’évidence de la croix qui arrivait, nous voyons Jésus saisi de frayeur et d’angoisse. Mais de quoi Jésus a-t-il eu peur? Puisqu’il est Dieu, il aurait pu se montrer fort devant la mort et cacher les effets douloureux de sa souffrance. Craignait-il la douleur physique, la séparation d’avec son Père, le poids du péché de l’humanité, la mort elle-même? Peu importe, une chose est certaine, il ne jouait pas la comédie. Il n’a pas fait semblant de souffrir pour se montrer solidaire des souffrances du genre humain. La mort et la souffrance qu’elle engendre recèlent quelque chose d’absolument terrifiant, et ce même pour le juste, car rien dans la vie n’est plus triste que la mort et la souffrance qui la devance.  

Bien que Jésus savait qu’il allait ressusciter d’entre les morts, et qu’en toutes ces choses sa joie serait parfaite, il ne pouvait pas ignorer l’épouvantable réalité des souffrances associées la mort, car faut-il se le rappeler, il s’est fait homme dans un corps humain. Même s’il le Christ fut sans péché, il a exprimé toute la palette des émotions humaines allant de l’angoisse, la peur, la tristesse et même la colère. A-t-il péché en ces choses, certes non. Une chose reste certaine, Jésus a pleinement habité un corps d’homme s’associant entièrement à la réalité de la souffrance humaine.

Qui aime souffrir?

Voilà pourquoi vous et moi qui sommes chrétiens n’avons pas à sublimer la mort comme si elle était peu de chose. Si l’idée de mourir vous effraie, vous êtes une personne normale, bien que chrétien, vous êtes un humain. Et gloire à Dieu car il est venu sauver des pécheurs humains.

Réal Gaudreault (pasteur)

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2 Comments

  1. «Dieu ne nous reproche pas d’exprimer honnêtement notre désarroi, notre sentiment d’impuissance et de donner libre cours à nos plaintes. Il est impossible de lire le chapitre 3 (de Job) sans se rappeler que Dieu reprendra les consolateurs fâcheux, mais il reconnaîtra que Job a toujours parlé avec droiture (42.7).
    (…) il est de loin préférable de reconnaître notre désespoir avec franchise et d’avouer nos interrogations, plutôt que des étouffer et d’afficher une piété hypocrite. De toute manière, Dieu connaît nos pensées.»
    Jusques à quand? De Donald A. Carson

    Vivons notre humanité mais non sans Sa sublime présence et nous vivrons nos émotions et tous les sentiments humains enveloppés du baume de son Esprit.

    «Jésus pleura» Jean 11.35 …et moi de même.
    «Car ainsi dit celui qui est haut élevé et exalté, qui habite l’éternité, et duquel le nom est le Saint : J’habite le lieu haut élevé et saint, et avec celui qui est abattu et d’un esprit contrit, pour revivifier l’esprit de ceux qui sont contrits, et pour revivifier le cœur de ceux qui sont abattus.» Esaïe 57.15

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