Qui est le Pharisien sinon un Publicain qui s’ignore

Ce qui distingue le Pharisien du Publicain en Luc 18 n’est pas qu’il est croyant et l’autre non car on les aperçoit tous les deux présents devant Dieu dans le Temple. Ce qui les distingue repose sur un autre axe : la réussite et l’échec. Le publicain est l’homme de la faillite spirituelle et le Pharisien est l’homme qui vit dans l’illusion de la réussite spirituelle.

Comme le rappelle Bonhoeffer dans son Éthique, le Pharisien n’est pas un personnage essentiellement historique, c’est une attitude, une disposition du cœur qui entraine un croyant à vivre sa foi à travers le regard désapprobateur qu’il pose sur l’autre. Pour lui, la justice et la réussite n’ont de mesure que l’observation de l’échec du publicain qui se frappe la poitrine en disant : « O Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur. » (Luc 18 : 13)

Bien que la réalité de ces deux hommes laisse croire qu’ils sont différents l’un de l’autre, dans les faits, ils appartiennent tous les deux au même paradigme : si le péché du Publicain le conduit au désastre moral, le péché du Pharisien le conduit à une autre laideurs : le mépris hautain de l’homme qui se croit parvenu. Le Pharisien se voit comme celui qui sait mieux, qui voit mieux et qui comprend mieux, voilà pourquoi il se voit comme le conducteur légitime de l’aveugle et l’ignorant. En parlant d’eux Jésus disait: “Laissez-les : ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles; si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans une fosse.” (Mat 15: 14).

Qu’est-ce qu’un Publicain sinon un Pharisien pour qui rien ne va plus spirituellement. Et qu’est-ce qu’un Pharisien sinon un Publicain qui se porte de mieux en mieux spirituellement. La vie chrétienne est une surprenante joute entre ces deux pôles envahissants. D’un côté comme de l’autre, on ne trouve rien de très lumineux. Si le Publicain est un pécheur dominé par ses passions dévorantes, le Pharisien est un pécheur dominé par l’immaturité et l’aveuglement de sa condition pécheresse.

Voici les mots par lesquels Jésus conclu cet épisode : « Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l’autre. Car quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. » (Luc 18 : 14)

Conclusion

Il y a dans la prétention de l’élévation du Pharisien une déviation qui est de loin plus pernicieuse que l’abaissement du Publicain. Ce n’est pas l’équilibre entre ces deux pôles qui est rechercher, mais l’humilité de celui pour qui la grâce de Dieu est l’unique réconfort. Sinon, qui est le Pharisien sinon un Publicain qui s’ignore.

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