En ces temps de bouleversements sociaux où les églises locales sont confrontées aux nombreux défis qu’amène l’hyper-modernité, ajoutons à cela le problème des chrétiens qui choisissent de vivre leur foi hors de l’église locale. Pourquoi pas? Nous vivons bien dans un monde où les médias sociaux, les bidules intelligents et les textos ont surdimensionné notre besoin compulsif de réagir et communiquer sans être obligé d’interagir avec les gens en personne. Alors, pourquoi ne pas aussi aimer les frères et les sœurs à distance, c’est peut-être plus simple après tout, non? Tout ça parce que les églises ne seraient pas à la hauteur des exigences que chacun croit nécessaires à son bonheur spirituel, personnel.
Reconnaissons tout de même que les églises traversent actuellement une période de bouleversements qui refroidissent l’ardeur de bien des chrétiens. Les questions qu’amènent les nouveaux défis sont réelles et importantes. Par exemple, comment ajuster l’esthétisme de nos églises (le culte du dimanche par exemple) aux nécessités technologiques du 3e millénaire sans trahir l’esprit de l’Évangile et sans diluer la valeur théologique de son message? Aussi, comment réussir la gestion des transitions pastorales nécessaires à la survie des églises sans trop disloquer leur structure? Et encore, comment arrive-t-on à maintenir l’harmonie générationnelle dans nos églises si ceux qui les dirigent n’ont de projets que pour l’épanouissement spirituel de la jeune génération?
Ah, le fameux modèle apostolique…
Je sais qu’on peut être victimes des maladresses des pasteurs et des anciens et que, dans bien des cas, ces derniers ne sont pas toujours les plus humbles à le reconnaître. Je sais aussi que des tensions et des divisions minent le développement de beaucoup d’églises au point de décourager d’honnêtes chrétiens à persévérer. Bref, ce ne sont pas les problèmes qui manquent. Voilà pourquoi la tentation de se convaincre qu’on peut appartenir à l’Église universelle de Jésus-Christ parce que les églises locales ne sont pas à la hauteur devient une option envisageable. Mais c’est une erreur, car rien dans l’Écriture ne justifie pour autant cette option, au contraire.
Le fantasme du retour au modèle de l’Église des temps apostoliques est aussi une utopie distrayante, mais qui dans les faits ne résout rien. Prétendre que l’église des apôtres était plus pieusement ordonnée que les églises d’aujourd’hui est faux dans la mesure où une lecture attentive du livre des Actes et des lettres pauliniennes suffit à prouver le contraire. Si vous voulez savoir à quoi ressemblaient les églises apostoliques, lisez votre Bible et ensuite, comparez-les aux églises actuelles et vous constaterez que les problématiques sont sensiblement les mêmes. L’apôtre Paul disait : « Et, sans parler d’autres choses, je suis assiégé chaque jour par les soucis que me donnent toutes les Églises.[1]»
Évidemment, ceux qui de nos jours résistent à se joindre à une église locale vous diront que leurs raisons sont justifiables : les pasteurs sont des mauvais bergers, ils exploitent et manipulent à leur avantage leurs membres, ils n’enseignement pas vraiment les vérités bibliques, etc. Bien que ce genre d’écart de conduite est effectivement observable dans certains milieux chrétiens, la plupart des églises n’adoptent pas ces comportements honteux. Et ceux qui résistent à se joindre à une église locale le savent très bien, mais préfèrent entretenir l’odeur du mensonge qui leur permet de rester esclaves de leur rébellion. Pour eux, l’église n’a pas besoin de structure ni d’autorité et rien ni personne ne doit la diriger. Mais voilà, l’Écriture affirme nettement l’inverse.
Universelle ou locale?
Selon le Nouveau Testament l’Église ne se présente pas sous deux versions, l’une qui serait universelle et vraie et l’autre, moins nécessaire qui serait locale. Il existe une seule Église qui se présente à la fois dans sa dimension universelle et dans sa dimension locale. Lorsque Dieu observe son église (universelle), elle est pure et sans tache, elle est de tous les âges, de tous les peuples et de toutes langues. Mais Dieu la voit aussi dans sa dimension locale et terrestre, c’est-à-dire là où des pécheurs rachetés se rassemblent pour adorer son Fils J-C. C’est pourquoi un chrétien ne peut pas décider d’appartenir seulement à l’église universelle au mépris de l’église locale. Ce n’est pas en vain si le livre des Proverbes déclare : ” Celui qui se tient à l’écart cherche ce qui lui plaît, Il s’irrite contre tout ce qui est sage.[2]“. Le NT est entièrement construit sur l’idée que Dieu œuvre sur Terre s’opère essentiellement par le biais des églises locales.
Un jugement dangereux
Mépriser les chrétiens et juger les églises locales est un jugement qui juge l’œuvre que Dieu fait au milieu de son église. Je le répète, ceux qui se placent au-dessus des églises locales pour les mépriser et publier tout le mal qu’ils en pensent prononcent un jugement contre eux-mêmes, car agissant de la sorte, ils jugent ceux que Christ s’est acquis au prix de son sang et qui plus est, méprise par le fait même le Corps de Christ[3] »
Conclusion
Je sais qu’il est parfois difficile de rester fidèle à une église surtout lorsqu’elle n’est pas appuyée sur une saine théologie et que sa gestion laisse à désirer. Que dire également de ces églises qui macèrent dans un bouillon conflictuel sans fin et qui au lieu d’être des havres de paix et de grâce s’avèrent être des lieux d’asservissement. Rien ne vous oblige à y demeurer, vous avez en Jésus Christ la liberté de chercher ailleurs une église fidèle à l’Écriture.
Avoir une église c’est participer à la bénédiction de Dieu en étant soi-même une bénédiction pour les autres. Avoir une église nous confronte à la nécessité de se pardonner mutuellement, de se supporter les uns les autres et d’être là avec ceux qui souffrent. Une église est un lieu unique sur Terre où Dieu se rencontre avec les siens, “c’est là qu’il envoie sa bénédiction.[4]“C’est d’ailleurs à l’amour que nous aurons les uns pour les autres que le monde verra que nous sommes des disciples de J-C.[5] Bref, c’est par l’église que Dieu instruit les autorités dans les lieux célestes quant à sa sagesse dans l’œuvre salutaire de l’homme. ” 10 afin que les dominations et les autorités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui par l’Église la sagesse infiniment variée de Dieu,11 selon le dessein éternel qu’il a mis à exécution par Jésus-Christ notre Seigneur,[6]”
Réal Gaudreault (Pasteur sénior)
La Bible Parle (Laval)
[1] 2 Corinthiens 11 : 28
[2] Proverbes 18 : 1
[3] Éphésiens 4 : 1-16
[4] Psaume 133
[5] Jean 13 : 34-35
[6] Éphésiens 3 : 10-11
« Je veux louer le Seigneur de tout mon cœur parmi les fidèles assemblés. Les actions du Seigneur sont grandiose: ceux qui les apprécient en font tous
l’expérience. Splendeur et majesté distinguent ses actes. Il est pour toujours fidèle à lui-même. Il veut que l’on commémore ses merveilles. Le Seigneur est
Bienveillant et compatissant, Il assure l’existence de ses fidèles et se souvient toujours de sa promesse. »
Psaume 111: v. 1-5