Nous sommes tous un peu cinglés

Le plus gros problème d’un homme n’est pas tellement de savoir s’il est cinglé, mais plutôt s’il en est pleinement conscient. Voilà qui faisait dire au roi David :” Qui connaît ses égarements ? Pardonne-moi ceux que j’ignore.[1]”  Or, celui qui n’ignore pas sa propre folie est déjà moins fou que celui qui n’en sait rien.  Malheureusement, si nous résistons à reconnaitre notre propre folie, nous en sommes nous-mêmes les premières victimes.  Ensuite, c’est l’entourage qui subit les effets malfaisants de nos bêtises inavouées.  Avec le temps, un grand vide s’installe autour de nous, les gens, même les amis nous évitent.

C’est pire que ce l’on pense

La Parole de Dieu déclare que l’homme est pécheur par nature bien avant de produire les fruits désastreux qui s’attachent à cette nature. Ce ne sont pas nos faiblesses qui font de nous des pécheurs, mais c’est parce que nous sommes d’abord pécheurs que la faiblesse humaine nous atteint.  Le vrai problème ne réside même pas dans la quantité de bêtises que nous faisons, mais dans la profondeur de l’état pécheur dans lequel nous sommes.  Mais voilà, reconnaitre la véracité même de notre état pécheur est déjà en soi une attitude lumineuse qui conduit à la vraie solution.  On ne vaincra jamais la culpabilité qui nous ronge par le dénie, mais par l’aveu de notre condition de pécheur.  Autrement la culpabilité nous détruit.

Il n’y a rien à faire avec moi!

La plupart des gens vivent leur culpabilité dans le plus grand secret. Il y a généralement trois voies qui s’offrent à ceux qui veulent s’affranchir de la culpabilité.  D’abord, la recherche d’un bouc émissaire sur lequel on puisse transférer notre faute.  Ensuite, il y a des thérapies qui aident à mieux gérer les effets perturbateurs de cette condition.  Enfin, on peut aussi geler l’émotion destructrice de la culpabilité par le divertissement.  Or, ces trois avenues présentent la même solution : la fuite du réel.  Si la thérapie ne cherche qu’à dissiper les effets de la culpabilité en amoindrissant la faute, le soulagement sera de courte de durée, car il ne règlera pas les effets primaires de cette condition.  Le divertissement n’est rien de plus qu’un moment d’attention sur un ailleurs temporairement plus heureux.  Et accuser les autres, rien de plus facile.

La fuite du réel???

Est-il possible d’imaginer que nous soyons tout simplement coupables? J’entends par là que nous sommes coupables de toute façon, et ce même si aucun évènement factuel n’en est directement la cause. Autrement dit, nous sommes coupables parce qu’une cause plus grave que les bêtises visibles est la véritable source du problème. Ce ne sont pas les quelques éclats de folie que nous commettons ici et là qui sont la cause de notre culpabilité profonde. En fait, ces éclats ne sont que la pointe de l’iceberg qui rend manifestes les symptômes de la vraie bêtise qui elle, subsiste tout en dessous du niveau des écumes trop visibles. Le pire reste caché.

Le pire reste caché

Le pire reste caché, voilà tout le problème. Mais il y a une solution.  Plutôt que de fuir notre condition de pécheur qui est la source de notre état coupable, il suffit de l’affronter avec courage et humilité.  Nous sommes coupables et de ce fait, notre délivrance est en dehors de nous.  Tant et aussi longtemps que nous nous obstinerons à nier les faits de notre condition, nous nous enfoncerons dans la destruction.

Il y a plusieurs années de cela, un homme de mon église venait me voir toutes les semaines pour discuter de son profond mal de vivre. Visiblement cet homme allait très mal et sa santé mentale en était très affectée.  Un jour, il me dit tout bonnement : “je me sens toujours coupable et je ne sais pas exactement pourquoi ni même de quoi.”  Oui, il y avait bien des choses dans sa vie dont il n’était pas fier, mais rien de tout cela n’était la cause de son état dépressif.  Chaque semaine, j’essayais de l’aider à surmonter son trouble, mais rien ne fonctionnait.  Puis un matin, tout est devenu clair.  C’est alors je lui ai dit : “La raison pour laquelle tu te sens coupable est fort simple, c’est qu’en réalité, tu es coupable, reconnais-le.”

Ou bien j’allais tenter d’amoindrir son sentiment de culpabilité ou bien j’allais plutôt enfoncer le clou une fois pour toutes. Eh bien, curieusement, c’est en acceptant son état de coupable qu’il s’est remis sur pied.

La condition pécheresse de l’homme

Il me parait de plus en plus évident que bien des chrétiens saisissent mal la réelle condition pécheresse qui est la leur. Que l’on soit un petit ou un grand pécheur ne change rien au fait que devant Dieu nous sommes tous coupables.  Le meilleur des remèdes consiste à accepter le verdict final de Dieu selon lequel l’homme est totalement dépravé et incurable.  Son état est tel qu’il est aveugle de la condition qui le rend captif de sa propre folie.  L’homme est à ce point perdu qu’il est incapable d’en prendre pleinement conscience.  Si Dieu ne lui révèle sa condition, l’homme reste aveugle de son état et se condamne à vivre et mourir en imbécile heureux.

Or, Christ est mort pour des coupables, non pas des demi-coupables, mais des vrais coupables. Sa grâce est une vraie grâce pour des vrais pécheurs.  En parlant de la condition humaine, l’apôtre Paul déclare : ” 14 Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume ; 15  Ils ont les pieds légers pour répandre le sang ; 16  La destruction et le malheur sont sur leur route ; 17  Ils ne connaissent pas le chemin de la paix ; 18  La crainte de Dieu n’est pas devant leurs yeux. 19  Or, nous savons que tout ce que dit la loi, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu.[2]

Seuls des coupables peuvent être graciés. Voilà pourquoi l’apôtre ajoute encore : ” 23 Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; 24  et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ.[3]

Le problème de l’homme n’est donc pas tellement de savoir s’il est cinglé, mais plutôt s’il prend pleinement conscience de cette condition qui le détruit. Voilà pourquoi Jésus disait : ” Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.[4]

Réal Gaudreault

[1] Psaume 19: 13

[2] Romains 3 : 14-19

[3] Romains 3 : 23-24

[4] Marc 2 : 17

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1 Comment

  1. Et bien voilà un autre belle exposé de vos réflexions, qui me fait dire que malgré notre reconnaissance de folie humaine, où nature pécheresse, il arrive que des gens fuient autour de moi, mais bien sûr, il est bon de se rappeler Romains 4:5 et à celui qui ne fait point d’œuvre, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est imputée à justice.
    Et oui, c’est l’oeuvre de sa grâce que de réalisé sa folie, car c’est alors et alors seul,qu’Il nous affranchie. Merci de prendre le temps de nous partager vos richesses spirituel, non seulement en écrit mais ainsi que vos prédications. Que notre Seigneur vous multiplie sa grâce et sa paix.

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