
L’acquisition du salut et l’expérience qui consiste à naitre de l’Esprit sont un seul et même évènement. Comment peut-il en être autrement? « En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit. »[1] Cependant, ce ne sont pas tous les chrétiens qui sont pleinement conscients de l’importance qui doit être accordée à la direction de l’Esprit-Saint dans leur vie.
Deux grandes motivations
Il y a au moins deux motivations qui poussent des chrétiens à rechercher l’action de l’Esprit-Saint dans leur vie. Ne l’oublions pas, le Saint-Esprit est décrit dans l’Écriture comme une puissance (dunamis = pouvoir). Il y a ceux (moins nombreux) qui la recherchent parce qu’ils y voient une opportunité d’acquérir ce pouvoir surnaturel susceptible de les faire briller au regard des autres. On parle ici de la convoitise du pouvoir. Et, il y a ceux (plus nombreux) qui, après des années de vie chrétienne infructueuses, y voient l’occasion de redonner un nouveau souffle à leur marche avec Dieu. Dans ce cas-ci, on parle de la recherche d’une vie chrétienne plus signifiante.
L’appétit du pouvoir
Quelles sont les raisons profondes qui poussent certains chrétiens à vouloir absolument être revêtus de la puissance du Saint-Esprit? J’en ai vu quelques-uns courir aux quatre coins de l’Amérique pour assister à des conférences qui leur promettaient la puissance du Saint-Esprit alors qu’ils avaient de la difficulté à servir le Seigneur dans leur propre église. La puissance du Saint-Esprit, oui, mais pour qui et, pourquoi? Pour soi-même, pour assouvir nos propres besoins d’accomplissements?
Combler nos besoins d’approbation par la convoitise d’un tel pouvoir est une attitude malheureuse. Le cœur de l’homme est capable de se livrer à tous les commerces douteux s’il peut en retirer le moindre petit moment de gloire. Alors, imaginez seulement que l’on vous offre la possibilité de posséder le pouvoir de guérir des malades, de faire des miracles remarquables et d’être un outil par lequel Dieu parlerait à son peuple? Celui ou celle qui désire être utilisé par Dieu dans son œuvre devra premièrement laisser le Saint-Esprit faire toute la lumière sur les réelles motivations qui anime cette recherche.
L’appétit d’une vie remplie
L’aspiration profonde qui conduit un croyant à désirer goûter davantage à la plénitude de Dieu dans sa vie est certainement une intention noble. Il est même plutôt inquiétant de voir autant de chrétiens être si peu soucieux de ce besoin fondamental. Mais lorsque cette plénitude est désirée pour les bonnes raisons, on peut réellement s’attendre à ce que Dieu y réponde. Bien entendu, nos motivations ne seront jamais pleinement pures, et le Seigneur le sait. Il y a cependant, une énorme différence entre convoiter la présence de Dieu pour sa propre renommée et, désirer simplement voir Dieu se manifester dans nos vies. Ne l’oublions pas, puisque nous sommes le Temple du Saint-Esprit[2], il devrait se passer des choses, non?
Le Saint-Esprit et son œuvre
Le gens sérieux veulent du vrai, de l’authentique et du concret. Oui, les appels, les charismes et les dons spirituels sont l’affaire du Saint-Esprit, certes. Il est nécessaire d’être aguerri à l’exercice de ces choses pour que nos églises puissent grandir spirituellement, c’est vraiment trop évidement. Mais je ne suis pas certain que l’exercice des dons et des charismes soit la première œuvre du Saint-Esprit dans nos vies. Voyons un peu!
Dans l’Évangile de Jean, Jésus nous parle de l’activité du consolateur qui doit venir : « Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement. “[3] Bien que cette rencontre avec Dieu soit un évènement heureux dans la mesure où il marque l’acquisition du salut, il n’en reste pas moins que le premier effet que produit le Saint-Esprit est la conviction de péché. Le besoin de l’homme d’être sauvé procède d’une révélation par laquelle ce dernier découvre combien grande et profonde est sa misère. Voilà ce que le Saint-Esprit doit d’abord faire dans la vie du pécheur.
La découverte du salut est donc la découverte de mon état pécheur et de mon appartenance à la race “des enfants de colère”, nous dit l’apôtre Paul : « Nous tous aussi, nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres.»[4] L’arrivée du Saint-Esprit suppose l’arrivée de grands bouleversements dans la vie d’un homme. Cette nouvelle sorte de vie tolère mal les péchés et les attitudes de l’ancienne vie. Dès lors, un combat spirituel prend place.
Dans le livre des Actes des Apôtres, Jésus ajoute encore ceci au sujet du Saint-Esprit : « Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »[5] Ici encore, Jésus déclare que la puissance du Saint-Esprit qui doit venir sur les disciples bouleversera à jamais leur vie. Désormais, ils seront des témoins partout sur le Terre où l’Esprit les conduira. Au-delà de l’aspect spectaculaire que fut l’arrivée du Saint-Esprit à la Pentecôte, c’est un gigantesque bouleversement qui attendait ces milliers de personnes qui ont été visités par Dieu ce jour-là. Plusieurs d’entre eux ont tout vendu pour l’œuvre de Dieu. D’autres ont tout abandonné.
Dans l’Écriture, la plénitude du Saint-Esprit n’a pas pour but de permettre aux chrétiens d’accomplir leur destinée, mais bien plutôt de mourir à cette intention en vue de manifester Jésus-Christ à ce monde sans espoir. Est-ce bien cela que nous voulons? Il y a certes une destinée pour le chrétien, celle qui repose sur les oeuvres que Dieu a préparé d’avance on dont il est question dans la lettre de Paul aux Éphsiens (2:10), mais pas autrement.
Bien que la plénitude du Saint-Esprit est la plus grande richesse que puisse posséder un être humain racheté par Dieu, il n’est pas certain que cette nouvelle sorte de vie soit tout à fait semblable au modèle de christianisme que nous développons actuellement en Occident lequel est résolument de plus en plus humaniste. Le modèle biblique est davantage christo-centrique et donc, tourné vers une recherche sérieuse de la volonté de Dieu.
À suivre …
Réal Gaudreault
[1] Éphésiens 2: 22
[2] 1 Corinthiens 6: 19
[3] Jean 16 : 8
[4] Éphésiens 2 : 3
[5] Actes 1 : 8




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