Le triomphe de l’illusion sur la réalité (monde virtuelle)

En regardant cette photo[1] de Mark Zuckerberg (créateur de Facebook) déambulant au milieu d’une meute d’homo-virtualis, j’ai compris que notre monde venait de franchir une autre étape dans son évolution vers un nouvel ordre social.  D’une part, cette image nous montre des milliers de gens réunis autour d’une vaste expérience commune, mais à la fois, toutes ces personnes s’isolent les unes des autres au milieu de cette collectivité.  Pour eux, il s’agit de la réalité virtuelle, pour moi c’est davantage le triomphe de l’illusion sur la réalité.  Voilà d’ailleurs une expression qui ne manque pas d’être contradictoire puisque le virtuel est tout sauf la réalité[2].  Mais bon.

Mine de rien, ce nouvel ordre anti-relationnel s’incruste sournoisement dans notre univers social par le biais d’une foule de gadgets électroniques aux usages multiples. De la même manière que l’arrivée de l’automobile au début du XXe siècle a mis fin au règne plusieurs fois millénaire des chevaux en matière de transport, la fuite de l’homme dans le monde virtuel affaiblit peu à peu la qualité des rapports humains déjà lourdement handicapés par l’éclatement de la famille.  Certes, il y a toujours des chevaux, mais l’usage qu’on en fait maintenant est strictement récréatif.  Est-il pensable qu’un jour les rapports humains (réels) soient relégués à n’être qu’une simple curiosité d’un passé et démodé?

Vers un monde de plus en plus laid?

Que se passe-t-il? Ce genre d’initiative qui incite l’homme à s’isoler dans un univers virtuel est-il le signe d’un trouble narcissique à la fois collectif et plus assumé?  Et si oui, pourquoi?  Peut-être qu’en ces temps où les bonnes nouvelles se font rares et où la tyrannie des hommes se révèle plus brutale que jamais, l’homme n’a plus envie de rester connecté sur la réalité.  Après les deux grandes guerres mondiales et les nombreux génocides du XXe siècle, on s’était dit : « plus jamais la guerre. » Mais c’était bien naïf de croire que les bonnes intentions des uns pourraient dompter le caractère violent des autres.

Les plus optimistes d’entre nous préfèrent chanter en chœur la beauté du monde, mais la réalité est que ce monde s’enlaidit à vue d’œil. Qu’il s’agisse de politique, d’économie, d’environnement, de corruption, de tensions religieuses ou ethniques, de guerres ou de bruits de guerres, rien ne va plus.  L’espoir en l’avènement d’un monde meilleur s’estompe à mesure que les mauvaises nouvelles s’accumulent dans les bulletins d’information.

La popularité grandissante de la réalité virtuelle ne serait-elle pas l’effet direct d’une réaction à la fois collective et inconsciente par laquelle l’homme exprime sa démission face à la réalité burlesque d’une humanité en pleine dérive? Voilà pourquoi vivre dans son propre monde virtuel est l’évocation d’un choix, celui par lequel on préfère regarder ailleurs, et regarder ailleurs est le moyen de ne plus regarder ce que l’on ne désire plus voir.

Quelle réalité préférez-vous?

Si les désespoirs de ce monde vous ennuient et gâchent votre bonheur, l’option virtuelle s’offre à vous. Désormais, vous pouvez vous offrir la réalité qui vous plaira grâce à des produits capables de vous transporter virtuellement là où vous voulez.  Au-delà du virtuel, on peut même modifier votre corps et l’ajuster à la mesure de vos fantasmes les plus fous.  Vivre dans la réalité n’est plus très « IN », osez être un peu plus créatifs et construisez-vous un monde bien à vous, votre monde virtuel à vous.  Pendant ce temps, ce monde périra dans sa folie sans que vous ayez à vous en inquiéter.

Un Dieu sauveur

L’une des raisons qui me font apprécier la lecture de la Bible est bien le fait que l’agonie de ce monde y est déjà annoncée. Je dis bien “annoncée” et non souhaitée.  Ce monde agonise pour une raison fort simple, l’homme est pécheur et dans sa folie il détruit la création de Dieu.

17 Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. 18 Celui qui croit en lui n’est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. 19 Et ce jugement c’est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. 20 Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées ; 21 mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu.Jean 3 : 17-21

Réal Gaudreault

[1] http://fr.sputniknews.com/insolite/20160223/1022008861/zuckerberg-photo-realite-virtuelle.html#ixzz40zTm2CjD

[2] Selon le dictionnaire Internaute, le virtuel convient à ce qui est « Susceptible dexister mais qui reste sans effet dans le présent ; potentiel. » http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/virtuel/

 

 

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2 Comments

  1. Parce que le mal ne cessera de croître, l’amour du plus grand nombre se refroidira.(l’individualisme, le chacun pour soi) Matthieu 24:12
    Cela ne se produit pas seulement dans «le monde», mais dans nos églises puisque chacun fait son affaire dans sa dénomination.
    Sommes-nous vraiment un exemple d’unité dans la foi?

  2. UNE AUTRE GRANDE ILLUSION
    (une réflexion qui s’adressait d’abord à mon propre style de vie…)
    Nous pouvons nous plaindre du renversement des rapports sociaux dans le monde, mais qu’en est-il de notre propre marche ? En prendre conscience, nous rend juste plus compétent pour juger des autres. Où en sommes-nous nous même ? Examinons-nous un moment. Il y a l’illusion dans lequel ce monde virtuel nous avale peu à peu mais, y aurait-il une illusion…spirituelle. Comme cette photo nous le suggère, serions assis côte à côte sans le réaliser.

    Avec les années, et le recul, je me suis rendu compte exactement de ce que vous souleviez lors d’une de vos prédications sur le St-Esprit. Permettez-moi de vous partager ma réflexion.
    La grande illusion c’est quand, nourri par un souci réel de trouver des réponses, et du désir de se sentir différent, en réaction peut-être à ce qui nous était proposé par le passé, nourri par quelques raisonnements sur la vie, le monde et soi-même, il faut «ressentir les choses »(″une question de feeling″; tiré d’une chanson de F. Thibault). Entouré et encouragé par ceux qui, comme nous, s’abreuvaient à quelques conférences, prédications ou séances de réflexions, transporté par des expériences et de nouveaux états d’âme, l’excitation de ce nouvel horizon nous galvanisait. Avec le temps, notre nouvelle voie (desquels de nouvelles illusions émergent) sombre à nouveau insidieusement dans l’habitude, l’ordinaire. Dès lors, il nous faut nous convaincre que c’est le meilleur endroit où être…jusqu’à ce que de nouvelles propositions (d’autres stimuli ; un ″bon preacher″, une implication personnelle, professionnelle ou religieuse etc.) s’offrent à nous. Illusions plus attrayantes les unes que les autres, plus stimulantes et parfois, complètement contraire à tout ce à quoi nous avions adhéré à ce jour et auquel nous nous étions trop habitué. Du jetable après usage, l’effet grisant de l’instantanéité ? Peut importe le message, le format ne nous convient plus…changeons !
    Cette description ne ressemble-t-elle pas à ce modus operandi pour bon nombre d’entre nous chrétiens qui avons cédé trop souvent au format plutôt qu’au contenu de nos choix (religieux, professionnels, relationnels etc.) ? Les choix d’une église, d’un emploi ou d’une amitié, seraient-ils à ce point réduit à celle d’une expérience superficielle de « magasinage au marché à grande surface » ?
    À défaut de vivre de nouvelles sensations au fil de ces nouvelles rencontres, comme le dit l’expression : la nature a horreur du vide. Soit nous devenons captifs d’un emploi routinier ou encore d’une vie de couple qui s’éparpille dans les multiples tâches, soit nous nous réfugions dans une “organisation qui organise”(″église programme″); en fait, faute de stimulations satisfaisantes, ils ne sont pas rares ceux d’entre-nous qui s’étourdissent avec un quotidien ″ordinaire″.
    Ces aspirations tant désirés d’une relation extraordinaire avec le Seigneur (je ne parle pas ici du caractère ″spectaculaire″ que certains de nos contemporains proposent) aurait nécessité de prendre le risque d’une intimité avec ce Dieu vivant; autrement, c’est l’indolence qui nous gagne. Un Seigneur que nous chantons bien volontiers, émoustillés que nous sommes de dimanches en dimanches mais qui, aussitôt l’euphorie passé, versent dans l’oublie. Et ce, au détriment de l’essentiel de nos activités de la ″petite semaine″. Posons-nous franchement la question : ce style de vie, n’est-t-il pas le résultat d’une perte de relation authentique au profit d’une marche qui a plus à voir à l’esprit religieux que d’un réel engagement devant Dieu ? Certains prédicateurs adoptent un style qui se rapproche à s’y méprendre à des motivateurs de croissance personnelle. Ces ″marchands de bonheur″ évangélique proposent à mon sens, un travesti douteux des doctrines de la foi biblique. Il n’y a plus de place aux timides témoignages mais non moins poignants, de chrétiens engagés, l’heure est aux communicateurs et orateurs talentueux. Ceux dont on dit qu’ils sont puissants mais qui, de ce que j’en perçois, n’ont de puissants que leur langue; la «démonstration de l’Esprit» manque cruellement. Sommes-nous à ce point obnubilés par l’esprit du siècle présent ?
    Autre question que nous devrions nous poser devant cette grande illusion qui nous berce : l’organisation à laquelle nous adhérons, est-elle devenue le refuge de gens institutionnalisés *? Ne devrions-nous pas s’attendre du Corps de Christ «assisté et solidement assemblé par des jointures et des liens, tire l’accroissement que Dieu donne» des participants inspirés («Christ qui vit en moi» : gr.zao) ? Où serions-nous le produit du «vide» décrit précédemment ? Qu’en est-il vraiment ? Notre appel, se serait-il vidé de son sens premier, s’imprégnant des habitudes ambiantes de l’homme charnel, reflet de son époque ? Serions-nous devenus des consommateurs passifs ayant adopté un mode de vie davantage apparenté à une “vie de bon catholique pratiquant” alors que nous nous targuons d’avoir échappé à l’ancienne façon de vivre… De toute évidence, nous ne sommes qu’une réplique de cette logique religieuse que nous avons “modernisée”. Le leurre est total et relève d’une perversion consommée. Une fois cet illusoire sentiment collectif d’une “bonne marche chrétienne”, aurions-nous oublié l’essentiel !?
    L’essentiel étant l’extraordinaire Seigneur à nos cotés jour après jour et qui devrait captiver nos vies. Où nos paroles creuses semaine après semaine tel que : « À dimanche matin prochain !» reprendrait son rôle de ″station″ où faire le plein spirituel ferait de nous des témoins …qui témoigne avec Esprit. Ces moments de communion, plutôt que d’être une activité à notre agenda, doivent reprendre le haut du pavée non pas pour son caractère social (ce que d’autres activités nous offre), mais parce qu’il nous offre un lieu de prédilection où entendre ce que le Seigneur veut nous communiquer. Finissons-en avec ces dures semaines où abattre le plus de travail possible afin d’amasser quelques dollars en vue d’une retraite douillette nous rend captifs. Quand ce n’est pas le travail, notre esprit est captif des nombreux loisirs que nous propose la planète plaisirs.
    À l’heure où le machinal « À dimanche matin prochain !» a son corollaire qui résonne dans nos cœurs et que je traduirais ainsi : «tourmentons-nous le moins possible par l’essentiel et choisissons ce qui nous plait». Ce qui pourrait changer vraiment les choses, dort toujours… berçons-nous d’illusions… c’est plus rassurant ! (cynisme)
    C’est pour cela qu’il est dit: Réveille-toi, toi qui dors, Relève-toi d’entre les morts, Et Christ t’éclairera Éphésiens 5.14
    Quant à moi, je l’invoque toujours afin qu’Il donne un sens à tout cela. C’est Sa décision et non la mienne qui compte, cela je crois l’avoir compris (par grâce).
    C.B.
    *Ce mot renferme un processus déstructurant quand ladite institution est entérinée ou a été entérinée par des années ou des décennies d’application, quand cette institution est rentrée dans les mœurs et/ou dans l’inconscient collectif (…)On peut dire que l’institutionnalisation produit des effets pervers qui conduisent à terme, inéluctablement, au contraire des buts et objectifs recherchés et qui étaient initiés à l’origine avec les meilleures intentions du monde. Source : wikipidia

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