Le cannabis, un produit récréatif ou destructif?

Dans le projet de loi visant à légaliser la consommation du cannabis au Canada[1], on minimise outrageusement les risques qu’une telle décision aura sur la santé des Canadiens, notamment les jeunes. De l’avis de certains, l’usage du cannabis ne représente pas un réel danger pour la santé de la population en général et qui plus est, la prise en charge par le gouvernement de sa distribution porterait un dur coup au crime organisé. Mais l’argument le plus souvent répété est que le cannabis possède d’excellentes propriétés thérapeutiques tant pour soigner des problèmes de santé qu’à des fins récréatives. C’est un peu comme si on voulait nous faire avaler l’idée suivante : puisque les bienfaits du cannabis surpassent ses effets négatifs, sa légalisation devrait être profitable socialement.

Le fond de la question n’est pas tant de démentir le fait que le cannabis puisse avoir des propriétés thérapeutiques positives lorsqu’il est utilisé sous forme de médication. Les preuves sont là. De toute façon, le cannabis n’est pas la seule plante utilisée par les pharmaceutiques pour fabriquer des médicaments. La vraie question est plutôt : si donc le cannabis est un médicament aux propriétés thérapeutiques vraiment avantageuses, pourquoi ne pas le maintenir sous ordonnance, comme tous les médicaments d’ordonnances? Alors que nos gouvernements font de gros efforts pour réduire l’usage du tabac parce qu’il détruit la santé des fumeurs, comment peuvent-ils à la fois légaliser un produit nocif pour la santé qui se fume comme une cigarette? Des études montrent clairement que la fumée du cannabis est encore plus dangereuse pour la santé que celle de la cigarette traditionnelle[2].

Dans le meilleur des mondes…

Dans l’univers idéal de Justin Trudeau, la législation du pot devrait permettre de mieux protéger nos jeunes à la fois du crime organisé et des effets de la drogue en général. Il est vrai qu’en privant le crime organisé du vaste marché des consommateurs âgés de plus de 18 ans, on affectera un marché qui lui étais déjà acquis. Mais puisque la même loi l’interdira au moins de 18 ans, le crime organisé visera davantage ce lucratif marché puisque les ados n’auront d’autres choix que de se s’approvisionner sur le marché noir. La nature a horreur du vide. Et entre vous et moi, sommes-nous assez naïfs pour croire qu’une loi fédérale freinera l’appétit vorace des milieux mafieux? Croyez-vous vraiment que l’abolition de cette prohibition aidera les forces policières à freiner le trafic du pot chez les jeunes? Moi je n’y crois pas, car actuellement, nos gouvernements ont déjà perdu le contrôle du monde criminel qui infiltre allègrement les milieux fréquentés par nos jeunes.

Les études ne manquent pas

Dans une étude très instructive qui date de 2006 sur la consommation de drogue chez les jeunes Québécois, on apprend que l’âge moyen d’initiation au cannabis est de 13,2 ans et qu’au niveau du secondaire V, pas moins de 50, 9% des jeunes ont déjà consommé du cannabis[3]. Lorsque l’on compare les nombreuses études qui mesurent l’impact de la drogue sur les jeunes, on peut affirmer qu’à la fin du secondaire, plus ou moins 25% des jeunes sont des consommateurs de cannabis.  En tenant compte qu’en 2013, on dénombrait 327 216 élèves[4] au secondaire au Québec, on peut donc déduire qu’environ 80 000 d’entre eux sont des consommateurs réguliers de cannabis. J’ai bien dit, 80 000. N’est-ce pas là un marché très intéressant que le monde criminel voudra conserver à tout prix ?

Voici ce que nous rapporte un article du site internet, Comprendre et choisir, en ce qui concerne le lien entre les épisodes dépressifs et la consommation de cannabis, « Une étude américaine publiée en 2001, portant sur près de 2 000 adultes, a montré que l’usage de cannabis multiplie par 4 ce risque, et est associé à des idées suicidaires. Une autre étude australienne de 2003 s’est penchée sur l’incidence de cet usage chez les plus jeunes. Elle a suivi 1 600 lycéens, âgés de 14 à 15 ans au début de l’étude, pendant plus de sept ans. D’après elle, les adolescents consommant du cannabis au moins une fois par semaine ont 2 fois plus de risques de développer une dépression à l’âge adulte.[5] »

Les effets nocifs du cannabis

Le psychiatre Didier Jutras-Aswad déclare que « L’adolescence est vraiment une période critique sur le plan de la maturation cérébrale. » Il ajoute : « Cette période s’avère « un moment où le raffinement de la communication entre les différentes zones du cerveau va finalement se développer, se raffiner, et c’est une période où, quand on vient altérer le développement normal du cerveau, il peut y avoir des conséquences à plus long terme.[6]»

Une étude[7], effectuée par des chercheurs de la Northwestern University aux États-Unis affirme ce qui suit : «Les gens pensent qu’une consommation récréative ne devrait pas poser de problème tant que la personne s’en sort dans son travail ou ses études. Nos données montrent clairement que ce n’est pas le cas. […] Cette étude remet en question de manière importante l’idée selon laquelle une consommation occasionnelle de cannabis n’a pas de conséquences néfastes.»  Un article fort intéressant publié dans le Washington Post (voir ici[8]) démentit l’idée que la consommation du cannabis est sans effet sur la santé des gens. Bref, il n’y a aucun avantage pour le gouvernement Trudeau à légaliser le cannabis sinon quelques appuis politiques chez les jeunes.

Conclusion

Je suis manifestement très inquiet d’entendre Justin Trudeau persévérer dans son projet de légaliser le cannabis comme s’il s’agissait d’abolir un vieil interdit moral d’un autre temps. Aussi, même s’il y a des consommateurs de cannabis qui s’en sortent sans aucune séquelle permanente, ça ne justifie en rien sa légalisation, car les effets combinés sur l’ensemble de la population sont immensément plus négatifs que positifs. On me dira sans doute que même prohibé, le cannabis fait de toute manière des ravages, alors, à quoi bon maintenir l’interdit ? Depuis quand est-il de bon usage de régler un problème par une solution qui étend le problème encore davantage ?

Réal Gaudreault

[1] http://www.rcinet.ca/fr/2017/04/11/legalisation-marijuana-canada-depot-projet-de-loi-reactions-jeunes/

[2] https://www.stop-cannabis.ch/maladies/cannabis-et-voies-respiratoires

[3] https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/950_UsaSubsPsychoJeunesQueb.pdf

 

[4] http://www.fcsq.qc.ca/commissions-scolaires/statistiques/

 

[5] https://depression.ooreka.fr/astuce/voir/309755/depression-et-cannabis

 

[6] http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/692676/cannabis-marijuana-effets-cerveau-adolescents-decouverte

 

[7] http://www.slate.fr/life/86095/fumer-cannabis-semaine-modifie-cerveau

 

[8] http://www.washingtonpost.com/news/morning-mix/wp/2014/04/16/even-casually-smoking-marijuana-can-change-your-brain-study-says/?tid=pm_national_pop

 

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