La crise des réfugiés (des faits importants à savoir)

Depuis la triste mort du petit Aylan Kurdi sur une plage de Turquie, les médias canadiens nous bombardent d’informations qui laissent entendre que le Canada n’en fait pas assez en matière d’immigration. À la lumière de tout ce que j’ai lu, il me parait nécessaire d’ajouter quelques précisions à ce fouillis de réactions émotives qui masque la réalité des efforts du ministère de l’Immigration du Canada dans le domaine de l’immigration et la question des réfugiés.

Une information sensible

J’ai dans mes relations une personne qui travaille pour le ministère de l’Immigration du Canada. Son boulot (psychologue) consiste à s’occuper des réfugiés dès qu’ils arrivent au Canada. Elle est chargée de bien évaluer la condition psychologique de ces réfugiés car plusieurs sont en choc post-traumatique et nécessitent de l’aide d’urgence. Comme cette personne me le disait, c’est super d’accueillir des réfugiés, mais il faut aussi être capable de s’en occuper convenablement. Or, les ressources sont manquantes. Donc, oui à l’accueil des réfugiés, mais, attention, cette bonne intention doit être accompagnée d’un geste concret : accueillir chez soi des réfugiés. C’est cette ressource qui est la plus manquante. Accueillir des réfugiés n’est pas seulement l’affaire du gouvernement, mais aussi l’effort de la société civile.

Cette personne m’a aussi expliqué que le nombre de demandes au statut de réfugié était tel que les agents d’immigration Canada, chargés d’enquêter sur les motifs réels des gens qui veulent vivre au Canada, n’ont pas le temps de faire correctement leur travail. Il s’en suit que le Canada laisse entrer actuellement des gens dont on a aucune idée de qui ils sont en réalité. Le Canada est une véritable passoire pour les extrémistes de toutes sortes qui veulent s’établir en Amérique. Alors, lorsque notre premier ministre nous dit qu’il faut agir avec prudence dans le domaine de l’immigration des réfugiés, je crois qu’on peut lui faire confiance. Ceux qui se plaignent en ce moment du manque d’ouverture de Steven Harper sont aussi ceux qui l’accuseront éventuellement de ne pas avoir assez investit dans la sécurité des Canadiens.

Mulcair et Trudeau…

Lorsque Thomas Mulcair et Justin Trudeau instrumentalisent l’affaire des réfugiés syriens pour se donner bonne-presse en période électorale, sachez que s’ils étaient au pouvoir, ils seraient incapables d’accroître le nombre de réfugiés autant qu’ils le promettent. Mulcair ne sait pas de quoi il parle lorsqu’il affirme : « le Canada a les moyens d’agir rapidement dans ce dossier. Il suffit d’en prendre la décision. «Quand on veut, on peut», a-t-il affirmé.[1] » En fait, il sait peut-être de quoi il parle, mais en période électorale, un politicien peut dire tout et n’importe quoi. La déclaration « Quand on veut, on peut » relève d’une attitude naïve et irréfléchie.

Le NPD parle d’accueillir 46 000 réfugiés de plus et Justin Trudeau, lui, parle de 25 000[2]. Le problème n’est pas de savoir si on a suffisamment d’espace au Canada pour accueillir autant de réfugiés, mais plutôt si on doit prendre le risque de bâcler les enquêtes de demandes au statut de réfugiés et laisser entrer au Canada des terroristes qui utilisent la faiblesse de notre système. Évidemment, la très vaste majorité des réfugiés ne sont pas des terroristes, mais le risque est réel et très élevé que certains d’entre eux le soient. Je sais que l’affaire du petit Aylan Kurdi soulève bien des émotions généreuses de la part des Québécois, mais cette affaire ne doit pas altérer notre jugement sur les risques qu’implique une telle décision. L’article de Salim Mansur, professeur de sciences politiques à l’Université Western en Ontario, est fort éloquent à ce sujet.[3]

Les vrais chiffres pour le Canada

Si on en croit le contenu de plusieurs articles de journaux sur la crise des migrants, le Canada ne contribue pas à sa juste part dans l’effort humanitaire pour venir en aide aux réfugiés. On nous laisse entendre que le Canada n’accueille que 10 000 réfugiés par année. Oui, 10 000 réfugiés, mais ce chiffre est incomplet. La plupart de ces articles évitent de mentionner les vrais chiffres sur la réalité de l’immigration au Canada.  Entre autres choses, saviez-vous que les réfugiés ne sont qu’une petite partie du nombre d’immigrants qui sont accueillis au Canada chaque année. Seulement au Québec, on accueille entre 50 000 et 55 000 immigrants tous les ans[4]. Saviez-vous que le Canada affiche depuis longtemps l’un des taux d’immigration par habitant les plus élevés au monde, et que pas moins de 258 953 immigrants se sont établis au Canada en 2013[5] seulement?

Depuis 1990, le Canada a reçu en moyenne 225 000 immigrants par année[6], donc, 5 625 000 personnes en 25 ans. Dans un reportage diffusé le 8 mai 2013, Radio-Canada mentionne qu’au Canada : « un citoyen sur cinq (20,6 %) est né à l’étranger, il s’agit de la plus forte proportion parmi les pays du G8 et « le plus haut taux depuis la Deuxième Guerre mondiale », souligne François Nault, analyste à Statistique Canada soit 6 775 800 personnes.[7] »

Si on peut faire mieux, tant mieux…

Bien qu’il soit vrai que l’on peut toujours faire plus et mieux sur le plan de l’aide humanitaire, je crois néanmoins que le Canada en fait déjà beaucoup. Au-delà des critiques qui s’élèvent d’un océan à l’autre, je suis très fier des efforts du Canada en matière d’immigration. Je tiens aussi à préciser que le Gouvernement canadien n’a pas attendu que soit publiée la photo du petit Aylan Kurdi avant de faire venir des réfugiés syriens, il le fait depuis le mois de mars 2011[8]. Le Canada fut l’un des premiers pays à ouvrir ses frontières au début de la crise syrienne. Ça aussi on devrait se le rappeler.

Réal Gaudreault

[1] http://www.journaldemontreal.com/2015/09/04/trudeau-implore-harper-daccepter-plus-de-refugies-syriens

[2] http://quebec.huffingtonpost.ca/2015/09/05/le-npd-promet-laccueil-de-46-000-refugies-syriens_n_8093576.html

[3] http://www.postedeveille.ca/2012/10/canada-il-faut-bloquer-limmigration-musulmane-salim-mansur.html

[4] http://www.postedeveille.ca/2012/10/canada-il-faut-bloquer-limmigration-musulmane-salim-mansur.html

[5] http://www.cic.gc.ca/francais/ressources/publications/rapport-annuel-2014/index.asp

[6] http://www.cic.gc.ca/francais/ressources/statistiques/faits2014/permanents/01.asp

[7] http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/national/2013/05/08/001-statistique-canada-immigrants-minorites-visibles.shtml

[8] http://www.international.gc.ca/international/syria-syrie.aspx?lang=fra

 

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2 Comments

  1. Évidemment, la très vaste majorité des réfugiés ne sont pas des terroristes, mais le risque est réel et très élevé que certains d’entre eux le soient… mais cette affaire ne doit pas altérer notre jugement sur les risques qu’implique une telle décision… Ceux qui se plaignent en ce moment du manque d’ouverture de Steven Harper sont aussi ceux qui l’accuseront éventuellement de ne pas avoir assez investit dans la sécurité des Canadiens. Vous avez une fois de plus raison de cité, car il se pourrait bien que les terroristes se servent de\ou aient provoqués cette situation comme cheval de Troie ?

  2. Voici une vidéo sur Youtube qui montre les employés de la Croix-Rouge tentant de livrer de la nourriture aux réfugiés. Les réfugiés refusent cette nourriture, selon l’article, parce qu’elle n’est pas Halal. Une vidéo qui fait réfléchir sur l’intention des réfugiés de s’adapter à leur nouvelle famille d’accueil. https://youtu.be/HXYg5rFeuFk

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