Dis-moi qui tu crains et je te dirai qui tu sers

Saviez-vous que la crainte est l’une des motivations les plus puissantes qui puissent exister?  Je ne parle pas de la peur des fantômes ou de la peur de mourir ici, mais bien de la crainte dans le sens de respect.  Qui de nous n’a pas connu au moins un professeur qui a su gagner notre respect devenant une figure d’autorité à laquelle nous voulions absolument plaire.  On aurait voulu tout faire pour ne pas lui déplaire tellement son approbation nous était chère.

Le côté positif

La crainte respectueuse que nous entretenons envers des figures d’autorité est une attitude constructive qui nous pousse à dépasser nos limites.  Dans la mesure où ce besoin est sainement dosé, l’approbation devient un moteur important qui contribue positivement au développement de nos compétences.  Mais il y a aussi un revers à cette médaille : la crainte peut également engendrer en nous un besoin d’approbation maladif qui nous rend esclaves de celui ou celle à qui on veut plaire.  Si, par besoin d’approbation, nous adoptons un discours qui est contraire à ce que nous sommes, c’est que nous sommes piégés par la crainte des hommes.  Et là, rien ne va plus.  Cette forme de crainte ne conduit pas à la liberté, mais à l‘esclavage de la peur du rejet.

Une tendance inquiétante

Eh oui, le compromis est le comportement qu’adoptent ceux qui veulent absolument éviter de déplaire aux gens qu’ils craignent, et c’est ce qui nous guette le plus en tant que chrétiens.  Le livre des Proverbes nous dit que « Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel ; et la science des saints, c’est l’intelligence[1]  Alors, posons-nous la question suivante : comme chrétiens, de qui avons-nous le plus peur?  Des gens de ce monde ou de Dieu?  La crainte de l’Éternel est de moins en moins présente au milieu de nos Églises par les temps qui courent parce que nous redoutons le discours parfois haineux qui se fait entendre sur l’espace public contre le christianisme.

Les chrétiens, complices des médias…

Le christianisme n’a plus la cote en Occident et, la plupart du temps, on l’accuse d’être responsable de tous les fléaux sociaux. Combien de fois entendons-nous les médias qualifier les chrétiens de fondamentalistes, de gens d’extrême droite ou d’extrémistes religieux? Ce discours médiatique biaisé utilise sans gêne les étiquettes trompeuses en vue d’intimider et d’écraser toutes influences que pourrait encore avoir l’Église dans la société.  Voilà qui est susceptible de réveiller de nouvelles craintes chez les chrétiens.  Se laisseront-ils intimider par cette propagande anti-chrétienne au point de chercher l’approbation du monde ou préfèreront-ils rester résolument attachés à l’opprobre de Christ.[2]

Fausses réparations

À trop vouloir se distinguer des étiquettes médiatiques négatives, plusieurs Églises évangéliques (dites émergentes) entrent lentement, mais sûrement, dans le couloir de la condescendance. Ces dernières reprennent elles-mêmes le discours des médias contre la frange évangélique traditionnelle qu’elles accusent des mêmes maux. « Nous ne sommes pas comme elle, disent-elles. Nos églises sont plus ouvertes et accueillent tout le monde sans discrimination. »  Vous voyez le genre de discours?  Certains mots du vocabulaire biblique tels que péché, pécheur, condamnation, rébellion et repentance sont des mots relégués tacitement au ban des interdits d’utilisation.  Les utiliser relève d’un manque d’amour du prochain.  Toutes les grandes questions d’éthiques sociales telles que l’avortement, le mariage gai, l’euthanasie et autres sujets susceptibles d’attirer les foudres des médias seront négligés autant que possible.  Il faut éviter d’être identifié au christianisme traditionnel qui s’est rendu coupable de fondamentalisme religieux.

Sagesse ou crainte des hommes?

L’Évangile devrait s’incarner dans un discours de sagesse qui évite les questions querelleuses avec le monde.  Puisqu’elle est l’objet d’une critique négative de la part des médias, l’Église devrait plutôt chercher des points de convergences avec les valeurs du monde en vue de rehausser sa pertinence.  Telle est donc la nouvelle rectitude à laquelle devraient s’en tenir les chrétiens sur l’espace public.  Or, le problème dans cette affaire est que ce genre de rectitude se fait nécessairement au détriment des valeurs de l’Évangile.

Une réaction glissante

Ce nouveau discours de la rectitude évangélique n’est-il pas fondé sur la crainte de plus en plus présente que les chrétiens entretiennent face à ce monde? Dis-moi qui tu crains et je te dirai à qui tu veux plaire. Plus les chrétiens craignent le monde, moins ils craindront le Seigneur. Et moins ils craindront le Seigneur, plus ils s’éloigneront de l’Écriture. Comme chrétiens, il nous faut comprendre que l’homme sans Dieu reste un ennemi de la croix pour qui l’Évangile est une pure folie.  Craindre les hommes qui rejettent l’Évangile au lieu de craindre l’Éternel est la voie facile qui conduit directement à l’apostasie.  Posons-nous donc sérieusement la question : de qui avons-nous peur en ce moment?

 « Si je plaisais encore aux hommes… »

« Et maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ. »[3]

La crainte des hommes est le début de la fin.

Réal Gaudreault

[1] Proverbes 9: 10

[2] Hébreux 11 : 24-27

[3] Galates 1:10

Facebooktwittermail
rss

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.