Liberté d’expression ou liberté de confusion?

Une manifestation contre les “islamistes” interdite à Paris | Attentats à Paris

International Le siège parisien du journal satirique français “Charlie Hebdo” a été la cible d’un attentat terroriste sanglant ayant coûté la vie à au moins 12 personnes dont son directeur…

http://www.lapresse.ca/international/dossiers/attentats-a-paris/201501/17/01-4836049-une-manifestation-contre-les-islamistes-interdite-a-paris.php

Un article de la Presse m’a plutôt surpris ce matin par son titre pour le moins évocateur d’une confusion de plus en plus persistante dans l’affaire Charlie Hebdo : « Une manifestation contre les «islamistes interdite à Paris ». Je suis entièrement d’accord avec le Tribunal de Paris qui a interdit cet évènement pour des raisons évidentes : « «la manifestation projetée n’a pas pour but d’appeler à la condamnation des actes terroristes récents, mais s’inscrit clairement dans une logique islamophobe».

Mais depuis le malheureux massacre des caricaturistes de Charlie Hebdo, on ne cesse de répéter que ce torchon haineux ne visait pas les musulmans en général, mais les islamistes radicaux en particulier. Combien de personnalités politiques et de journalistes français nous ont répété que c’est l’Islam radical qui était dans la mire des caricaturistes. Mais c’est faux, nous le savons maintenant, car plus les jours passent, plus il apparait que la clique du Charlie réunissait des anarchistes athée et antisocial. Ils ne détestaient pas seulement les religions, mais aussi les politiciens, les forces de l’ordre et les journalistes des grands médias élitistes. En fait, ces hommes détestaient à peu près tout le monde sauf eux-mêmes. Leurs satires n’étaient pas que de l’humour comme bien des gens veulent nous le faire croire, mais l’expression libre d’un rejet radical de la société démocratique dans toutes ses dimensions.

Liberté d’expression et permission d’interdire?

Là où la confusion prend, de l’ampleur est dans le fait que les autorités policières et judiciaires interdissent une marche contre les islamistes radicaux sous prétexte que cette marche recèle une part d’islamophobie. Admettons que cet interdit est raisonnable, comment expliquer alors que ces mêmes autorités n’interdissent pas la publication du Charlie Hebdo qui fait elle-même dans l’Islamophobie? Quelle différence y-a-t-il entre des Français qui désirent exprimer leur droit à la liberté d’expression en marchant contre l’Islam radical et le Charlie Hebdo qui au nom de la liberté d’expression s’appliquait à dénoncer les islamiques radicaux. Blanc bonnet, bonnet blanc, non?

Dans le même article, on nous dit que le Tribunal redoute les confrontations violentes que pourrait soulever ce genre de manifestation. Et ils ont bien raison, je crois. Mais la publication du dernier Charlie Hebdo soulève aussi des confrontations violentes actuellement chez musulmans d’ici comme ailleurs. Ce que j’essaie de dire est que toute cette affaire apparait de plus en plus comme une délirante mascarade dont le crime profite à quelqu’un. À qui? Aux politiciens bien-sûr. Permettre la publication de Charlie Hebdo malgré les réactions violentes possibles est politiquement bien plus rentable que permettre une manifestation anti-islamiste. Et les politiciens le savent très bien.

Ah les politiciens

Je ne choquerai personne si j’affirme que l’habileté d’un politicien est directement liée à ses habiletés à mentir sans se faire prendre. En fait, c’est l’art de la récupération en vue d’un profit politique. Lors de la grande marche républicaine de Paris, une quarantaine de chefs d’État sont venus montrer leur solidarité avec le peuple français en affirmant haut et fort qu’il faut protéger le droit à la liberté d’expression. Ils étaient tous CHARLIE ce jour-là. Publiquement oui, mais dans les faits, les politiciens français détestaient Charlie Hebdo et désapprouvaient le type de liberté d’expression que ce journal se donnait.

Parmi les chefs d’états étrangers, bons nombre sont des tyrans qui privent leurs populations de toutes formes de libertés d’expressions. Que faisaient-ils à Paris? Et pourquoi François Hollande et les chefs politiques français ont-ils accepté d’être associés à eux? Pour une raison bien simple, la visibilité politique au cœur d’un drame humain est et sera toujours une condition gagnante en politique. Un politicien qui sait jouer sur le registre de la tristesse haussera sa popularité à coup sûr. Et très certainement, il y a bien des chefs d’État en mal de réputation qui avaient besoin de refaire une virginité morale en se joignant à cette grande marche.

Mais il y a une réelle tristesse dans cette affaire, elle est celle des proches des caricaturistes de Charlie Hebdo. Elle est aussi celle de tous les citoyens français qui vivent actuellement un drame national causé par des violences inutiles qui ne font qu’alimenter la haine. Que Dieu bénisse le peuple français en ces jours difficiles.

Réal Gaudreault

Facebooktwittermail
rss

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.