Puisque l’amour est la révélation de la réalité suprême de Dieu pour son église, il se doit d’être placé au-dessus de toute autre réalité car en finalité, l’amour est l’unique chose qui demeure. « L’amour de périt jamais.[1] » Et parce que l’amour de Dieu est ainsi, il ne peut qu’instruire la réalité des rapports humains à mettre en pratique dans l’église locale. Mais pour cela, il doit s’affranchir des aprioris détestables de ce monde qui le contaminent. Encore faut-il qu’il se libère également des locutions savantes des hautes sphères théologiques. Bien sûr, la connaissance de l’amour de Dieu ne fait pas disparaitre la nécessité théologique qui nous permet de l’appréhender avec justesse par l’Écriture.
En Jean 13, alors que Jésus prépare ses disciples à son départ vers le Père, il ne perd pas de temps en de grands exposés théologiques ni de grandes tirades sur l’importance d’une bonne moralité, il leur a seulement dit ceci : « Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »[2] La séquence du lavement des pieds un peu plus tôt dans ce même chapitre de l’Évangile de Jean en sera d’ailleurs la démonstration suprême.
Un texte redoutable
Chers amis, il y a dans l’Écriture une panoplie de textes difficiles et redoutables à comprendre mais il y en ait un qui les surpasse tous, 1 Corinthiens 13 : 4-7? Ce texte n’est pas redoutable en lecture et en compréhension, il est redoutable parce qu’a sa lecture, il nous montre toute la distance qui nous sépare d’une marche avec Dieu selon l’Esprit.
« 4 L’amour est patient, il est plein de bonté, l’amour. Il n’est pas envieux, il ne cherche pas à se faire valoir, il ne s’enfle pas d’orgueil. 5 Il ne fait rien d’inconvenant. Il ne cherche pas son propre intérêt, il ne s’aigrit pas contre les autres, il ne trame pas le mal. 6 L’injustice l’attriste, la vérité le réjouit. 7 En toute occasion, il pardonne, il fait confiance, il espère, il persévère. »
En nous décrivant ainsi l’amour de Dieu, ce texte montre l’étendue de notre échec à tous. Il nous dit où le Christ nous veut et, à la fois, il nous parle d’un lieu où nous ne voulons pas aller, c’est-à-dire : aimer au point de mourir à toute réquisition d’intérêt personnel, de justice, il interdit toute manifestations de colère et d’orgueil. Il nous montre la voie de l’amour de Dieu tel que nous sommes appelés à manifester tout en éclairant notre incapacité à le manifester. Comme Paul en Romain 7 : 24, nous voudrions crier : « Misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort? »
Ce texte sur l’amour de Dieu est radical, voire même, presque brutal. Il est semblable à une maison sans issu, comme une prison d’où on ne peut s’échapper. Il nous dit ce qu’est la vie d’un serviteur de Dieu et pointe à la fois la distance qui nous sépare de sa réalité. Ce texte ne propose aucune autre option que d’aimer à ce point.
Il ne permet aucun mécanisme de fuite au nom d’une quelconque grâce à bon marché. Non, rien qui me permette d’esquiver ses exigences, il est beau, il est grand, il est riche et plein de vérité, cet amour ne revendique rien, voilà pourquoi il est brutal parce qu’il ne permet aucune excuse.
Nos œuvres compensatoires
À quel point sommes-nous encore plus pauvres d’entendement toutes les fois où nous pensons que nos bonnes œuvres sauraient, par leur qualité, compenser l’absence de cet amour vrai et pur. Parce que, faut-il se rappeler que dans les versets qui précèdent le texte ci-haut mentionné, il y a cet autre texte de Paul qui déjà au départ affirmait clairement qu’aucune compensation si grande et vertueuse soit-elle ne saurait se substituer à l’amour vrai de Dieu.
« 1 En effet, supposons que je parle les langues des hommes et même celles des anges : si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien de plus qu’une trompette claironnante ou une cymbale bruyante. 2 Supposons que j’aie le don de prophétie, que je comprenne tous les mystères et que je possède toute la connaissance ; supposons même que j’aie, dans toute sa plénitude, la foi qui peut transporter les montagnes : si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. 3 Si même je sacrifiais tous mes biens, et jusqu’à ma vie, pour aider les autres, au point de pouvoir m’en vanter, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien. »[3]
Conclusion
Je ne vais surement pas me morfondre de culpabilité par le constat de ma misère à vivre pleinement la force de cet amour. Mais je ne vais pas non plus y renoncer sous prétexte de l’inatteignable. Je vais donc poursuivre ma route et tendre à cet idéal de l’intention de Dieu pour ma vie, sachant que tout ce qu’il promet, il est le seul à pouvoir l’accomplir en moi.
« Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ. »[4]
Réal Gaudreault (Pasteur)
Église En Chemin –
18 novembre 2020
[1] 1 Corinthiens 13 : 8
[2] Jean 13 : 24-25
[3] 1 Corinthiens 13 : 1-3
[4] Philippiens 1 : 6
Ô, si nous pouvions en être saisi par son Esprit afin de le mettre en pratique; ne serait qu’une particule de cette Amour véritable !
Merci Réal de nous offrir ce bouquet d’instruction.
…difficile et redoutable…cet Amour.
…inatteignable et humiliant…mais – faut-il se le rappeler – sans effet sur la valeur de notre rédemption !
L’Amour tel que décrit dans ce passage, est tout autant …difficile et redoutable…à concevoir, que la Loi de Moïse (confrontant notre nature véritable) peut l’être, en ce qu’elle (la Loi) nous place devant notre faillite à rencontrer les critères d’un Dieu légaliste. Ainsi, Paul désamorce cette idée d’une exigence légale pour être accepté de Dieu, tout comme il reconnait n’avoir aucune part sur la base d’exigences basées sur l’Amour véritable ou toutes autres compétences personnelles : «…car je suis le moindre des apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu» 1Cor15. Il pratique l’humiliation, comme l’exhorte Jacques en ces mots : «Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera.» (à l’instar de Pierre dans son épître) C’est l’effet de cet indicible Amour véritable qui fait cela. Jésus a montré le chemin avec virtuosité; par l’humiliation et le don de sa vie.
Paul est le même homme (inspiré par l’Esprit) qui déclare ainsi sa faillite devant la Loi : «…moi je suis charnel, vendu au péché; car ce que je fais, je ne le comprends pas, car ce n’est pas ce que je veux que je fais, mais ce que je hais, je le pratique» Rom 7 et qui poursuivant sur un ton d’humiliation, il ajoute : «Misérable que je suis !» Puis, alors que l’Esprit lui rappelle que Christ est Sa justice, il émerge à la lumière en ces mots : «Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! (…) Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ.»
Il se condamne d’abord lui-même et méprise ses pulsions à pratiquer le mal, mais son Seigneur le rappelle à l’ordre en lui rappelant que bien qu’il «pratique» «ce qu’il hait», il est aimé puisque (plus loin écrit-il) : «L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ»
L’Amour véritable, comme les commandements qui nous sont adressés, sont le produits non ʺfait de mains d’hommeʺ (justice propre) mais le résultat d’une capacité donné par Celui qui nous appelé : «Ce n’est pas à dire que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu.» 2Cor 3. Ce qu’il répète de différentes façon ici «…car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir.» Phil.13
Puisse le Seigneur verser en nous son Amour et nous animer de tous ses feux !
«…il est le seul à pouvoir l’accomplir en moi» R. Gaudreault