Affirmer ce que l’on croit et croire ce que l’on affirme sont deux choses à mille lieux l’une de l’autre. C’est pourquoi celui qui croit vraiment ce qu’il affirme en matière de foi a moins besoin de l’affirmer pour qu’on le croit parce que la richesse de ce qu’il croit devient un geste. Or, faut-il le savoir, nous ne sommes pas ce que nous affirmons être, nous sommes ce que nous faisons à travers le geste. Ce que nous ne faisons pas, nous ne le sommes pas. À vouloir trop affirmer, on publie la pauvreté de son état.
Ainsi en est-il de l’amour pour Dieu et le prochain. « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même. » (Lc 10 : 27) Ce texte ne dit pas de ne pas s’aimer soi-même mais d’aimer l’autre tout autant que l’on s’aime soi-même. C’est ici que la prière pour le prochain devient la mesure de l’amour réel que nous lui portons car prier pour l’autre, c’est s’oublier soi-même. Ne prier que pour soi-même c’est n’aimer que soi-même.
Prier pour que les autres changent selon ma convenance n’est encore que l’affirmation d’un amour qui ne va pas lui loin que l’amour de soi. Mais prier Dieu pour qu’il me change moi en vue d’être pour le prochain un ami qui aime vraiment est l’affirmation de mon amour réel pour le prochain.
Le temps que l’on consacre à la prière est la véritable mesure de l’amour que l’on porte à Dieu car l’amour implique le désir d’être avec celui qu’on aime. Ne jamais prier c’est montrer toute son indifférence à Dieu. Prier pour ses frères est également la mesure de l’affection réelle qu’on leur porte car prier, c’est perdre du temps pour l’avantage des autres. Prier, c’est choisir d’aimer car celui qui choisit de prier choisit par la même occasion d’aimer Dieu et le prochain.
(R.G.)
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