Jésus et les femmes

À première vue, l’œuvre et l’histoire de Jésus apparaissent d’abord comme une affaire relative au monde des hommes. Mais ça, c’est à première vue. Dans les faits, les femmes étaient nombreuses dans la vie de Jésus. Elles étaient non seulement nombreuses, mais qui plus est, très présentes et actives dans le parcours messianique de Jésus.

Il est tout de même vrai que, dans la tradition juive, les affaires dites spirituelles relevaient presque exclusivement de l’autorité des hommes, qu’ils soient pharisiens, scribes ou docteurs de la Loi. Mais Jésus lui transcende ces traditions quelque peu misogynes. Les femmes ont leur place dans sa vie, et on le voit souvent concerné par les problématiques auxquelles elles faisaient face dans leur vie de tous les jours.

Voyons un peu

• En Luc 1, c’est d’abord à une femme, Marie mère de Jésus qu’est annoncé la naissance du Messie. 

• En Marc 14 : 9, on aperçoit cette femme qui verse le contenu d’un vase de parfum de grand prix sur les pieds de Jésus. Et voici ce que Jésus nous dit d’elle : « Je vous le dis en vérité, partout où la bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait. »

• En Luc 8 : 1-3 il est question de toutes ces femmes qui accompagnaient les apôtres et Jésus. « Marie, dite de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chuza, intendant d’Hérode, Susanne, et plusieurs autres, qui l’assistaient de leurs biens. »

• En Mathieu 27 : 55-56, il est encore question de ces femmes qui ont accompagné Jésus à Jérusalem juste avant le procès de Jésus. « Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée. »

• En Luc 24 : 4-5, nous voyons que l’annonce de la résurrection de Jésus fut d’abord adressée à des femmes alors qu’elles se présentèrent au lieu du sépulcre. « Voici, deux hommes leur apparurent, en habits resplendissants. Saisies de frayeur, elles baissèrent le visage contre terre; mais ils leur dirent : pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant. »

• En Jean 8 : 1-11, Jésus sauve la femme adultère d’une mort certaine par lapidation. Et voici ce qu’il lui dit : « Alors s’étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? Elle répondit : Non, Seigneur. Et Jésus lui dit : Je ne te condamne pas non plus : va, et ne pèche plus. »

• En Éphésiens 5 : 25, il est dit à l’homme d’aimer sa femme comme Christ à aimer l’Église. Voilà bien un texte qui montre la préciosité de la femme devant Dieu.

• En Mathieu 19 nous entendons Jésus répondre à ceux qui l’interrogeaient au sujet de la lettre de divorce permise par Moise en Deutéronome 24. « C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes; au commencement, il n’en était pas ainsi. » Par cette phrase stupéfiante, Jésus prend la défense des femmes répudiées à cause de la dureté du cœur des maris.

• Ajoutons aussi le fait que l’Écriture fait mention que parmi les amis les plus près de Jésus il y avait deux femmes de Béthanie: Marthe et Marie, sa sœur. (Luc 10 : 38-42)

• Que dire de toutes ces femmes pour lesquelles Jésus a accompli des miracles : la femme en perte de sang, la femme dont Jésus ressuscita le fils qui était dans un tombeau, la femme syro-phénicienne qui demanda à Jésus de guérir sa fille malade, etc.

La femme samaritaine

Mais de toutes les femmes qui ont côtoyé Jésus, il en est une qui fut l’objet d’une révélation étonnante. Si je vous disais que la première personne à qui Jésus a annoncé qu’il était le Messie était une femme, cela vous surprendrait-il? Eh oui, c’est une femme qui, la première, reçut de la bouche même de Jésus qu’il était le Messie (prophète) annoncé par Moise en Deutéronome 18.

Mais il y a plus extraordinaire encore. La femme en question faisait partie des samaritains, un peuple hautement méprisé des Juifs qui les regardaient comme des bâtards. Les samaritains étaient des demi-juifs qui adhéraient seulement aux textes du Pentateuque et qui rejetaient tous les autres livres de l’A-T. De ce fait, ils rejetaient l’idée de la lignée messianique du roi David dont Jésus était le suprême descendant promis. Curieusement, c’est une samaritaine qui, théologiquement parlant, rejetait l’idée d’un Messie issu de la lignée davidique, qui entendit de la bouche même de ce descendant de David qu’il était le Messie. Rien de moins.

Mais il y a pire…

Cette femme était loin d’être une femme vertueuse, elle qui, auparavant, avait eu cinq maris vivait maintenant en concubinage. Vous voyez l’idée? Dans le contexte social et religieux du temps de Jésus, cette femme représente l’échec humain dans ce qu’il y a de plus déshonorant. À l’évidence, ce n’est pas le genre de personne qu’on choisit normalement pour révéler une nouvelle aussi importante que l’incarnation du Messie. Mais voilà, c’est vraiment avec cette femme que Jésus a eu la discussion suivante : « La femme lui dit : Je sais que le Messie doit venir celui qu’on appelle Christ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses. Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle. » (Jean 4 : 25-26)

« Je le suis, moi qui te parle »

Bien des gens en Israël ont cherché à savoir si Jésus était le Messie attendu. Luc nous rapporte un échange semblable : « Quand le jour fut venu, le collège des anciens du peuple, les principaux sacrificateurs et les scribes, s’assemblèrent, et firent amener Jésus dans leur sanhédrin. Ils dirent : Si tu es le Christ, dis-le-nous. Jésus leur répondit : si je vous le dis, vous ne le croirez pas; » Luc 22 : 66-67.

Pilate aussi aurait bien voulu savoir si Jésus était le fameux Roi des Juifs tant attendu : « Dès le matin, les principaux sacrificateurs tinrent conseil avec les anciens et les scribes, et tout le sanhédrin. Après avoir lié Jésus, ils l’emmenèrent, et le livrèrent à Pilate. Pilate l’interrogea : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Tu le dis. Les principaux sacrificateurs portaient contre lui plusieurs accusations. Pilate l’interrogea de nouveau : Ne réponds-tu rien ? Vois de combien de choses ils t’accusent. Et Jésus ne fit plus aucune réponse, ce qui étonna Pilate. »  Marc 15 : 1-5

Dans les deux textes précédents, Jésus ne répond rien de très concluant à ceux qui lui demandent s’il est vraiment le Messie. Pourquoi Jésus n’est-il pas plus affirmatif quant à sa messianité devant les hommes en autorité en Israël? La réponse est peut-être dans un texte de l’Évangile de Luc.

Conclusion

Est-il surprenant de constater que Jésus a choisi une femme méprisée de tous pour révéler qui il était exactement? Dans nos standards humains et bourgeois, oui, cela a de quoi nous surprendre. C’est dans l’Évangile de Luc que nous comprenons pourquoi il en fut ainsi. Lors d’une prière de Jésus, il a évoqué la joie qu’il ressentait à l’idée de révéler ces grandes choses non aux plus nobles de la nation, mais aux plus petits parmi eux.

« Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi. 22 Toutes choses m’ont été données par mon Père, et personne ne connaît qui est le Fils, si ce n’est le Père, ni qui est le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » (10 : 21-22).

Cette femme samaritaine est de celle à qui le Père a bien voulu révéler le Fils.

Réal Gaudreault (Pasteur)