Plus tôt cette semaine, la Cour Suprême du Canada (CSDC) a donné raison à M. Alain Simoneau dans l’affaire qui l’oppose au maire de Saguenay, M. Jean Tremblay, sur la question de la prière lors de l’ouverture des séances du conseil municipal à ville Saguenay.
Mouvement laïc québécois
Avant tout. Il faut savoir que le Mouvement Laïc québécois (MLQ), qui est derrière cette affaire alimente depuis fort longtemps déjà un discours méprisant envers le christianisme au Québec. Cette organisation ne fait pas que défendre des valeurs athées, mais est surtout très active dans les dossiers de déchristianisation de l’État québécois. On ne parle pas ici d’une approche laïque et respectueuse du partage de l’espace public, mais de laïcisme, c’est-à-dire, l’effacement systématique de tous symboles rappelant le patrimoine religieux québécois. Le laïcisme du MLQ en est un d’exclusion du phénomène religieux.
Mais dans l’affaire de la prière à Saguenay il y a un petit quelque chose d’embarrassant quant à moi. M. Simoneau à quitté le Saguenay en 1964 et est revenu y vivre de 2003 à 2010[1]. À la lumière des éléments au dossier, nous comprenons que son action pour l’abolition de la prière au conseil municipal de Saguenay relève davantage de son militantisme au sein du MLQ que d’une affaire personnelle. Toute personne peut bien si elle le veut militer pour une organisation qui fait la promotion de valeurs qui sont les siennes, certes. Or, le MLQ est plutôt un organisme qui utilise tous les moyens légaux et médiatiques pour faire disparaitre les valeurs chrétiennes qui ont fondé l’histoire et le patrimoine québécois. Voilà qui est M. Simoneau et la confrérie ou “loge” le MLQ.
Quelques éléments du jugement
Dans son jugement[2], la CSDC déclare « que la prière et l’exposition de symboles religieux portaient atteinte de façon discriminatoire à la liberté de conscience et de religion de M. Simoneau. » La cour soutient donc que l’athéisme de M. Simoneau est en soi une posture religieuse puisqu’elle affirme que la « conscience de religion » du plaignant en question a subi un préjudice. Ainsi, la CSDC confirme ce que bien des gens pensent, l’athéisme est aussi une posture religieuse. Cela peut paraitre surprenant à dire, mais ne pas croire en Dieu est aussi une affirmation de nature religieuse. En demandant à M. Jean Tremblay de cesser la prière, la CSDC se positionne en faveur de l’incroyance de M Simoneau. Ainsi donc, une croyance vient de l’emporter sur une autre.
Dans ce même jugement la CSDC il est dit que: « Le Tribunal note la sincérité de l’athéisme de M. Simoneau (par. 261) et évalue les effets de la prière sur sa liberté de conscience et de religion. Il observe les sentiments d’isolement, d’inconfort et d’exclusion que M. Simoneau éprouve. » Ici encore, la CSDC affirme que la sincérité du plaignant est un élément suffisamment important puisque ce dernier ressentait des « sentiments d’isolement et d’exclusion. » Le drame quoi. C’est comme si M. Simoneau était la victime des méchants chrétiens qui le harcelaient avec des prières. Ne trouvez-vous pas que tout ça sonne faux.
Ça sonne faux
Bien sûr, on me dira qu’un conseil de ville est une institution politique publique qui doit honorer la neutralité religieuse de l’État en ses murs et c’est pourquoi la cour donne raison à M. Simoneau. On me dira aussi que ce jugement n’interdit pas au maire Tremblay le droit de prier chez lui ou à son église, et qu’ainsi, sa liberté de conscience à lui n’est pas brimée. Mais en fait, c’est faux. C’est faux parce que la CSDC donne maintenant préséance à la posture religieuse de M. Simoneau aux rencontres du conseil municipal de Saguenay. Désormais, c’est la conscience religieuse M. Tremblay qui est brimé. M. Simoneau, quant à lui, peut imposer sa « croyance athée » partout et pas seulement chez lui où dans la sainte chapelle du MLQ.
Le plus ridicule est à venir. Lisez bien cette partie du jugement : « Si M. Simoneau choisit de se conformer à la pratique du conseil municipal, il agit en contradiction directe avec son athéisme. S’il choisit de s’exclure de la prière en refusant d’y participer ou en quittant la salle, il est alors forcé de révéler son incroyance (par. 266). Selon les constatations du Tribunal, M. Simoneau a souffert d’un fort sentiment d’isolement et d’exclusion (par. 265-266).
Les juges affirment donc que, puisque M. Simoneau devait se retirer de la salle du conseil au moment de la prière, il était alors forcé de révéler son incroyance. Sortons nos mouchoirs les amis. J’ai rarement lu un truc aussi ridicule que celui-ci. On veut nous laisser croire que M. Simoneau souffrait d’entendre une prière et que son exclusion volontaire l’amenait à souffrir encore plus. La pire des souffrances étant liée au fait d’être obligé de s’humilier en exposant son athéisme publiquement. Vous y croyez-vous à cette affirmation ? Moi non ! Que la CSDC ait ajouté foi aux élucubrations de M. Simoneau me fait perdre toute confiance en cette noble institution qu’est la Cour Suprême du Canada. Ou bien juges sont naïfs ou bien ils cherchaient le moindre argument pour lui donner un appui à peine dissimulé.
Ce n’est pas l’exclusion de la salle du conseil qui a amené M Simoneau à révéler (coming-out) son athéisme publiquement, mais la décision qu’il a prise en concordance planifiée avec le MLQ de s’attaquer à la prière dans les institutions publiques québécoises. C’est lui qui a porté plainte et qui a alerté les médias dans cette affaire. Il a tout fait pour faire connaitre son athéisme publiquement, comment peut-il affirmer que ce « coming out » lui a posé un préjudice d’exclusion important. Que la CSDC se prononce sur la question des règles entourant la neutralité religieuse de l’État dans les institutions publiques relève certainement de ses compétences. Mais qu’elle se serve d’une cause comme elle de M. Simoneau pour y arriver me parait très inquiétant.
Réal Gaudreault
[1] http://www.pressreader.com/canada/le-quotidien/20150418/281547994425462/TextView
[2] http://scc-csc.lexum.com/scc-csc/scc-csc/fr/item/15288/index.do
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