Y a-t-il autre chose que le bien et le mal?

Les chrétiens ont généralement à l’esprit que le christianisme demeure la référence la plus juste en matière de bien ou de mal. Cette impression est solidement fondée sur la certitude suivante : les valeurs qui ont construit le monde occidental sont essentiellement chrétiennes. D’où la légitimité dont les chrétiens se drapent pour assumer cette certitude. C’est pourquoi dès qu’un athée ose remettre en question l’autorité et la légitimité des valeurs chrétiennes dans l’espace public, les chrétiens réagissent comme si on leur volait quelque chose.

Cette réaction est encore plus virulente chez les chrétiens nés avant les années 60, ceux-là mêmes qui ont grandi dans un monde où les valeurs chrétiennes se voyaient partout dans la société. Les chrétiens nés vers les années 1990, lesquels sont actuellement âgés de plus ou moins 30 ans, comprennent plutôt mal cette réaction virulente, car le monde dans lequel ils vivent leur semble païen depuis toujours. Pour ces jeunes, le christianisme n’est pas la norme dominante du monde dans lequel ils vivent. Pour eux, l’athéisme, un peu comme les téléphones intelligents, fait partie de l’environnement social habituel dans lequel ils évoluent depuis toujours.

Rien de nouveau sous le soleil

Je vous suggère l’excellent article de Stephen Altrogge[1]qui tente une incursion dans ce sujet fort délicat[2]. Altrogge décrit bien le désarroi ressenti par des millions de chrétiens américains face à l’émergence d’une nouvelle sorte de morale qui dépasse de loin leur conception du bien et du mal. Ces derniers croient que l’omniprésence du christianisme dans le développement historique des valeurs sociales et morales des États-Unis devrait suffire à les protéger contre les valeurs morales païennes. Mais les voilà face un à un raz de marée de nouvelles idées pour lesquelles ils ne sont tout simplement pas préparés. Dans un commentaire très éloquent, Altrogge nous rappelle ceci :

« The simple reality is that we live in a godless world. Of course, I don’t mean that there isn’t a God, or that the true and living God is not active in our world. I mean that the natural state of every person is wickedness, godlessness, and evil. It has always been this way, and it always will be this way.”

L’habitude du pouvoir

Habituée depuis 15 siècles à vivre dans une civilisation dominée par le christianisme, les chrétiens ont oublié que si on lui enlève Jésus-Christ, l’homme n’a nulle part où aller sinon de revenir aux bonnes vielles pratiques idolâtres de l’antiquité. L’homme sans Dieu et laissé à lui-même est un idolâtre chronique qui se livre à tous les penchants de sa nature insatiable. Cela a toujours été vrai depuis la chute Adamique. Par exemple, chez les Grecs, des hommes de qualité tels qu’Hippocrate, Platon, Aristote, et plusieurs autres encourageaient la pratique de l’infanticide dans le cas où un nouveau-né semblait trop chétif ou handicapé. Seuls les juifs selon Tacite « ne tuaient pas leurs enfants en surnombre comme tous les peuples raisonnables le font »[3]. La pratique de l’infanticide est équivalente avec l’avortement aujourd’hui.

L’homosexualité dans toutes ses déclinaisons était également une pratique courante dans la plupart des grandes civilisations antiques. À cet égard, l’historien Kenneth J. Dover parle même d’une période d’âge d’or de l’homosexualité dans la Grèce antique[4].  Les danses effrénées, les fêtes interminables et les buveries qui culminaient par des orgies faisaient partie de la vie de ces femmes et hommes de cette période. L’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains juge durement ces pratiques contre nature des païens de son temps.[5]

Retour vers le passé

Vers le milieu du XXe siècle, un virage majeur, dans le monde des idées, s’est amorcé en faveur de la déchristianisation de l’Occident. Les milieux intellectuels, universitaires, scientifiques, politiques, sous la gouverne de l’UNESCO ont communément adhéré au projet progressiste d’un monde où l’élément religieux ne serait guère plus qu’un objet de musée. Dès lors, l’idolâtrie a repris sa place dans le cœur des hommes. Les penseurs libéraux d’aujourd’hui aiment bien croire que l’évolution des mœurs dans notre monde postmoderne est un signe de «progrès », mais dans les faits, ce n’est là que l’expression d’un retour vers les désordres de l’antiquité.

À qui ce monde appartient-il, aux païens ou aux chrétiens? Ni à l’un et ni à l’autre, il est la propriété exclusive de Dieu. Tout ce qui s’y produit est décrété d’après son dessein éternel et rien n’arrive sans qu’il ne le permette. « 10 L’Éternel renverse les desseins des nations, Il anéantit les projets des peuples ; 11 Les desseins de l’Éternel subsistent à toujours, Et les projets de son cœur, de génération en génération.[6]»

Le binarisme moral

La grande idée qui tend actuellement à s’imposer dans notre monde est le rejet de la morale binaire du bien et le mal[7]. Dans un monde sans Dieu, il existe une autre logique (tétravalente) qui permettrait de mieux analyser les rapports moraux en dehors du binarisme chrétien. On éliminant le concept (binaire) du bien et du mal, on obtient une multitude de nuances colorées entre ces deux extrêmes. D’où la prévalence de l’homosexualité et de ses multiples déclinaisons qui ne doivent plus, en ce monde, se limiter aux seuls genres sexuels hommes femmes, donc binaire.

Les deux genres sexuels dominants depuis des millénaires sont regardés comme obsolètes et dépassé par une nouvelle forme d’intelligence (non binaire) dite progressiste. Chaque individu doit se définir sexuellement lui-même en fonction de ses propres pulsions et envies sans que ses comportements puissent être qualifiés de déviances. L’homme dans sa folie trouvera toujours une manière intelligente de justifier ce qui le domine moralement. Le besoin d’être cohérent avec lui-même le pousse à nier la limpidité des évidences.

Vous et moi

Et c’est dans ce monde-là que nous nous trouvons, nous chrétiens de ce troisième millénaire. C’est dans ce monde-là que Dieu nous appelle à être témoin de la grâce et la bonté qui pardonne et relève le pécheur. Restons confiants, sachant que rien de ce qui arrive en ce moment n’échappe à la volonté de Dieu. « Il y a dans le cœur de l’homme beaucoup de projets, mais c’est le dessein de l’Éternel qui s’accomplit.[8]»

Réal Gaudreault

[1] Pasteur à Grace Church, Indiana

[2] http://www.crosswalk.com/faith/bible-study/what-is-this-world-coming-to-exactly-what-jesus-said-it-would-come-to.html?utm_source=facebook&utm_medium=fbpage&utm_campaign=cwupdate

[3] http://sexodoc.fr/pages/histregulation1.html

[4] http://www.universalis.fr/encyclopedie/homosexualite/2-l-antiquite-grecque-et-romaine/

[5] Romains 1: 26-28

[6] Psaume 33: 11-12

[7] http://www.syti.net/MindVision.html

[8] Proverbes 19: 21

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6 Comments

  1. Peu après sa création, l’homme a suivit Satan en n’acceptant pas Dieu tel qu’il est et en ne s’acceptant pas lui-même tel qu’il est. À quelques reprises Dieu le rappelle aux hommes en disant: «Tu es un homme et je suis Dieu!». L’homme a voulu être égal à Dieu pour définir le bien du mal, et en le faisant, il s’est corrompu! Cela n’a pas changé jusqu’à aujourd’hui et ne changera définitivement qu’à la résurrection et au jugement du monde. Ce que le christianisme a éliminé à travers les siècles, reviendra avec l’affaiblissement du christianisme.

  2. Merci,

    Cela fait 23 ans que je suis chrétien et je trouve effectivement que sur cette seule période le monde a tellement changé si vite. L’évolution de la société s’accélère et probablement que pour comprendre là où l’on va, il faut regarder loin en arrière.

  3. Pasteur Réal, les sujets que vous traitez sont vraiment au cœur de l’actualité pour nous chrétiens. Nous sommes plus ou moins consciemment rongés par les questions que vous soulevez. Merci pour la finesse de vos analyses, elles jettent un peu de lumière dans ce fouillis qu’est devenu notre monde et ses « valeurs » et quelque part me rassurent…

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