Servir Dieu, une aventure impossible?

Effectivement, celui qui souhaite être disciple de Jésus-Christ doit d’abord savoir qu’il s’aventure dans quelque chose d’impossible. Curieux paradoxe s’il en est un, car Dieu nous appelle tout de même à être de ses disciples. Un disciple est un ne personne qui marche avec Dieu selon Sa Parole, qui sert fidèlement son Dieu, qui prie et loue le Seigneur, qui obéi à la volonté de Dieu, qui s’implique dans son église, qui témoigne, qui se met au service des autres, bref, un disciple est un chrétien qui fait ce qui doit être fait. Y a-t-il quelque chose qui cloche dans ce qui vient d’être dit? À première vu, non. Mais si on creuse un peu, on se rend compte que l’Écriture à autre chose à dire là-dessus. Cette approche met bien en évidence la performance humaine comme pré requis à la réussite du disciple et tend à ignorer le pré requis le plus important, le brisement.

Une affaire de performance

Dans un monde comme le nôtre où la performance est un atout indissociable de la réussite, il semble spirituellement normal pour qui veut être un disciple d’offrir à Dieu le meilleur de lui-même. Comme si Dieu s’attendait de moi que je lui offre le meilleur de moi avec la complicité de mes talents et de mes bonnes idées. Par exemple, si je suis un musicien, je serai forcément musicien dans le groupe de louange de l’Église. Puisque c’est là ce que je sais faire de mieux, c’est logiquement ce que le Seigneur veut que je fasse pour lui. Vous voyez l’idée? Il s’agit bien entendu d’une approche positiviste et édifiante qui prétend harmoniser efficacement le plan de Dieu pour ma vie avec ce que je suis et ce que j’ai envie de faire, pour Dieu. Dans cette perspective, Dieu a besoin de moi et il utilise mes forces pour faire grandir son Royaume.

Le syndrome de Caïn

L’Écriture nous instruit pourtant que ce n’est pas ainsi que ça fonctionne avec Dieu. « 3 Au bout de quelque temps, Caïn fit à l’Eternel une offrande des fruits de la terre ; 4 et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L’Eternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande ; 5 mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu. » (Genèse 4 : 3-5) Caïn croyait que Dieu apprécierait au plus haut point l’offrande des fruits de la terre issus de sa meilleure production, car c’est là ce qu’il savait faire de mieux. Mais cette offrande a été refusée. Et Abel, en offrant à Dieu les premiers-nés de son troupeau offre quelque chose qui plait à Dieu. Mais quoi donc? Abel n’offre pas à Dieu le meilleur de lui-même, mais un sacrifice animal qui rappelle son besoin de rédemption. Le sacrifice offert par Abel est la figure parfaite du sacrifice de Jésus-Christ, agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.

L’expérience des apôtres

Il faut lire attentivement les 4 évangiles pour prendre conscience que Jésus à tout fait pour briser les rêves de ses disciples. Comme nous, ces hommes étaient d’honnêtes croyants qui voyaient en Jésus une occasion pour eux-mêmes de réussir quelque chose de bon et de valable devant Dieu. Mais Jésus ne se laisse jamais berner par les bonnes idées de ses disciples. Au contraire, il détruit continuellement leurs bonnes intentions en vue de les amener là où personne ne veut aller, c’est-à-dire : vers le découragement d’eux-mêmes. Eh oui les amis, un disciple n’est pas quelqu’un qui réussit à faire beaucoup de bonnes et belles choses pour Dieu, mais c’est quelqu’un qui, arrivé au bout de ses ressources, n’a plus rien d’autre à offrir à Dieu que ses faiblesses et son immense besoin d’être sauvé. Dans l’Écriture, les exemples de brisement sont aussi nombreux que le nombre des héros qu’elle contient.

L’exemple de Moïse

Lorsque Moïse découvre qu’il est fort probablement l’heureux élu appelé à libérer le peuple hébreu de la main de Pharaon, il utilisera d’abord les pouvoirs que lui confer naturellement sa position de fils de la fille de Pharaon. C’est avec l’intention de faire quelque chose de bien pour Dieu et son peuple que Moïse tue un Égyptien. Moïse, comme vous et moi, croit que Dieu a besoin de lui pour sauver son peuple. N’est-ce pas là l’ambiance que nous retrouvons souvent dans nos milieux évangéliques? Nous nous voyons comme des guerriers sauveurs qui, munis de l’arsenal de nos talents et rempli de nos bonnes intentions, vont aider Dieu dans ses projets salvateurs. Moïse a dû passer 40 années au désert pour être brisé avant d’être enfin utilisable par Dieu. Au départ, son problème n’était pas dans ses faiblesses, mais dans ses forces. Moïse était trop fort, trop fort de ses propres ressources.

L’exemple de l’apôtre Pierre

L’apôtre Pierre est cet homme avec qui il est facile de s’identifier, car l’Évangile nous le décrit comme celui qui veut marcher avec Jésus avec toutes ses tripes. Au moment où Jésus annonce qu’il sera livré pour être jugé et crucifié, nous l’entendons dire : « Quand tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi. » (Mathieu 26 : 33) Vouloir aller jusqu’au bout avec le maitre n’est-elle pas une attitude digne d’un vrai disciple? Vous connaissez le reste de cette histoire? Non seulement Pierre ne s’est pas rendu à la croix, mais pis encore, il n’a pas terminé la nuit qu’il avait renié Jésus 3 fois. L’Évangile de Luc nous rapporte qu’au moment où Pierre reniait Jésus pour la troisième fois : « 61 Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : Avant que le coq chante aujourd’hui, tu me renieras trois fois. 62 Et étant sorti, il pleura amèrement. » (Luc 22 : 61-62).

Ah, ce méchant Pierre, mauvais disciple!!!

Le regard que porte Jésus sur Pierre dans cette scène est stupéfiant. Entre vous et moi, est-ce que Jésus est déçu de Pierre? L’a-t-il regardé comme pour lui dire : « Pierre, quel mauvais disciple es-tu, je suis tellement déçu que tu m’abandonnes dans le pire moment de ma vie. Un vrai disciple m’aurait suivi jusqu’à la croix et surtout, un vrai et fidèle disciple n’aurait jamais prétendu ne pas me connaitre comme tu viens de le faire.» Ce qui est arrivé à Pierre ici n’est pas un accident de parcours, mais bien une leçon voulue de Dieu pour lui apprendre qu’il n’y a rien de bon en l’homme, pas même ses meilleures intentions. Le regard de Jésus n’était pas un regard de déception, mais sans doute le regard complice d’un sauveur aimant.

Peut importe, toi suis-moi

Ayant renié le Seigneur trois fois, il serait normal que Pierre ne puisse plus jamais être appelé à servir comme apôtre. Mais ce n’est pas ainsi que Jésus forme ses serviteurs. L’Échec de Pierre n’était une fin en soi, mais le début d’une nouvelle aventure. Comme Abel, notre service doit passer par le sacrifice de l’agneau et non par des offrandes issues des meilleures productions de nous-mêmes. Comme pour Moïse, Pierre est maintenant prêt à servir tel un véritable disciple. C’est pourquoi la dernière parole de Jésus à Pierres est : «… que t’importe ? Toi, suis-moi. »

Jean 21 : 20-22

« 20 Pierre, s’étant retourné, vit venir après eux le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant le souper, s’était penché sur la poitrine de Jésus, et avait dit : Seigneur, qui est celui qui te livre ? 21 En le voyant, Pierre dit à Jésus : Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? 22 Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. »

Suite à venir

Réal Gaudreault

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