Que préférez-vous, le plaisir ou le bonheur?

À première vue, je n’aime pas beaucoup entendre l’Évangile me dire que je dois renoncer à moi-même si je veux être un vrai disciple.  L’impression que cette exigence de Jésus laisse sur moi est que l’abnégation est le couloir obligé à celui qui veut plaire à son Seigneur.  Je ne sais pour vous, mais pour moi, cette invitation me coince entre deux options : ou bien je fais ce que Jésus demande et je dis bye bye aux joies de cette vie, ou bien, je ne renonce pas à ma vie avec les conséquences spirituelles négatives qui semblent accompagner ce refus.  Dans les deux cas, j’ai l’affreuse impression d’être perdant.  Mais tout ça, c’est à première vue bien entendu.

Écoutons ce que Jésus déclare

« 23  Puis il dit à tous : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. 24  Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera. 25  Et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il se détruisait ou se perdait lui-même ? »  (Luc 9 : 23-25)

À première vue?

Suivre Jésus pourrait aussi me conduire à la croix donc?  À première vue, le concept du renoncement à soi-même envoie des images qui nous semblent peu invitantes.  C’est un peu comme si Dieu s’opposait à mon bonheur, comme si mon bonheur était l’adversaire de Sa Sainteté.  C’est comme si Dieu prenait un malsain plaisir à m’interdire tout ce que j’aime.  Dieu serait-il allergique à mon bonheur?  Souhaiterait-il me voir m’enfoncer dans la tristesse et le malheur d’une vie sans saveur.  Vous voyez l’idée?  Jésus serait un sauveur sans saveur.  Ne me dites pas que je suis le seul à ressentir ce genre d’impression?   Mais en fait, tout ça n’est qu’une fausse impression qui est le produit d’une contamination des valeurs confuses de notre monde postmoderne.

Dieu au service de l’homme

On voit bien qu’actuellement le message entendu dans de nombreuses églises évacue subtilement l’idée du renoncement à nous-même.  Le truc n’est pas très vendeur si on veut attirer la foule, non?  Voilà pourquoi on propose des prédications positivistes et humanistes qui élèvent le bonheur de l’homme comme unique idéal de Dieu pour ses enfants.  Cette perspective présente Dieu comme celui qui se met au service des moindres besoins de l’homme.  Ici, on ne marche plus avec Dieu car c’est Dieu qui marche avec l’homme.  Une présentation de l’Évangile sans la croix et la mort à soi-même n’a pas plus de valeur qu’une séance de croissance personnelle.  Lorsqu’on en ressort, on est pompé en vue d’accomplir de grandes choses pour Dieu, mais rapidement, il nous faut une autre séance de pompage positif pour continuer sinon tout s’éteint rapidement.  Ici encore, le plaisir est intense, mais de courte durée.

Le plaisir ou le bonheur?

Peut-être bien que les chrétiens de notre génération ne savent plus faire la différence entre le concept du plaisir et celui du bonheur.  Dans le monde postmoderne, le bonheur n’est pas une valeur recherchée, car il suppose un état durable et stable qui est le fruit de bien des efforts constants sur du long terme.  Tout ça prend trop de temps à atteindre.  Comme les choses vont très rapidement en ce monde, on lui préfère le plaisir qui lui, s’inscrit davantage dans un rapport à l’immédiateté.   Par exemple, un bon repas procure plus de bonheur, mais demande beaucoup plus d’efforts et de préparation alors que du « junk food » procure un plaisir immédiat sans aucun effort.  Au bout d’un certain temps, le « junk food » rend malade et éloigne toute possibilité de bonheur.

Spirituellement, c’est la même chose.  Un christianisme superficiel qui néglige les efforts d’une vie consacrée et qui méprise l’acquisition d’une solide théologie est aujourd’hui très populaire, car il propose une plénitude (plaisir) immédiate.  La frénésie de la nouveauté est très populaire chez les chrétiens, car chaque nouveau gadget propose une solution facile et immédiate.  Un nouveau livre, un nouveau CD, un nouveau séminaire, une nouvelle église, un nouveau prédicateur de miracles, bref, on navigue continuellement dans du nouveau.  Cela prouve bien entendu que la profondeur qui elle, procure le vrai bonheur en Dieu est une valeur dépassée.  Plusieurs des nouveaux gadgets évangéliques se vendent bien, car la croix y est souvent absente.  C’est du christianisme à la sauce postmoderne, sans plus.  Ce n’est peut-être même plus du christianisme du tout.  Enfin, à Dieu seul d’en juger.

La peur de souffrir

Dans la vie, la plupart de nos choix sont motivés par la crainte de souffrir.  Voilà pourquoi nous préférons garder bien en main les leviers de nos vies.  On veut bien un peu de Jésus dans nos vies, mais à la seule condition qu’il se mettre aussi de la partie pour nous aider à atteindre nos objectifs.  Un peu comme le menu d’un restaurant à buffet où l’on choisit le contenu de son assiette selon ses goûts immédiats, on regarde la vie chrétienne est un buffet au service de notre réussite personnelle.  On choisit nous-mêmes parce que nous croyons que Dieu veut probablement nous faire souffrir.

Un monde de douleurs

Très rapidement, on se rend bien compte que la vie est parsemée d’embûches et de misères de toutes sortes. Comme chrétiens, nous croyons que le renoncement à nous-mêmes ne fera qu’ajouter des douleurs à une vie qui nous faire déjà souffrir.  Voilà pourquoi nous souhaitons plutôt un Jésus triomphant de nos malheurs qu’un Jésus susceptible d’en ajouter quelques-uns dont on se serait bien passé.  Que nous soyons chrétiens ou non, les malheurs et les bonheurs vont être là de toute manière.  Nous aurons probablement les mêmes problèmes et les mêmes maladies que ceux qui ne croient pas en Dieu, car nous sommes dans un monde qui git sous la malédiction de la Chute adamique.

Alors, pourquoi la croix?

Parce qu’en fait, le message de la croix n’est pas responsable des malheurs qui nous arrivent, il peut même nous éloigner de la source qui les produisent, c’est-à-dire, nous-mêmes.  La croix est le chemin  qui mène à la vie.  Renoncer à nous-mêmes est probablement le meilleur moyen d’éviter certains malheurs.  Il y aura certes des malheurs, mais croyez-moi, les vivre avec Dieu est une grâce bien plus excellente que les vivre sans Lui.  Le texte qui suit montre bien que la volonté de Dieu pour chacun de nous est un bien générateur d’une vie de meilleure qualité que toutes autres vies.  C’est nous gâchons nos vies en les rendant captives de nos propres choix.  C’est nous qui dans notre entêtement à conserver nos vies, gâchons l’offre que Jésus nous fait d’y renoncer en vue d’une vie préparée par Dieu qui est selon l’apôtre : « bonne, agréable et parfaite.

Romains 12 : 1-2

« 1 Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. 2 Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. »

Renoncer à soi-même c’est aussi vivre la délivrance de ce qui nous détruit. Ce n’est pas la volonté de Dieu qui gâche nos vies, mais votre volonté propre.

 

Réal Gaudreault

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1 Comment

  1. Très bon sujet et voici le passage qui me semble complémentaire.Actes 20:24 Mais je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu.

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