Tolérance et perte de sens

Et si le concept de la tolérance n’était qu’un écran de fumée derrière lequel se cache une autre chose, comme quelque chose d’intolérable?  Et si le seul moyen de rendre acceptable l’intolérable consistait à le rendre tolérable par la force même des lois?  Parce que c’est bien de cela dont il s’agit : tous les États occidentaux  adoptent des résolutions qui prônent la tolérance à tout prix au nom de mettre fin à un passé jugé trop intolérant.  Cependant, le plus intolérable est peut-être cette attitude qui consiste à imposer ce concept de la tolérance par la force des lois.

Alors, posons-nous la question suivante : qu’est-ce que les hommes de notre temps n’arrivent tout simplement plus à tolérer?  Eh oui, parce qu’on tolère absolument tout maintenant sauf une seule chose : la prétention que la vérité puisse être connue.  L’homme postmoderne peut prétendre tout ce qu’il voudra à la condition de ne jamais prétendre que ce qu’il croit est la vérité.  Et surtout si ladite vérité distingue le bien du mal.  Alors là, c’est plus qu’intolérable.  Le flou, l’incertain, le relatif et le n’importe quoi sont devenus les lieux qu’habite l’homme du 3e millénaire.  Ces zones où tolérance et absence de sens font bon ménage.

Liberté d’expression

Une des grandes valeurs qu’ont défendue les penseurs des trois derniers siècles en Occident était le droit à la liberté d’expression. Cette liberté s’appuyait sur l’idée que chaque individu a le droit de dire ce qu’il croit être juste et vrai. Et surtout, il pouvait le dire sans craindre d’être taxé d’intolérant. Ainsi, la tolérance ne consistait pas à se dépouiller de ses croyances, mais bien à reconnaître aux autres ce même droit que l’on se donne à soi-même.  Ce genre de tolérance admettait l’idée que la vérité puisse être connue et défendue et que chaque individu avait le droit de défendre sa compréhension de la vérité.

Or, il semble bien que cette approche de la tolérance soit désormais dépassée par une nouvelle version qui nie la possibilité de la vérité.  Cette nouvelle sorte de tolérance tolère très mal que je puisse penser par moi-même et me faire une opinion qui s’éloignerait de son relativisme dénué de sens.  L’homme postmoderne accepte maintenant l’idée que la vie de n’a pas de sens et qu’ainsi, il est intolérable de lui en donner un.  Si, comme chrétiens, vous affirmez que l’Évangile est la vérité qui donne un sens à votre vie, vous serez accusé d’intolérance, car vous venez d’affirmer que votre croyance est plus vraie que celle des autres.

L’idolâtrie du non-sens

La nouvelle posture de la tolérance postmoderne ne vous demande pas seulement d’apprendre à vivre avec les différences des autres, mais surtout à abdiquer ce que vous croyez vous-mêmes être vrai.  Si vous confessez être un chrétien, vous êtes déjà catégorisé d’intolérant sans même que vous ayez débattu de la question[1].  Maintenant, on ne tolère que la morale relativiste selon laquelle il n’y a pas de système de valeurs qui puisse se distinguer d’un autre.  On vous accusera d’intolérant dès que vous rejetterez ce relativisme moral flou au profit d’une croyance aux valeurs claires et nettes.

Perte de sens

À vouloir trop défendre le principe de la nouvelle tolérance, notre société risque de devenir une des sociétés les plus intolérantes que l’histoire récente ait connue.  On vous accusera d’intolérance si vous refusez ses dogmes relativistes et, ce faisant, c’est elle qui plongera aveuglément dans une nouvelle forme d’intolérance envers vous.  Mais tout cela lui échappe, car elle croit détenir la vérité, et cette vérité consiste à dire que rien n’a de sens et qu’il est interdit d’en chercher un.

Psaume 2 : 1-12

«  Pourquoi ce tumulte parmi les nations, ces vaines pensées parmi les peuples ?   Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils et les princes se liguent-ils avec eux contre l’Éternel et contre son oint ?   Brisons leurs liens, délivrons-nous de leurs chaînes !   Celui qui siège dans les cieux rit, le Seigneur se moque d’eux.   Puis il leur parle dans sa colère, il les épouvante dans sa fureur:  c’est moi qui ai oint mon roi sur Sion, ma montagne sainte !   Je publierai le décret ; l’Éternel m’a dit : tu es mon fils ! Je t’ai engendré aujourd’hui.    Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage, les extrémités de la terre pour possession ;   tu les briseras avec une verge de fer, tu les briseras comme le vase d’un potier.   Et maintenant, rois, conduisez-vous avec sagesse ! Juges de la terre, recevez instruction !   Servez l’Éternel avec crainte, et réjouissez-vous avec tremblement.   Baisez le fils, de peur qu’il ne s’irrite, et que vous ne périssiez dans votre voie, car sa colère est prompte à s’enflammer. Heureux tous ceux qui se confient en lui ! »

Réal Gaudreault

[1] Carson D.A.  The Intolerance of Tolerance, pp 75-76

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