Mes vingt et une années d’expérience comme implanteur d’église m’ont permis de constater au moins une chose : que toutes mes bonnes idées et mes projets pour aider Dieu n’ont pas fonctionné. Non seulement ils n’ont pas fonctionné, mais ils ont peut-être servi d’écran au réel témoignage de Jésus-Christ. Heureusement, l’église dont j’étais le pasteur à connu une excellente croissance tant sur le plan de sa richesse spirituelle que dans le nombre de ses membres. Praise God!!!
Comment ça fonctionne?
Je n’ai pas la prétention de détenir toutes les clés du succès pour réussir un projet d’implantation d’église, mais voici quelques éléments qui m’ont permis d‘en savoir un peu plus. Le premier point qui me parait important est d’accepter que l’œuvre de Dieu n’est pas mon œuvre, mais celle de Dieu. Ma part c’est être un témoin. Ça semble simple, mais il faut bien des années pour vraiment le comprendre. Un témoin est une personne qui a vu ou qui a entendu. Elle ne tient pas son témoignage de deuxième main (ouï-dire) car elle est elle-même témoin de ce qu’elle affirme. Ce n’est pas elle qui fait l’action, mais c’est elle rapporte, les détails de l’action d’un autre.
Vous serez mes témoins
« Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Actes 1 :8) Le mot témoin dans son sens original grec, « martus », se dit de celui qui après avoir vu et entendu, s’engage à affirmer fidèlement les faits. Cela dit, être témoin de Christ est d’abord et avant tout le fruit d’une sérieuse d’observation. C’est d’observer le Seigneur et non pas de me demander ce que je devrais faire pour lui. Un disciple ne peut être envoyé que si il a bien saisi le contenu de l’instruction du maitre qui l’envoie. Sinon, il n’est plus un témoin, mais un entrepreneur. L’église devient un projet plutôt qu’un appel.
Seulement des témoins!
Souvenons-nous que dans l’Évangile de Mathieu (28 : 20a) Jésus avait dit à ses disciples : « enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. » Ici encore, on remarque l’importance pour le disciple (témoin) de bien saisir le contenu du message donné par le maitre. Jésus insiste pour que les disciples observent tout ce qu’il a prescrit. Le verbe grec « toreo » nous fait bien comprendre que l’instruction de Jésus doit être soigneusement gardée en vue de sa diffusion précise par le témoin. L’idée est simple au fond, on ne peut pas se prétendre témoins de Jésus-Christ si l’Évangile que nous annonçons est pénétré des valeurs autres que celles qu’instruit l’Écriture elle-même. Le témoin ne parle pas de lui-même, mais affirme les idées de celui qui l’envoie, sinon, il est un imposteur. Nous sommes les témoins de ce qu’il fait et non des témoins de ce que nous faisons pour lui.
Fonder une église n’est rien de plus que l’établissement du témoignage de Christ là où ce dernier nous appelle. Ce qui vient appauvrir ce projet est tout ce qu’on y ajoute en pensant l’enrichir. Nous y mettons beaucoup trop du nôtre (bonnes idées) et plus nous y mettons du nôtre, moins Jésus-Christ rayonne. Je sais que la tentation est grande de se lancer dans la création d’une pléiade d’activités pour assurer une meilleure visibilité de notre église dans le quartier. Nous croyons que plus la visibilité de l’église sera grande plus les gens des alentours seront tentés d’y venir. Nous croyons aussi que si notre témoignage personnel de bon chrétien est visible, plus les gens seront attirés vers Jésus-Christ.
Témoin de Christ ou bon témoignage?
La question a le mérite d’être posée. Sommes-nous des témoins de Jésus-Christ tel qu’il le demande ou sommes-nous des chrétiens qui avons un bon témoignage de vie? Je n’ai rien contre l’idée du bon témoignage pour Dieu, mais je sais maintenant que ça ne suffit pas. Et pourquoi donc? Parce que pour réussir à avoir un bon témoignage il n’est pas nécessaire d’avoir une profonde et réelle communion avec Jésus-Christ. J’entends ici que l’on peut fort bien jouer ce rôle sans en avoir la vie. Il suffit de réduire l’Évangile à des conditions morales pour y arriver. Or, être témoin de Christ exige une vie qui va bien au-delà d’une bonne moralité visible et exemplaire, il s’agit plutôt d’une vie de résurrection qui oblige une mort à soi-même. Autrement, ce n’est pas l’odeur de Christ qui se dégage de nos vies, mais là nôtre en version chrétienne moralisée. Une simple pratique religieuse, sans plus.
Une affaire d’odeur
Si ces nous que les gens remarquent, c’est vers nous qu’ils seront attirés. Oui, ils viendront à l’église et aimeront ce que nous sommes, mais il se pourrait que la chose la plus importante leur échappe : Jésus-Christ lui-même. Et ce n’est pas parce qu’ils viennent à l’église qu’ils sont sauvés. Le salut n’est pas en l’Église, mais en Jésus seul. Je sais que l’église est un lieu qui favorise la rencontre avec Dieu mais attention, si c’est nous qui les attirons, c’est à nous qu’ils s’attacheront et pas à Christ, même s’ils viennent à l’église tous les dimanches. Tous les ouvriers possédant une longue expérience vous diront que nos églises sont remplies de gens qui y viennent parce qu’ils aiment ce que nous leur offrons comme opportunité de socialisation. Et ils sont les bienvenus d’ailleurs. Ils aiment être avec nous parce que nous avons un bon témoignage, peut-être trop humain pour que Christ y paraisse vraiment.
Un témoin de Christ est une personne qui dégage l’odeur de Christ nous dit l’apôtre Paul : « 14 Grâces soient rendues à Dieu, qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui répand par nous en tout lieu l’odeur de sa connaissance ! 15 Nous sommes, en effet, pour Dieu la bonne odeur de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent: 16 aux uns, une odeur de mort, donnant la mort ; aux autres, une odeur de vie, donnant la vie. Et qui est suffisant pour ces choses ? » (2 Cor 2 : 14-16)
Réal Gaudreault
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