Qui jamais ne prie rarement se repent

L’idée est assez simple, c’est dans les moments de solitude avec Dieu où l’homme se tait enfin et laisse cette lumière d’en-haut éclairer l’état de son âme que de nouvelles choses se passent. La vie chrétienne est d’abord une vie intérieure où en ce lieu d’intimité l’homme se laisse sonder par Dieu.

« Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! Éprouve-moi, et connais mes pensées ! Regarde si je suis sur une mauvaise voie, Et conduis-moi sur la voie de l’éternité ! » Ps 139 : 23-24

La prière est le point de départ des métamorphoses qui, nourrit de la Parole de Dieu, permettent à l’Esprit-Saint d’instruire le racheté à l’abandon de ses propres voies. Je peux me mentir à moi-même de bien des manières parce qu’abandonné aux doléances de mon cœur je conçois mes propres règles de justice. Mais lorsque je me retrouve seul avec Dieu, mon mensonge s’effondre devant les rayons d’une lumière si pénétrante que l’âme transpercée ne sait plus se justifier. C’est en ce lieu où la Parole de Dieu pleine de lucidité expose la faillite de mon entendement corrompu.

C’est alors que la repentance commence une œuvre dans le cœur de celui (moi) qui ose s’aventurer sur le redoutable chemin de la croix où aucun autre choix que le renoncement ne s’impose à son âme. Se repentir (métanoïa = changer d’avis), se mettre d’accord avec Dieu et sa Parole, prendre ce chemin seul avec le courage du héros qui découvre que sa justice n’est rien de plus qu’un « vêtement souillé. » Non seulement doit-il prendre ce chemin mais il devra apprendre à l’habiter de jour en jour car seul en ce chemin étroit réside la vie.

Non pas prier pour me délester de mes innombrables requêtes mais me délester du poids de cette folie inconsciente qui aime prendre possession de mon esprit pour l’égarer dans son mal par l’évocation d’un bien que je croie être meilleur. Avoir le courage de confronter ce qui me semble juste à la lumière de la justice de Dieu qui s’impose à moi sans aucun négoce possible. Car faut-il le rappeler, la repentance est l’acte unilatéral où je n’ai d’autre rôle à jouer que le renoncement à mes propres voies. Non plus une repentance qui s’attache à une grâce à bon marché, une fausse grâce qui dissimule la méchanceté sous l’épais tapis des absurdités accumulées, mais une grâce vivante et puissante qui la traverse de tous les côtés pour l’extirper du cœur.

C’est sans doute en de telles circonstances qu’on peut enfin parler de sanctification. Non celle qui ne se préoccupe que des grossièretés évidentes, mais celle qui du fond les abîmes de mon cœur renouvelle en moi une envie de sainteté. Une sanctification de profondeur équivalente à la profonde lumière divine qui éclaire l’objet de la repentance. Une sanctification qui m’instruit à haïr tout mal et aimer Dieu par l’attachement au bien selon l’Écriture. Une sanctification comme un pur produit de la grâce de Dieu qui ne trouve plus d’excuses mensongères car désormais, elle me fait détester le chemin large et confortable qui m’égare.

La repentance et la sanctification sont des fruits d’une vie de prière où Dieu reprend sa place sur le trône de ma vie. En ce sens, la sanctification cesse d’apparaître comme une détestable nécessité qui s’impose à la vie des saints et paraît désormais comme un chemin de délivrance heureux car en ce lieu, l’air et bon et la vie abondante.

Avant d’être le rejet et la haine et du mal, la sanctification est d’abord un amour et un attachement profond à la vérité et au bien selon Dieu. La sanctification fait taire mes clameurs et mes murmures contre mon prochain. Le bien qu’elle me procure abat mon regard hautain sur le prochain car la vraie sanctification me délivre de la calomnie et la médisance par la haine de ce mal qui m’habite si aisément. La sanctification devient pour moi comme cette parole de Jésus à son disciple Pierre alors que ce dernier se demandait ce qu’il adviendrait de Jean : « Pierre dit à Jésus : Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il?

Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. » Jean 21 : 21-22Il y a dans cet énoncé : « Que t’importe, Toi suis-moi » une invitation au rejet du regard oblique sur le frère que Dieu appelle aussi par sa grâce. La sanctification m’interpelle moi et moi seul devant mon Dieu. L’autre, Dieu aura soin de lui sans mon secours car le secours de son sauveur lui suffira.(R.G.)

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