L’Évangile de Jésus sans le Christ…

Comment annoncer l’Évangile tout en esquivant les éléments de son message qui nous gênent un peu trop? Vous savez ce que je veux dire, n’est-ce pas? Par exemple, que répondez-vous aux non-chrétiens qui vous demandent si vous adhérez au principe de l’abstinence sexuelle hors du mariage. Ou toutes ces questions concernant Adam et Ève et le péché originel, le jugement de Dieu et l’enfer, etc? Il y a des jours où on se dit que l’Évangile serait tellement une meilleure Bonne-Nouvelle si toutes ces questions embarrassantes n’en faisaient pas partie.

Un Évangile en trois étapes

Pour contourner l’épineux problème que posent ces éléments encombrants, plusieurs chrétiens choisissent de présenter un Jésus dépouillé de sa fonction christologique. Une sorte de Jésus sans le Christ. C’est-à-dire le Jésus humain proche des gens qui souffrent. La stratégie qui est inconsciemment adoptée ici consiste à présenter aux gens un évangile qui se révèle plus ou moins en trois étapes :

  1. Dans la première étape, on se présente comme les dignes représentants du Jésus que tout le monde aime, c’est-à-dire, le Jésus généreux qui prend plaisir à faire du bien autour de lui. On se convainc que l’Évangile est d’abord et avant toute chose un message humanitaire qui se révèle à travers le bon comportement des chrétiens qui imitent le Jésus bienfaisant. Ici, pas question d’aborder les sujets sensibles et litigieux.
  2.  Si la première étape fonctionne bien, on arrive à la seconde étape. Voyant que la personne est touchée par tant de gentillesse, on lui présente le message de l’amour de Dieu en évitant encore une fois de lui parler des sujets bibliques qui pourraient l’offenser, c’est-à-dire, tous ces sujets qui risqueraient de porter ombrage à nos bonnes intentions. Rendu là, il faut surtout éviter de nommer clairement certains péchés, surtout ceux qui touchent à l’immoralité sexuelle. Mais oui parce que dans cette approche, le salut des gens dépend avant tout de notre bonne sagesse à éviter de tels sujets. Dieu, quant à lui, sauvera ladite personne seulement si nous avons été sages, autrement, cette personne risque la perdition éternelle, par notre faute.
  3. Si la personne se convertie pour de bon grâce à l’efficacité des deux premières étapes, c’est plus tard (dans une église peut-être) qu’elle fera la découverte du Dieu véritable dont il était question depuis la première étape, c’est-à-dire, ce vrai Jésus qu’on a volontairement inséré dans notre stratégie du silence pour éviter d’offenser le candidat au salut. Ce Dieu redoutable qui certes, aime l’homme, mais qui aussi condamne le péché et rejette quiconque méprise son appel à la repentance.

Si comme dans bien des cas la personne ne se rend pas à cette troisième étape, elle n’aura finalement jamais vraiment entendu parler du vrai Jésus et du véritable Évangile qui sauve. Au mieux, elle aura apprécié la gentillesse des chrétiens remplis d’amour.

L’épuisante sagesse qui ne mène nulle part

Plus je nous observe, nous les pasteurs (pas tous bien entendu), plus je suis fasciné par la quantité d’énergie, de sagesse et de temps que nous dépensons à développer un discours de remplacement qui permet d’instruire le peuple de Dieu en nommant le moins possible les choses que la Parole de Dieu condamne. Parce que ce monde ne veut pas en entendre parler, nous ne savons plus comment dire ces choses nécessaires au salut. Cet Évangile sans la croix tend à élargir le chemin qui mène à la vie et rétrécit le chemin qui mène à la perdition. Certes, nous parlons et nous agissons, mais notre message est vidé de sa substance rédemptrice par la crainte des conséquences potentiellement fâcheuses.

Or, ignorer la réalité du péché en évitant de nommer clairement les actions du péché, c’est ignorer la réalité du Christ dans sa fonction de sacrifice qui ôte le péché du monde. Ne plus parler, ne plus se prononcer, ne plus dire ce que le monde et les médias ne veulent pas entendre, c’est ne plus servir Dieu selon Paul. ” Et maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ.”[1]

Le problème du péché

Qui de nous (je m’inclue) aujourd’hui ose encore affirmer un dimanche matin à l’église que l’adultère, la fornication et l’homosexualité sont des péchés, que l’avortement est un meurtre et que la théorie des genres est une absurdité qui rend manifeste la rébellion de l’homme devant son créateur? Étant moi-même pasteur je sais à quel point la pression est énorme en ces jours où l’Évangile est toujours mal reçu dans les médias. Mais à la fois, une prédication du dimanche ne peut se réduire qu’à une dénonciation des péchés observés dans nos sociétés. L’Évangile est la Bonne-Nouvelle du salut en J-C et un riche répertoire de tous les sujets qui nourrissent la foi et encouragent la persévérance des chrétiens. En ces jours mauvais, il faut prier, s’encourager et s’exercer à la piété. Voilà ce qui est utile selon l’apôtre Paul.[2]

Un message clair pour des résultats clairs

Si le message de l’Évangile n’est pas totalement clair dans nos cœurs, rien du message que nous annoncerons aux incroyants ne sera clair pour eux aussi. “Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres ![3]”  L’efficacité de l’annonce de l’Évangile commence par une prise de conscience des ténèbres qui habitent dans mon cœur. Si je refuse de reconnaitre l’état de mes ténèbres, je ne serai jamais en mesure d’accompagner un pécheur à faire de même. Pour sauver le pécheur de la condamnation et l’amener à la vie, l’Évangile doit d’abord condamner à mort le pécheur. Et pour accompagner un pécheur dans les voies de la vérité, je dois y marcher moi-même.

Conclusion

Le contenu de cet article n’a pas pour but d’évacuer toute forme de sagesse et d’œuvres qui sont aussi porteuses du témoignage vivant de l’Évangile parmi les incroyants. Bien au contraire, le manque d’amour, de sagesse et l’absence de toute œuvre de compassion sont encore plus nuisibles. Cependant, l’Évangile et le message de la croix tel que Jésus le proclamait ne peut être remplacés ou dissimulés derrière nos bonnes actions. Que Dieu nous vienne en aide, Lui restera toujours fidèle.

28 C’est lui que nous annonçons, exhortant tout homme, et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme, devenu parfait en Christ. 29 C’est à quoi je travaille, en combattant avec sa force, qui agit puissamment en moi.”[4]

Réal Gaudreault (Pasteur)

La Bible Parle, Laval, Québec

[1] Galatees 1 : 10

[2] 1 Timothée 4 : 7

[3] Mathieu 6 : 23b

[4] Colossiens 1 : 28-29

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3 Comments

  1. On parle de Jésus comme d’un ami, mais on oublie qu’il a dit: “Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande”. On oubli que celui qui veux se faire ami du monde de rend ennemi de Dieu. Jésus à son retour reviens en juge, et l’énoncé de ses jugements fait trembler. Il dira “retirer vous de moi ouvriers d’iniquités” à d’autres “je ne sais d’où vous êtes”, à d’autres “allez maudits au feu éternel”, à d’autres “je vous vomis de ma bouche” à d’autres “mauvais serviteur” ou “serviteur méchant et paresseux”. Si on fait une petite recherche par mot clé avec le mot “viendra” seulement dans le nouveau testament on a des rappels. Quand le fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? Je pense que cela ne s’adresse pas à ceux qui ne se disent pas chrétiens, mais bien à ceux qui se le disent. Quel Jésus veux on prêcher? Il faut croire à toutes ses paroles si on dit croire en lui.

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