Les relations humaines en crises…

Les animaux sont-ils en train de remplacer les humains dans les relations humaines? Curieuse question, effectivement. Plus souvent qu’auparavant, les complications provoquées par l’omniprésence d’animaux de compagnie en milieu urbain alimentent des psychodrames médiatiques. Sincèrement, j’aime bien les animaux, mais tout de même, j’ai des inquiétudes. Et ce ne sont pas les animaux qui m’inquiètent, mais les humains. S’agit-il ici d’un indicateur de la détérioration de la qualité des relations humaines en général?

Cette détérioration se remarque de bien d’autres manières aussi. Par exemple, de plus en plus de gens se tournent vers des univers relationnels (voués à l’échec) qui nient la réalité objective, constructive et nécessaire des rapports naturels homme/femme? L’univers homosexuel dans toutes ses déclinaisons (LGBTQ+) est très certainement un marqueur important qui permet d’observer la distanciation tragique des hommes et les femmes de notre génération. Ce n’est pas seulement une affaire d’orientation sexuelle, mais bien de relations humaines perturbées par l’avènement du progressisme libéral qui réduit le corps humain à une masse de matière sans valeur précise.

Les bouleversements sont tels que même nos gouvernements se sentent pressés de modifier en profondeur le lexique législatif qui encadrait la réalité multimillénaire des relations homme/femme. On assiste à la déconstruction du modèle de la famille traditionnelle qui se définissait par la présence nécessaire d’un père et d’une mère au profit d’un modèle indéfinissable soumis aux extases confusionnelles de l’ère de la déraison. En plus, on tente de nous faire gober cette histoire comme une marche vers le progrès. Non, mais….

Besoin d’amour plus que jamais

L’amour est un besoin humain fondamental. Mais où le trouver, voilà la question. Ne trouvant plus l’amour où jadis on le trouvait, on le cherche ailleurs que dans le modèle traditionnel homme/femme. Côté sexe, si la pornographie n’arrive plus à satisfaire les adeptes d’une sexualité en mode solitaire, on peut toujours tomber amoureux de sa poupée gonflable (phénomène love dolls)[1] pour combler le vide existentiel.[2] Mais qu’est-ce qui peut bien provoquer cette méga crise des relations humaines?

À qui la faute?

Dans un article intitulé « La pétrification des cœurs » Götz Eisenberg montre que c’est l’embourgeoisement qui en est la cause directe. Le cycle économique favorable à l’acquisition de la richesse chez les Occidentaux depuis la Seconde Guerre mondiale aurait fait glisser ces derniers dans les bas-fonds d’un régime de marchandisation des rapports humains. « La froideur des relations humaines et l’indifférence qui nous effraye tant proviennent de la forme cellulaire économique de la société bourgeoise, la marchandise. Le modèle de base de cette indifférence est formé par l’abstraction de l’échange. »[3]

Essentiellement, nous sommes des consommateurs compulsifs qui n’arrivons plus à trouver une satisfaction dans les choses habituelles et coutumières de la vie. La quantité et la variété des objets de consommation est telle que le seul fait de se satisfaire de ce que l’on possède déjà est jugé comme rétrograde. Les personnes dites évoluées essaient tout ce qui est disponible sur le marché, et ce même en matière de relations humaines. Eisenberg ajoute encore : « L’abstraction de la valeur d’usage et sa réduction à la valeur d’échange transforment les échangeurs eux-mêmes en sujets de marchandise et d’argent équivalents et indifférenciés. Les gens deviennent de cyniques et pragmatiques machines à échanger dont les relations sont expurgées des sentiments qui les perturbent. »

Ainsi donc, le modèle capitaliste a transformé en profondeur la nature des rapports humains réduisant l’homme et la femme au niveau d’une simple marchandise échangeable. C’est ainsi que vous et moi sommes formatés à regarder nos semblables, c’est-à-dire, comme des objets consommables et potentiellement jetables éventuellement. C’est bien ce phénomène qui mine la qualité des relations humaines et qui affectent nos mariages et nos familles. Je dirais même plus, qui affecte nos églises.

L’église, la solution?

Certes, notre civilisation se laisse gagner par des idéologiques abrutissantes qui déconstruisent les conditions naturelles données par Dieu pour maintenir ce monde en ordre. Elles sont données pour protéger et maintenir la qualité des reports humains constructifs, et ce malgré les effets de la Chute. Dans un tel monde cependant, nos églises deviennent des lieux privilégiés pour réaffirmer les valeurs bibliques sur le mariage et la famille. C’est en Christ et uniquement dans la communauté des rachetés que l’homme retrouve enfin l’unité avec ses semblables. Le livre des Actes (2 : 42) nous présente les tous débuts de l’Église à travers la nécessité de la communion fraternelle. Voilà bien l’une des valeurs néotestamentaires sur laquelle se construit une communauté chrétienne en santé.

Lorsque je conseille des pasteurs qui débutent dans l’œuvre, j’insiste beaucoup pour qu’ils se consacrent d’abord à édifier la communauté dont ils sont les bergers. Non pas en instaurant un super plan de développement appuyé sur des objectifs de croissance, mais simplement en étant des pasteurs présents et rassurants au sein de leur communauté. L’appel du pasteur n’est pas de prendre soin d’un système, mais de prendre soin des gens que le Seigneur attire à Lui dans Son Église. L’important n’est pas dans la croissance du nombre, mais dans la qualité des relations humaines qui s’y développent par la grâce restauratrice de Dieu. Et le pécheur n’entrera jamais réellement dans l’église (la communauté) sans l’indispensable repentance qui ouvre ses yeux sur sa misérable condition nourrie par ses vaines pensées.

Nos églises ne sont pas des moules à gaufres où l’on empile les gens dans des tableaux statistiques pour montrer l’efficacité de nos méthodes. Non les amis, ce n’est pas la quantité de nos projets excitants ou notre sens du spectaculaire ni même notre leadership irrésistible qui fera de votre église une église en santé, c’est l’amour de Dieu qui coule d’abord et avant tout dans le cœur des élus qui fait la différence.

Conclusion

Nous vivons dans ce monde arrogant qui a mis Dieu à la porte de ses institutions. Le résultat est clairement observable par la froideur des relations inhumaines qui ont réduit l’homme à n’être plus qu’une marchandise sans valeur. Voilà pourquoi il nous faut absolument redécouvrir que l’Église est le lieu où Dieu restaure la pleine valeur de l’homme par le moyen de salut. Tant mieux si l’homme apprend à aimer et bien traiter le monde animal, création de Dieu. Mais, si l’homme le fait parce qu’il fuit la compagnie de ses semblables, alors, l’humanité tout entière est dans un trouble terrible.

Réal Gaudreault (Pasteur)

[1] http://www.gentside.com/poup%e9e/decouvrez-les-love-dolls-ces-poupees-en-silicone-qui-font-fureur-au-japon_art60134.html

[2] http://www.tvanouvelles.ca/2017/06/30/amoureux-de-sa-poupee-gonflable

[3] http://www.lesauterhin.eu/avis-de-temps-froid-sur-les-relations-humaines/

 

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9 Comments

  1. Merci Pasteur, c’est tellement vrai que nous sommes un peu perdu dans ce mode de civilisation virtuelle que l’on veut nous baigner. La nécessité de la communion fraternelle devait être à la base de la construction de toute société. Merci encore pour cet article.

    • Bonjour Stéphane. Merci pour ton commentaire. Fais nous connaître quand tu prévois être dans le coin cette été, j’aimerais passer du temps avec vous.

  2. «Je dirais même plus, qui affecte nos églises» (parlant de «la nature des rapports» de marchandisation qu’imprime l’esprit du monde)
    Merci M Gaudreault de nous rappeler ce que nous sommes…euh…ce que nous devrions être. Quel dur combat que celui de ʺlaisser vivreʺ Christ dans nos murs. C’est bien le drame de beaucoup de nos communautés devenues ʺsystèmes religieuxʺ voire des ʺsystèmes de penséesʺ, dont il s’agit.
    Il appert que l’Église (au sens du Corps universelle mystique), cherche son expression et n’en a pas fini avec les ʺsables mouvantsʺ que représentent toutes ses théologie sociale (humanisme), ou encore celle que l’on qualifie de théologie du succès qui fait ses ravages dans l’esprit de plusieurs (parfois insidieusement) mais encore, combien sont tentés d’évacuer l’enseignement de l’enfer par quelques approches émergentes à la ʺsauce urbaineʺ. Quand ce n’est pas l’enfermement des communautés dites ʺtraditionnalistesʺ qui, à force de programmes et de rigides structures, auxquels s’agglutinent quelques orateurs forts en gueule ou, tout simplement par quelques vieilles habitudes nourrissant l’indolence de l’auditoire, s’arrogent une autorité qui vieillie mal. Si certaines communautés contemporaines doivent être représentées par les membres (trans. melos ) d’un corps (1Cor 12), sans les ʺorganesʺ essentiels à la communion des ʺmembresʺ que sont les oreilles qui rendent capable d’écoute, ou encore, en l’absence des mains réconfortantes qui se posent sur une épaule affligée, cette église présente un air d’éclopé. Le pire, c’est par usurpation identitaire que certains fondateurs (église verte, ou, église ʺouverteʺ, c’est au choix…) incorporent des notions dites ʺchrétiennesʺ à leur rhétorique.
    Nous devons nous rendre à l’évidence (pour ce qui est du Québec), nous écrivons un chapitre de ce qui doit malheureusement être l’expression moderne de «Sodome et Gomorrhe». Pour ne pas être nous même distrait par ce chaos et les conséquences fâcheuses de ceux qui ont regardés derrière eux, malgré l’instruction de l’Éternel, fixons les regards sur le Serpent d’airain qui nous est annoncé. Invoquons-le d’un cœur entier et supplions-le de nous accorder de
    nous attendre à Lui…qu’à Lui pour la suite. Amen ! Amen !
    Merci pour ce coup de clairon sans équivoque M Gaudreault.

    «Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables.»
    2Tim 4

    • Cher Claude vous avez plume extraordinaire pour exprimer avec clarté et fines nuances la nature des subtilités mondaines qui nous égalent. Merci encore pour ce riche propos.

      • Vos réflexions provoquent les miennes et font œuvres utiles en suscitant les miennes: après tout, elles opèrent tous par le même Esprit, non ?
        Qu’il me soit accordé de faire suivre “les bottines” avec autant d’intention…par grâce, tout par grâce !

        Sola gratia. Sola sciptura. Soli Deo gloria.

  3. Comme vous avez raison pasteur Gaudreault de nous “brasser le canayen (pour ne pas dire le chrétien). Nous vivons des temps exceptionnellement difficiles et je crois que ce n’est que le début malheureusement. Pour ce qui est des animaux, j’essaie de toujours me porter à leur défense car nous en sommes responsables et LA PAROLE les cite souvent en exemple à imiter ( “Va vers la fourmi…Pro 6:6 ) pour ne nommer que ce verset! Je regarde mon vieux chien et je m’aperçois qu’il ne doute pas que je vais prendre soin de lui. Il me suit partout. Il est attentif à mes humeurs. Il est heureux en ma présence. Il est “plogué” sur moi. Si nous étions tous ainsi “plogués” sur notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ ça serait plus facile. Mais c’est certain qu’ils ne doivent pas prendre la place des humains dans nos vies. Mais reconnaissons qu’ils nous enseignent souvent la fidélité et l’obéissance. Quant à moi, je veux toujours demeurer cette biche qui soupire auprès des courants d’eau vive de LA PAROLE.

    • Merci Micheline pour vos bons propos. Moi aussi j’ai déjà eu un chien qui était très près de moi et qui ressentait tout ce que vivais.

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