Les chrétiens auraient-ils avantage à se dire « pro-choix »?

Il aura fallu des décennies de combat pour que nos gouvernements apprennent à respecter les règles d’équité et de justice pour enfin reconnaître le principe d’égalité de tous les citoyens devant la loi et les institutions de l’État. Mais voilà, avec le refus actuel du Gouvernement canadien d’accorder des subventions aux organismes qui engagent des étudiants pour des emplois d’été et qui se rangent du côté « pro-vie », on se retrouve en plein déficit démocratique[1]. Notre premier ministre, un militant « pro-CHOIX » ne reconnait plus aux Canadiens le « CHOIX » de penser autrement, sinon comme lui, au risque de subir la colère du Roi[2].

La discrimination

M.Trudeau et son gouvernement sont-ils conscients qu’il s’agit là d’un acte discriminatoire contre les citoyens canadiens qui désapprouvent l’avortement? Ce gouvernement est-il en train de dire qu’éventuellement, on pourrait même aller jusqu’à criminaliser le positionnement « pro-vie »? Selon le Dictionnaire d’Oxford, la discrimination se décrit ainsi : « The unjust or prejudicial treatment of different categories of people, especially on the grounds of race, age, religion or sex.[1]” À l’inverse, la non-discrimination se définit ainsi : « refus d’établir une différence dans le traitement de personnes, en fonction de leurs origines, de leur race, de leur sexe, de leur religion, etc.[2]»Ainsi donc, les chrétiens qui s’affichent contre l’avortement ne seront plus considérés comme des citoyens à part entière au Canada en regard de l’accès à ce type de subventions, mais il le seront en regard de leur contribution à l’assiette fiscale du Gouvernement canadien avec leurs impôts. Cherchez l’erreur?

Le pouvoir, cette chose dont on abuse

Comme le disait Montesquieu : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser [3]». C’est précisément pour prévenir les abus de ceux qui possèdent le pouvoir que la démocratie a été préférée aux vieux systèmes monarchiques où les rois imposaient leur préférence au peuple. La neutralité de l’État dans ce genre d’affaires devrait s’appliquer, non? Car il faut l’affirmer clairement, c’est le christianisme qui est directement visé ici, car au Canada, ce sont généralement les chrétiens qui militent contre l’avortement. Il apparaît clairement que ce choix politique de M. Trudeau relève d’une appartenance idéologique, c’est-à-dire, qu’il impose son idée personnelle sur la question de l’avortement et se sert des institutions politiques sur lesquelles il détient un certain « pouvoir » en tant que Premier-Ministre pour y arriver.

Mais qu’est-ce qu’une idéologie? En ce qui me concerne la réponse la plus simple est la suivante : « Une idéologie est une IDÉE qui se prend trop au sérieux. » Une idée devient une idéologie lorsque ceux qui la défendent se donnent les moyens politiques ou autres pour l’imposer à tous de manière coercitive. Certains diront que le christianisme n’a pas de leçon à donner à quiconque, car l’idée même du « Jésus unique sauveur de l’humanité » est une idéologie religieuse qui méprise toutes les autres coutumes religieuses. Mais c’est faux. Le christianisme serait une idéologie seulement si un chrétien devenant Premier-Ministre imposait à tous les citoyens canadiens d’observer les règles morales et doctrinales de la Bible. Oui, les chrétiens défendent des idées très fortes, certes, mais rien dans le christianisme biblique ne soutient le fait que ces idées devraient s’imposer politiquement.

La question de l’avortement

La question de l’avortement n’est pas une simple affaire. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une problématique à laquelle on peut trouver des réponses simples. C’est pourquoi les Canadiens sont généralement divisés sur cette question. Ceux qui sont généralement contre l’avortement ont tout de même des opinions raisonnables et sensées qui n’ont rien d’une forme d’extrémisme religieux et dangereux pour la Nation. Être contre l’avortement, c’est être pour la vie, donc, rien de criminel en soi. En démocratie, la liberté d’expression implique que tous les citoyens possèdent la liberté d’exprimer leurs opinions sur les questions politiques, religieuses et morales sans que cela ne porte préjudice aux droits et aux avantages que leur concède la Constitution du pays. Or, ce que fait M Trudeau m’apparait être une violation de ce droit.

Une idéologie devient discriminatoire lorsqu’on la retire du champ des opinions libres et discutables pour la faire entrer dans le champ des idées désormais indiscutables. En retirant les subventions financières aux organismes qui par conviction religieuse ont des réticences sur la question de l’avortement, on les force à accepter, ce qui leur apparait sur le plan moral, un acte inacceptable. Il y a là un préjudice évident qui échappe au Gouvernement canadien, car dans cette affaire il utilise le levier financier pour imposer ouvertement son idéologie à tous.

Les chrétiens auraient-ils avantage à se dire « pro-choix »?

Quelle sera la réaction des chrétiens qui dans cette affaire profitent actuellement de ces subventions? Il est à craindre que plusieurs se dissimulent derrière un langage habité des richesses sémantiquement suffisantes pour aboutir à dire que l’avortement n’est finalement pas un combat assez important pour qu’on prenne le risque de perdre des avantages financiers (ou autres) obtenus par l’État providence.

Est-ce que l’avortement est un élément fondamental de l’Évangile pour lequel il faut se battre? Je crois que oui et voici pourquoi. Bien que l’avortement ne soit pas mentionné dans le N-T, elle fait tout de même partie des valeurs intégrées au message de l’Évangile qui instruit à prendre la défense des plus faibles et de se tenir debout devant les déviances sociétales que prône une culture de mort. De tout temps les chrétiens ont pris soin des affligés, des pauvres, des malades et des gens sans défense. Comment ne pas réagir devant un génocide systémique qui, chaque année dans le monde, entraine à la mort plus de 55 millions de bébés sous prétexte (dans la plupart des cas) que nul n’est tenu de se priver du droit à se livrer à ses pulsions libidinales? Ignorer ces bébés est un acte d’abandon aussi incompréhensible que l’abandon de ces millions de Juifs que les nazis ont maltraités au vu et au su de toute une population apparemment chrétienne de l’Allemagne d’Hitler. Et pour finalité, qui ont péri cruellement dans les fourneaux d’Auschwitz.

Je crains au plus haut point que nombreux soient les chrétiens qui accepteront par compromis de se soustraire publiquement au discours pro-vie. Les entourloupettes astucieuses pour éviter de dire ces choses gênantes que le Gouvernement ne veut pas entendre feront honneur à tous ceux qui préféreront la douce main payante de Mamon à celle du Dieu unique et fidèle. Et c’est précisément là où notre bon gouvernement souhaite nous amener, c’est-à-dire, à nous mettre à genou devant Mamon qui de son trône doré tire les ficelles qui nous gardent esclaves de ses basses manœuvres. Rappelons-nous l’attitude de ce grand héros de la foi que fut Moise :

« 24 Par la foi, Moïse, devenu adulte, a refusé d’être reconnu comme le fils de la fille du pharaon. 25 Il a choisi de prendre part aux souffrances du peuple de Dieu plutôt que de jouir momentanément d’une vie dans le péché. 26 Car, estimait-il, subir l’humiliation que le Christ devait connaître constituait une richesse bien supérieure aux trésors de l’Égypte : il avait, en effet, les yeux fixés sur la récompense à venir. 27 Par la foi, il a quitté l’Égypte sans craindre la fureur du roi et il est resté ferme, en homme qui voit le Dieu invisible.[4] »

Il faut préférer perdre ce que le Gouvernement menace de nous enlever pour ne pas perdre la crainte de l’Éternel qui est immensément plus précieuse car, comme dit le Proverbe : « Mieux vaut peu, avec la crainte de l’Éternel, Qu’un grand trésor, avec le trouble[5] »  

Proverbes 24 : 10-11

« 10 Si tu faiblis au jour de la détresse, Ta force n’est que détresse. 11 Délivre ceux qu’on traîne à la mort, Ceux qu’on va égorger, sauve-les! 12 Si tu dis : Ah! nous ne savions pas!… Celui qui pèse les coeurs ne le voit-il pas? Celui qui veille sur ton âme ne le connaît-il pas? Et ne rendra-t-il pas à chacun selon ses oeuvres ? »

Réal Gaudreault (Pasteur senior)

La Bible Parle (Laval)

[1] https://en.oxforddictionaries.com/definition/discrimination

[2] http://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/discrimination

[3] Montesquieu, De l’esprit des lois

[4] Hébreux 11 : 24-27

[5] Proverbes 15 : 16

[1] http://www.ledevoir.com/politique/canada/496458/emplois-d-ete-pas-d-argent-pour-former-des-militants-pro-vie

 

[2] Hébreux 11 : 24-27

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15 Comments

  1. Merci pst Gaudreault pour cette information, cette étude et pour votre exhortation. J’ai signé la pétition. Il est certain que nous devons tous nous tenir debout. Étrange quand même que le 1er ministre donne des millions de nos dollars à “son ami” l’Aga Khan qui est un chef religieux d’un autre pays et qu’il agisse d’une façon aussi discriminatoire vis-à-vis des chrétiens de son propre pays. L’intégrité n’est pas au rendez-vous!

    • Comme certains le soulignent, nous avons élu un Premier ministre jeune qui manque beaucoup de maturité et de jugement. Bonne journée Micheline.

  2. On veut nous imposer de rentrer dans cette culture de mort mais il ne faut pas faire de compromis…merci pour cette éclaircissement…moi aussi j’aimerais savoir pour la pétition

  3. «Car même en démocratie, il peut exister ce que l’on appellera la dictature de la majorité. Cette dictature transporte avec elle l’idée qu’une majorité d’élus ne peuvent errer dans leur jugement, justement parce qu’ils représentent une majorité de citoyens. Mais (182) députés peuvent avoir tort tous en même temps.» P.Jury, Le Droit
    Lorsqu’un État impose ses vues en orientant ses subventions en fonction de critères liés aux idées d’un certain électorat…nous “flurtons” avec le fragile équilibre de la démocratie. En exigeant de certains organismes (religieux ou autres) une reddition idéologique en échange de cet argent, eux qui ne souhaitent simplement que permettre à quelques jeunes de passer un bel été dans un cadre d’apprentissage d’un premier emploi, annonce un glissement dangereux vers certains régimes politique auquel on reproche le contrôle des idées.
    Depuis quelques années, le débat sur les choix politiques de l’État reviennent en avant-scène. Pour ceux qui suive l’actualité, le fameux débat de la vente des véhicules militaires à l’Arabie Saoudite (quand on sait que statistiquement, ce sont les civiles qui font partie malheureusement de la plupart des victimes de ces guerres sans fin…), impliquait justement cette question de droits humains. Finalement, le contrat a été conclu sous ce même gouvernement l’an dernier sans ambages, sans débat en Chambre des Communes. Il faut dire que comme beaucoup de ses contrats, c’est le profit au delà du droit de protection des humains qui en conditionne la décision (ici 15 milliards $$). Il n’y a plus de place à la raison lorsque l’odeur de l’argent emplie la pièce…
    Pour ce gouvernement, il sait ce qu’il fera de l’argent économisé sur le dos des organismes qui ne vont pas dans le sens de ses “projets”… Après tout, c’est une autre économie à annoncer au prochain discours du budget !
    Non! à la bêtise humaine.

  4. Ce qui semblait à première vue, un cas unique au Canada, se répète ailleurs. Nous pouvons trouver une récente nouvelle sur les files de presse (The Times) qui présente le cas de l’Irlande ainsi:
    «Mauvaise nouvelle : des conseillers conjugaux catholiques vont être contraints d’accueillir les couples homosexuels sous peine de fermeture pour « discrimination »

    C’est une information du Times de Londres – un peu le quotidien de référence outre-Manche : le gouvernement de l’Irlande menace de retirer plus d’un million et demi d’euros de subventions publiques aux agences de rencontres ou de conseil conjugal et familial qui refusent d’offrir leurs service aux couples homosexuels. Les conseillers sont accusés de « discrimination » contre les LGBT.

    Sans les fonds publics qui leur permettent de fonctionner, des agences comme Accord qui revendiquent une identité catholique, n’auraient plus d’autre solution que de fermer leurs portes, vu qu’elles ont déjà perdu plus de 40 % de leurs subventions publiques il y a trois ans, au moment où Irlande a légalisé le « mariage » gay.
    L’organisme qui s’occupe du financement des conseillers conjugaux, Tusla, est chapeauté par Katherine Zappone*, ministre pour l’enfance.
    »
    Attaque dirigée ? Abus de pouvoir idéologique ? Est-ce annonciateur de pire lorsqu’on pense que ce sont des décisions étatiques (Math 24.9) ?
    Sur cette lancée, pourrions-nous assister à un dérapage idéologique qui obligera les communautés évangéliques à marier des couples de même sexe sous peine de poursuite ? Nos organisations sont-ils préparés à une telle éventualité et les moyens à prendre pour stopper ce glissement dangereux ?
    La suite pourrait nous surprendre.

    articles complets:
    (français) http://www.cqv.qc.ca/blog
    (anglais) https://www.thetimes.co.uk/edition/ireland/catholic-counsellors-must-accept-gay-couples-zrjhfv3nv

    *Mme Zappone s’est affichée ouvertement lesbienne au côté de sa feue compagne,Ann Louise Gilligan lors de leur union en 1981

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