L’Église, lieu de toutes les faiblesses

Mais qui donc sont les gens qui fréquentent encore une église aujourd’hui? Sont-ils des illuminés, des faibles d’esprit, des passéistes ou tout simplement de grands naïfs? En fait, ce sont des pécheurs, c’est-à-dire, des femmes et des hommes qui ressentent au plus profond de leurs tripes tout le potentiel de la bêtise humaine. Oui, c’est ça un pécheur, quelqu’un qui connaît sa propre faiblesse et qui trouve la force de surmonter ses effets destructeurs par la grâce et le pardon de Jésus-Christ, seul.

Vous me direz peut-être qu’il n’est pas nécessaire d’être chrétien pour connaître ses propres démons, et je vous l’accorde. Un chrétien n’est certes pas une meilleure personne que le reste des hommes, il n’est ni meilleur ni pire, c’est juste qu’il sait mieux quel est l’état pitoyable de sa condition pécheresse. Cette connaissance ne le rend pas pour autant défaitiste, car s’il reconnaît sa faiblesse, il connait aussi celui qui s’est donné lui-même en sacrifice pour ses fautes, et là est toute la différence. Un chrétien est fort de la force du pardon dont il est l’objet. Voilà aussi pourquoi l’Évangile le déclare victorieux.

L’Église est le carrefour des pécheurs

Si donc vous souhaitez rencontrer des pêcheurs, allez à l’église, car là se trouve généralement la plus grande concentration de gens mauvaise vie. Jésus lui-même disait : « Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.[1]». Cela étant dit, comment se fait-il que généralement on a des chrétiens une image idyllique comme s’ils étaient moralement de meilleures personnes. Ils ont certes des valeurs morales élevées en ce qu’ils soumettent leur vie aux valeurs de l’Évangile. Mais est-ce que cela les exclut de la faiblesse qu’on en partage leurs contemporains? Certes non, bien qu’un chrétien cherche toujours à s’éloigner de sa propre folie, il sait que cette dernière le rattrape souvent.

Des entrailles de miséricorde

Il me semble que la plus belle qualité d’un chrétien n’est pas dans ses acquis moraux ou même dans son haut savoir théologique, mais dans la facilité avec laquelle il pardonne aux autres leurs fautes. Puisqu’il est lui-même pardonné de beaucoup de choses, il ne peut tout simplement pas ne pas pardonner à son tour. D’ailleurs, apôtre Paul nous rappelle dans sa lettre aux Colossiens l’importance de se revêtir d’entrailles de miséricorde les uns envers les autres.

« 12 Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. 13 Supportez-vous les uns les autres, et, si l’un a sujet de se plaindre de l’autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi. 14 Mais par-dessus toutes ces choses revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection. 15 Et que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs. Et soyez reconnaissants.[2] »

Supportezvous !

Puisque nous sommes des élus, des saints et des bien-aimés, ne devrions-nous pas avoir une conduite exemplaire ? Tant de gens s’attendent des chrétiens un niveau de conduite tellement sanctifié qu’ils s’étonnent de les découvrir encore pécheur. Bien des chrétiens considèrent la sanctification comme une élévation au-dessus de toute forme de mal, une vie de perfection morale que même l’Écriture ignore. Faut-il rappeler que le mot sanctification selon l’Évangile parle d’abord et avant tout de notre « mise à part pour Dieu », et non de notre perfection?

Le texte de l’apôtre Paul montre bien que la conduite des élus et des saints consiste à avoir les uns pour les autres des « entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. » Si donc ces qualités sont requises dans l’Église, n’est-ce pas précisément parce que là se trouvent des pécheurs faibles ayant encore besoin de compassion? Oui, l’Église est un lieu qui réunit des pécheurs et dont la survie dépend essentiellement de la capacité de chacun à supporter la faiblesse des autres. L’Église est la communauté des rachetés, là où chaque pécheur trouve l’encouragement de se relever, car pour lui Christ est mort.

Conclusion

Si donc vous trouvez des lacunes dans votre église, c’est que vous êtes normal, et si vous n’en voyez pas, c’est que vous êtes aveugle. Votre calibre spirituel ne se mesure pas à votre capacité de bien discerner les fautes des autres, mais à couvrir et pardonner ceux que Dieu vous demande d’aimer comme lui-même vous a aimé.

Réal Gaudreault

[1] Luc 19 :10

[2] Colossiens 3 :12-15

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3 Comments

  1. Excellent article pst.Real! J’aime particulièrement la dernière phrase, très percutante,,elle résume bien l’époque dans laquelle on vit où juger est beaucoup plus facile qu’exercer l’amour de Dieu!

  2. L’Église, lieu de toutes les faiblesses
    Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; 28 et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu.
    1Col 1.26-29
    En d’autres mots : « Si donc vous souhaitez rencontrer des pêcheurs, allez à l’église, car là se trouve généralement la plus grande concentration de gens de mauvaise vie. » R Gaudreault
    Énoncé difficile à entendre et pourtant d’une évidence renversante !! La réunion de croyants est bien souvent la réunion de gens qui ont tout tenté, ou encore, qui sont sortis de situations extrêmement pathétiques. Qui n’as pas entendu le témoignage d’un frère déclarant: « je suis Claude, et je suis un alcoolique qui a failli y laissé la peau en commettant les pires bêtises », ou encore, d’une sœur confessant : « je suis Maryse et j’ai trompé tout le monde à cause de l’argent, cela m’a valu 3 années de prison » et bien d’autres personnes ayant ″touché le fond du baril″ (comme dit l’expression). C’est difficile de vous lire M Gaudreault parce que vous portez un jugement très dure envers les communautés en disant qu’ils sont un ramassis «de gens de mauvaise vie » et vous faite bien de nous le rappeler. La raison est clairement mentionnée dans le passage de l’épître aux Colossiens cité en titre, comme Paul le déclare : « afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu ». C’est pourtant un fait et ceux qui ne veulent pas l’entendre préfèrent utiliser le ton positiviste (répandu chez plusieurs de nos congénères du siècle présent) en se rassurant sur la nature humaine par des déclarations qui pourraient se formuler ainsi : « Mon église est tellement édifiante, j’y rencontre plein de gens rempli de projets et qui réussissent dans la vie ».
    Avoir le courage de se regarder en face, est une grâce de Dieu.
    La communauté, selon ce qu’on comprend de l’affirmation de M Gaudreault qui la décrit comme le lieu de « la plus grande concentration de gens de mauvaise vie», est aussi le lieu de « la plus grande concentration des gens ″religieux″ ». Et comprenez-moi bien, je m’inclus dans ce réflexe qui anime mes pensées de croire que je suis plus près de Dieu parce que moi ″ je suis dans une communauté évangélique, moi j’ai compris tel ou tel chose de l’enseignement de Christ, moi je fais davantage le bien en général que le mal etc.″. Il reste encore ce fond religieux qui voudrait montrer à Dieu qu’on ″ s’en tire pas mal ″ avec son instruction et qu’on peut même se permettre de refuser le pardon à certains qui nous énerve dans notre entourage. Merci M Gaudreault de ramener l’authentique marque du croyant à cette affirmation : “Votre calibre spirituel ne se mesure pas à votre capacité de bien discerner les fautes des autres, mais à couvrir et pardonner ceux que Dieu vous demande d’aimer comme lui-même vous a aimé.”
    La véritable force, peut parfois être le privilège du croyant (si Dieu le veut) mais c’est lorsqu’il est faible que cette puissance peut se manifester et c’est si le Seigneur la manifeste et non l’homme. Elle procède parfois par un homme, mais elle est la prérogative de notre grand et souverain Seigneur.

    Seigneur fait que, lorsque je me sens fort ou faible, tu me rappelles que c’est Toi qui veut s’exprimer à travers ma vie en faisant reconnaître au monde TA souveraineté. Que mon égo soit soumis à ton autorité.
    La communauté chrétienne qui compte rencontrer Christ sur son chemin, passera par où Christ a passé, et s’arrêtera au pied de la Croix du calvaire. Lui seul a été autorisé à y monter pour nous tous.

    « C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ; car, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. » 2 Cor 12

    Tout pour ta gloire !

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