Implanter une église, c’est comme planter un arbre

Une des pathologies sociales marquantes chez les hommes de notre temps est l’impatience, c’est à dire, cette attitude qui consiste à ne plus savoir attendre. Et tel va le monde tel va l’église et malheureusement pour cette dernière, l’impatience est le plus mauvais allié des implanteurs d’Églises. De nos jours, la plupart des jeunes pasteurs se sentent obligés de porter rapidement du fruit pour montrer qu’on a bien fait de miser sur eux. On les forme pour être efficace et productifs parce qu’on a investi en eux et on veut du rendement et vite. Erreur, c’est une grosse erreur et voici pourquoi.

Prenez exemple des arbres fruitiers?

N’est-il pas vrai que la nature recèle des trésors de sagesse que nous aurions avantage à observer pour en tirer instruction? Regardez comment poussent les arbres et vous comprendrez comment il faut s’y prendre pour implanter une église. Commençons par écouter le conseil d’un horticulteur spécialisé dans les arbres fruitiers : « Soyez patient : un arbre fruitier met parfois plusieurs années avant de fructifier; laissez-lui sa chance[1] ! » La finalité d’une église est la même que celle d’un arbre fruitier : porter du fruit. Alors, comment être certain d’y arriver?

Laissez-lui sa chance!

Une église est comme un arbre à fruits qui a besoin de pluie, de soleil, de vent, d’engrais, une bonne terre, des bons soins et surtout, du temps. Mais oui, laissez-lui sa chance de se faire des racines et cessez de vous inquiéter de ses fruits. Ce ne sont pas les fruits qui portent les racines, mais les racines qui portent l’arbre, ses branches et ses fruits? Il faut laisser le temps aux racines de s’étendre ici et là sous terre, de se faire des réseaux d’approvisionnement, et ce, dans le secret là où rien ne parait. Voyez-vous, c’est la même chose pour une église, c’est dans le secret et loin des regards que le plus gros du travail se fait. Loin du regard des hommes, mais sous le regard de Celui qui seul, fait croitre.

« Et qui la médite jour et nuit ! »

Suivez le conseil du psalmiste lorsqu’il dit ; ” 2 Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, Et qui la médite jour et nuit ! 3 Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, Qui donne son fruit en sa saison, Et dont le feuillage ne se flétrit point : Tout ce qu’il fait lui réussit.[2]” Eh oui, ils viendront les fruits, mais ils viendront si la source qui nourrit l’arbre est la Parole de Dieu. C’est l’Écriture qui est l’unique source de nutriment susceptible d’amener au cœur de nos églises les fruits que Dieu recherche. J’ai bien dit, les fruits que Dieu recherche et non pas ceux auxquelles nos convoitises (spirituelles) nous font rêver.

Ce ne sont pas les fruits engendrés par vos innombrables projets qui plaisent au Seigneur, mais les fruits de son Esprit dans vos cœurs[3]. Dieu n’a pas besoin de vos bonnes idées pour que ça fonctionne, il a surtout besoin de toute votre attention. Si vous ne prenez pas la Parole de Dieu au sérieux, vous allez peut-être réussir des choses attrayantes pour vous faire remarquer de vos semblables, mais tout ça pourrait avoir été fait en vain. Ne regardez pas d’abord ce qui est à la mode dans les églises autour pour vous inspirer, regardez le Seigneur, soyez attentifs à sa Parole, c’est lui qui vous appelle.

Le succès dans l’œuvre de Dieu ne vient pas de notre créativité, mais des desseins éternels de Dieu. N’est-ce que Dieu avait promis à Josué? « 8  Que ce livre de la loi ne s’éloigne point de ta bouche ; médite-le jour et nuit, pour agir fidèlement selon tout ce qui y est écrit ; car c’est alors que tu auras du succès dans tes entreprises, c’est alors que tu réussiras. [4]»

Les fruits viendront, c’est promis

Le plus important dans la vie chrétienne n’est pas ce que vous accomplissez pour Dieu, mais ce que Dieu accomplit pour vous et en vous. C’est une promesse certaine que si vous élevez la Parole de Dieu bien avant vos nombreux projets, vous réussirez, les fruits viendront, c’est promis. Investissez beaucoup de temps dans les racines, là où personne ne remarquera ce que vous faites et vous réussirez. « 6 J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître, 7 en sorte que ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui fait croître.[5] »

Conclusion

« Ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais c’est Dieu qui fait croitre » Vous aurez beau arroser votre projet d’implantation de toutes les bonnes idées en vogue que vous n’obtiendrez jamais le succès. Le secret le mieux gardé est ici dans ce passage de l’apôtre Paul, c’est Dieu qui fait croitre, et non l’implanteur ou l’arroseur.

Réal Gaudreault (Pasteur)

[1] http://www.gerbeaud.com/jardin/fiches/fruitiers-faciles-pour-debutants,1334.html

[2] Psaume 1 : 2-3

[3] Galates 5 : 22

[4] Josué 1 : 8

[5] 1 Corinthien 3 : 6-7

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2 Comments

  1. «…Dieu qui fait croître.»

    Pour être patient…certainement qu’on l’est ! Mais pas toujours pour les bons choix. Ceux auxquels le Seigneur nous appelle par exemple.
    Il me semble avoir tiré quelques observations à cet égard mais je ne n’ai toujours pas trouvé d’autres moyens que mes genoux fléchis pour espérer voir les choses changer. M’attendre simplement à Lui. Je ne vous cacherez pas que l’attente est longue parfois…(c’est mon impatience charnelle)
    Le monde dans lequel nous vivons a réussi peu à peu à imprégner nos modes de fonctionnements dans l’église québécoise (en fait tout l’Amérique en est contaminé); tout passe absolument par la formation, la performance et l’image. Pour toutes ces choses, les gens sont très patients; les formations ne manquent pas et vous êtes bien placés pour en parler M Gaudreault. On passent des heures, voire des années à se former pour ensuite servir dans nos communautés. Nos communautés prennent alors une allure de grande “institution” (cela me rappelle l’évolution d’une certaine église dans l’histoire…) avec tout ce que cela comporte de structures, d’administrations et de critères théoriques (davantage inspiré des modèles séculiers que de l’Écriture). Il s’agit de faire ce qu’il faut et on est intégré comme membre à part entière. Comme si l’essentiel était accompli; comme si le reste devenait secondaire voire “facultatif”. J’ai trop souvent observé ce genre de “membership” comme une façon néfaste d’inclure les gens dans nos communautés. Nous sommes institutionnalisés et adoptons des comportements de gens institutionnalisés*. Et si nous prenions le temps …«laissez-lui la chance de se faire des racines et cessez de vous inquiéter de ses fruits»

    Certains croient que c’est à force d’habiles prêches ou encore de programmes de formation que la communauté évolue dans le bons sens. D’autres affirment que c’est à force de phénomènes surnaturels visibles à l’œil ou encore en multipliant les rencontres sociales que la communauté mature. Parfois, certains misent sur les œuvres humanitaires et/ou en toutes sortes d’activités sociales et/ou de militantismes (ex:en environnement) et passent le plus clair de leur temps dans cela (allant jusqu’à oublier le Maître et Seigneur qui les ont appelés).
    C’est comme tout le reste, avec une certaine prétention d’être bien formé et instruit; diplômé ou encore, constatant avoir la moindre capacité de communicateur, ces gens qui se croient investis par Dieu parce qu’ils sont appréciés, font fausse route. C’est ainsi que celui qui arrive avec un certain talent qui le démarque au sein d’une communauté, doit faire attention de ne pas trop s’avancer trop rapidement, il est en “terre sainte”. Comme pour tout ce qui est sacré, il doit être conscient que c’est sa relation avec le Propriétaire des lieux qui compte.
    Les adhérents ne prennent plus le temps…parce qu’ils croient qu’il est plus avantageux de “faire” des choses. Nous sommes dans une époque agité et on encourage nos enfants à cela (cours de ci, cours de cela, activité ici, activité là). Nous sommes avalés par nos occupations pensant même “servir le Roi, nous sommes occupés à servir” (tout cours).

    Celui dont les attributs se démarquent doit user d’une plus grande prudence. Certains peuvent le pousser vers des responsabilités mais si le Seigneur ne l’a jamais assigné, il peut vite devenir un inconvénient pour la vie d’une communauté ou carrément, ne compter que sur lui-même. Il devient alors un danger pour l’œuvre.

    «Si l’Eternel ne bâtit la maison, Ceux qui la bâtissent travaillent en vain; Si l’Eternel ne garde la ville, Celui qui la garde veille en vain. En vain vous levez-vous matin, vous couchez-vous tard, Et mangez-vous le pain de douleur; Il en donne autant à ses bien-aimés pendant leur sommeil» Ps 127

    Ma prière: Seigneur, que mes incessantes prières soient la démonstration de ce que je crois: tu fais toutes choses en ton temps. Car lorsque je prie, tu agis. Lorsque je m’agite, tu te retires et je le sais très bien. Sois mon seul guide Ô Dieu !

    Amen ! Amen !

    *https://fr.wikipedia.org/wiki/Institutionnalisation

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