Heureux l’homme, nous dit le psaume

Qu’est-ce qui rend l’homme heureux ici-bas sur la terre?  Et vous, qu’est-ce qui vous rendrait vraiment heureux?  La première idée qui vient sans doute à l’esprit est une chose que vous ne possédez pas en ce moment.  Comme si le bonheur ne se trouvait pas dans notre vie, dans celle que nous vivons en ce moment.  Comme s’il fallait le trouver ailleurs, toujours ailleurs.

Un autre moi

En 25 ans de cure d’âme pastorale, j’ai souvent entendu des gens me parler de la personne qu’ils aimeraient être.  Comme si l’un des plus grands obstacles au bonheur venait d’être obligé de vivre avec soi-même.  Si j’étais quelqu’un d’autre, je serais heureux, car je serais une meilleure personne.  Pour bien des chrétiens, les choses se compliquent, car ils sentent bien qu’être chrétien ne les a pas rendus meilleurs.  Dieu m’aimerait si j’étais quelqu’un d’autre se disent-ils.   C’est probablement là que réside la forme d’idolâtrie la plus persistante dans nos vie, elle consiste à croire que je devrais être une autre personne, comme une version améliorée de moi, une version plus aimable.

Dieu m’aime

Dieu n’aime pas la personne que je voudrais être, mais celle que je suis réellement avec toutes ses faiblesses. Jésus n’est pas mort sur la croix pour une version d’un moi améliorée, car dans les faits, ce dernier n’existe pas, il est une fabulation de mon imaginaire. Non, il est mort pour le pécheur que je suis, m’accordant une vraie grâce pour le vrai pécheur que je suis. Dieu n’aime pas celui que j’aimerais être, mais celui que je suis, il aime le moi réel.

Coupable!

Le moi imaginaire est une version non coupable du moi que je voudrais présenter à Dieu. J’aimerais mieux être lui, car lui me semble beaucoup plus présentable sauf que ce dernier n’existe pas. Le seul qui existe vraiment est le moi réel. Et ce moi réel doit plaider coupable devant Dieu, car il est coupable, voilà tout. Revenons-en maintenant au bonheur, car ici se trouve l’une des recettes du bonheur parmi les plus efficaces qu’on puisse trouver. Plaider coupable devant Dieu serait-il un chemin qui mène à une vie plus heureuse? Selon l’Écriture, oui. Et pourquoi?

Parce que je suis coupable

J’ai lutté une bonne partie de ma vie contre cette odeur de bêtise qui se dégage de ma vie. J’ai tout essayé pour changer et devenir une meilleure personne, mais, bien que j’aie vaincu certaines passions, cette odeur de putréfaction n’a jamais cessé d’être là. Je croyais que mes victoires sur le péché éloigneraient de moi cette impitoyable odeur, mais ça n’a pas fonctionné, et je me suis découragé. Et un jour j’ai compris que cette odeur ne venait pas de mes péchés, mais du corps de mort qui les produisait. Eh oui, la Bible ne dit pas simplement que je fais des péchés, mais bien que je suis un pécheur. Et ce n’est pas la même chose. Même si j’arrivais à ne plus faire des péchés, je resterais quand même coupable devant Dieu d’être un pécheur. La solution n’est pas d’abord dans la victoire sur les péchés, mais dans le sacrifice de Jésus-Christ pour ma condition de pécheur.

Délivré par l’aveu

C’est l’aveu de ma condition de pécheur qui ouvre la porte à la délivrance de la culpabilité et la haine de moi. Christ est mort pour le vrai moi et c’est le vrai moi qui est pardonné et aimé de Lui. Bien que des odeurs de mort m’environnent encore souvent, je sais que devant Dieu, je suis, non pas un juste, mais un justifié. Je sais aussi que cette réalité spirituelle est le trésor dans lequel se trouve mon bonheur. Comme le mentionne le psalmiste : « Heureux l’homme à qui l’Éternel n’impute pas d’iniquité, Et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude. » (Psaume 32 : 2)

Point de fraude?

Dans le texte hébreu, le mot fraude ne réfère pas à la condition pécheresse de l’homme, mais à l’attitude qui l’empêche de reconnaitre son état pécheur. Il est heureux l’homme qui ne cherche pas à nier les faits de sa condition et qui se reconnait coupable devant Dieu. Oui, c’est celui-là qui est heureux. Et ce bonheur ne vient pas d’ailleurs ni de l’acquisition d’une nouvelle richesse passagère, mais de la vérité. Oui, il est « heureux l’homme à qui l’Eternel n’impute pas d’iniquité. »

Psaume 32

« 1 De David. Cantique. Heureux celui à qui la transgression est remise, A qui le péché est pardonné ! 2 Heureux l’homme à qui l’Eternel n’impute pas d’iniquité, Et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude ! 3 Tant que je me suis tu, mes os se consumaient, Je gémissais toute la journée ; 4 Car nuit et jour ta main s’appesantissait sur moi, Ma vigueur n’était plus que sécheresse, comme celle de l’été.  5 Je t’ai fait connaître mon péché, je n’ai pas caché mon iniquité ; J’ai dit: J’avouerai mes transgressions à l’Eternel ! Et tu as effacé la peine de mon péché. 6 Qu’ainsi tout homme pieux te prie au temps convenable ! Si de grandes eaux débordent, elles ne l’atteindront nullement. 7 Tu es un asile pour moi, tu me garantis de la détresse, Tu m’entoures de chants de délivrance.  8 Je t’instruirai et te montrerai la voie que tu dois suivre ; Je te conseillerai, j’aurai le regard sur toi. 9 Ne soyez pas comme un cheval ou un mulet sans intelligence ; On les bride avec un frein et un mors, dont on les pare, Afin qu’ils ne s’approchent point de toi. 10 Beaucoup de douleurs sont la part du méchant, Mais celui qui se confie en l’Eternel est environné de sa grâce. 11 Justes, réjouissez-vous en l’Eternel et soyez dans l’allégresse ! Poussez des cris de joie, vous tous qui êtes droits de cœur ! »

Réal Gaudreault