
L’Écriture nous sert un bien drôle de discours sur la réussite et le succès. En tout cas, le concept qu’elle défend s‘éloigne radicalement de celui qui nous attire humainement. D’abord, du point de vue humain, réussir consiste à faire de belles et grandes choses dont nous pourrions être fiers. En fait, ici c’est l’homme (moi) qui est au cœur de la réussite. Ce modèle est simple, Dieu nous choisi faible et pécheur, il nous sauve, nous fortifie et nous rend de plus en plus victorieux en vue d’atteindre le niveau des grands et glorieux serviteurs de Dieu.
Évidemment, il est vrai que Dieu sauve l’homme, l’affranchi de ses fautes et le conduit vers la liberté. « Avec Dieu, nous ferons des exploits » nous dit le psalmiste.[1] . Oui, certes, mais il n’est pas certain que nous saisissons bien les enjeux de ce parcours surprenant. À cause des valeurs postmodernes qui nous contaminent subtilement, nous avons tendance à considérer l’œuvre de Dieu à la manière du carriérisme. Une église est comme une PME avec son plan d’affaires et le pasteur est un entrepreneur soumis aux règles du rendement sur investissement. Inutile de vous dire que cette approche ne prévoit pas la faiblesse comme une alternative gagnante. Cette vision est construite sur le modèle du bas vers le haut. C’est l’homme faible qui devient de plus en plus fort et capable.
L’esclavage de la gloire humaine
Le modèle biblique de croissance spirituelle s’oppose diamétralement à celui qui nous attire naturellement. L’Écriture ne nous dit pas que le salut est une seconde chance de réussir là où nous avons échoué dans la chair. Oui, Dieu nous sauve et nous délivre éternellement du péché dans le sens où en Jésus-Christ, nous sommes une nouvelle création[2]. Mais, dans l’expérience humaine et terrienne de la vie chrétienne, nous avons davantage besoin d’être affaiblis sinon, Dieu ne pourra être glorifié par nos vies. Notre problème est fort simple, nous cherchons tous la gloire qui vient des hommes. Notre besoin d’être aimé nous conduit aveuglément à vouloir devenir des héros de la foi pour impressionner nos pairs. C’est plus fort que nous, c’est de cette manière que le péché nous rend esclaves de nos propres convoitises de gloire.
L’étonnant modèle biblique
La plupart des héros bibliques suivent une trajectoire inverse à celle que nous recherchons pour nous-mêmes. C’est en lisant leur histoire que tout s’éclaire. Plusieurs d’entre eux sont d’abord des hommes capables qui, comme nous, aiment planifier les choses comme ils l’entendent. Comme nous, ils veulent bien servir Dieu, mais à leur manière. Et que se passe-t-il ensuite? Dieu les amène vers le brisement de leur volonté propre et les affaiblit jusqu’à ce qu’ils n’aient plus en eux-mêmes les ressources pour réussir. Relisez l’histoire d’Abraham, de Jacob, d’Isaac, de Moïse, de David et vous verrez que le procédé de Dieu est toujours le même. Non pas du bas vers le haut, mais du haut vers le bas.
Il en sera ainsi pour vous et moi. Oui, avec Dieu nous ferons des exploits, mais certainement pas avant d’avoir été affaibli et brisé par Dieu. Les moments difficiles, les périodes de solitudes et les brisements de toute sorte font partie des intentions de Dieu pour nous, elles sont même salutaires.
L’apôtre Paul comme modèle
« 9 et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. 10 C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ ; car, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. » 2 Cor 12 : 9-10
La puissance de Dieu ne tombe pas du ciel subitement comme certains aiment le croire. En tout cas, dans le texte ci-haut mentionné, ce n’est pas ainsi que l’apôtre l’enseigne. La puissance (dumanis = pourvoir) de Dieu s’accomplit (teleios = mature, finalité) dans la faiblesse (astheneia = fragilité, infirmité). Autrement dit, la puissance de Dieu ne vient pas d’une gloire soudaine, mais de la fragilité dans laquelle Dieu nous conduit. Vous souhaitez goûter la puissance de Dieu, laissez vous diriger vers la faiblesse, car c’est là où elle se trouve.
Réal Gaudreault
[1] Psaume 108: 14
[2] 2 Corinthiens 5: 17




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