Comme vous tous, ma première réaction à la vue de ce petit garçon de 3 ans trouvé mort sur une plage m’a bouleversé. L’image du petit Aylan Kurdi couché à plat ventre sur le sable m’a rappelé des moments où mes deux garçons avaient à peu près le même âge. Tous les soirs ma femme et moi allions espionner leur sommeil, juste pour le plaisir. Souvent, ils dormaient dans la même position qu’Aylan, couché sur le ventre, les pieds tournés vers l’intérieur. La photo d’Aylan m’a fait mal jusque dans les tripes parce que lui n’a pas eu la même chance que mes garçons, de vivre.
Que d’émotions
Je ne veux rien enlever aux émotions légitimes que cette affaire troublante soulève, mais je me demande néanmoins pourquoi le monde s’émeut tout à coup devant ce drame. Qu’est-ce qui fait que l’émotion l’emporte cette fois-ci sur la raison? Car habituellement, la mort de milliers de personnes en Orient ou ailleurs nous émeut si peu. Alors, pourquoi cette fois-ci? Eh bien parce qu’une image vaut mille mots, et celle d’Aylan elle, vaut mille maux.
Or, tout le problème est là, c’est-à-dire dans les émotions spontanées qui transpercent une photo pour nous faire ressentir toute la tristesse de la bêtise humaine. La raison pour laquelle je mentionne que c’est un problème est parce que dans moins d’une semaine (peut-être deux), la plupart d’entre nous auront oublié Aylan. Et vous savez pourquoi. Parce que dans une semaine les médias cesseront de parler d’Aylan; tout le monde l’aura déjà oublié.
Malheureusement, seuls les politiciens et les médias sont ceux qui profiteront des retombées de cette affaire. Au bulletin de nouvelles jeudi soir, j’entendais nos chefs politiques en campagne se déshonorer en récupérant l’affaire à des fins électoralistes. Du grand Mulcair, vraiment, et Trudeau, ouf. Les médias qui au départ ont fait circuler cette photo savaient très bien qu’elle allait faire de gros ravages émotionnels en Occident. Clairement, on instrumentalise la mort de ce pauvre bambin à des fins de propagandes victimaires en vue de manipuler les Occidentaux naïfs et émotifs que nous sommes. Et ça marche à tout coup. Il faudrait ouvrir toutes grandes nos frontières disent certains. Ha oui, mais à qui exactement? Ils sont des centaines et des centaines de millions dans le monde à vivre à peu de chose de près la même chose qu’Aylan.
Nos politiciens et nos médias savaient déjà
Croyez-vous vraiment que nos gouvernements ainsi que les salles de rédaction de nos grands médias nationaux ignorent les atrocités commises un peu partout en ce moment dans le monde? Oui, ils savent. Ils savent que des femmes et des enfants meurent tous les jours injustement, mais ils n’en ont rien à cirer tant et aussi longtemps que l’émotion du peuple n’est pas au rendez-vous. Ils n’en ont rien à cirer, à moins que la chose devienne payante.
Les promesses pleines de bonnes intentions de Thomas Mulcair et Justin Trudeau, improvisées grossièrement à la suite de la mort de Aylan est l’une des plus énormes hypocrisies politiques qui nous ait été donné de voir au cours des dernières années. Oui, parce que ces deux grands messieurs ont simplement récupéré cette histoire pour se faire du capital politique. Vous savez quoi, s’ils prennent le pouvoir, ils n’en feront pas plus que le Gouvernement actuel, et cela, ils le savent déjà. Avant même la fin de la campagne électorale, ils auront oublié l’affaire et continueront à récupérer tout ce qui leur passera sous la main pour gagner les élections. Les émotions humaines n’auront servi, une fois de plus, à n’être rien d’autre que le vecteur d’une manipulation mensongère. C’est ça la politique les amis.
Saviez-vous que…?
La réalité est qu’il meurt un enfant à toutes les 5 secondes dans le monde en ce moment[1]. Pendant les 4 minutes que vous prendrez à lire mon article, 48 enfants seront déjà morts. Pas moins de 36 millions[2] d’êtres humains, dont la plupart sont des enfants meurent à chaque année pour des raisons similaires à celle qui a tué le petit Aylan. Jean Ziegler, reporteur spécial pour les Nations-Unies pour le droit à l’alimentation[3], ne cesse, depuis 20 ans, de produire des rapports et d’écrire des livres pour dénoncer les traitements dont les enfants sont les principales victimes dans le monde. Et que dire de l’avortement qui, chaque année, prive du droit à la vie 50 millions d’Aylan dans le monde. Mais, aucune photo, aucune émotion.
Que pouvons nous faire?
La plupart des gens qui s’époumonent en ce moment en dénonçant à hauts cris la mort d’Aylan retourneront bientôt, tout doucement, à leur bourgeoisie habituelle, et ce dès que la photo d’Aylan cessera de circuler dans les médias sociaux.
Je suis fier d’être un pasteur dans un mouvement d’église (La Bible Parle) qui depuis de nombreuses années nourrit et instruit pas de moins de 600 petits Aylan à tous les jours en Haïti via notre mission de Tiverny. Si vous êtes de ceux qui cherchent une façon concrète d’aider des petits Aylan, joignez-vous aux missions chrétiennes qui parrainent des enfants partout dans le monde. Un enfant à la fois et déjà notre monde se porte mieux.
Réal Gaudreault (pasteur)
[1] https://www.youtube.com/watch?v=KXZD5jOxGJc
[2] http://www.courrierinternational.com/article/2011/10/18/un-enfant-qui-meurt-de-faim-est-un-enfant-assassine
[3] https://www.ababord.org/L-empire-de-la-honte
Troublant, tout ça. Je veux parler à nos pasteurs, ce Dimanche, pour voir si on ne pourrait pas parrainer une famille…. J’espère qu’on va se lever…
Salut et merci, Pst.