À mort les vieux, vive les criminels

Dites-moi, y a-t-il des gens plus vulnérables que nos ainées lorsqu’ils sont en perte d’autonomie? Je ne crois pas, non. C’est de nos parents et nos grands-parents dont il est question ici. Oui, on parle de ces braves gens qui nous ont aimés, éduqués, nourris et vêtus. Ils ont pour la plupart sacrifié une partie de leur vie pour s’assurer que la nôtre serait plus heureuse que la leur. Par le travail de leurs mains, ils ont largement contribué à financer les infrastructures dont nous jouissons aujourd’hui au Québec. Maintenant qu’ils sont vieux et fragilisés, ne méritent-ils pas qu’on prenne soin d’eux avec tout le respect qui leur est dû?

Au cours des dernières semaines, il a souvent été question dans les médias de la diminution de la qualité des soins qu’on leur offre dans CHSLD. Pas plus d’un bain par semaine et des pommes de terre déshydratées au menu[1]. S’agit-il d’une saine gestion des fonds publics ou tout simplement des effets pervers du capitalisme sauvage qui ne s’intéresse qu’aux seules personnes socialement rentables? Je l’avoue, j’ai de plus en plus honte d’être un québécois dans ce Québec qui délaisse ses vieux.

Et quelque part dans les prisons…

Mais l’indignation s’élève d’un cran lorsqu’on apprend que nos détenus, ceux-là mêmes qui bafouent les lois, qui volent, qui fraudent, qui tuent et qui méprisent nos institutions ont droit à des petits plats raffinés payé par nos impôts. Dans un article du Journal de Montréal datant de mai 2015 on apprenait que : « Si le coût unitaire moyen pour le repas des prisonniers réguliers est d’environ 2 $, les repas congelés préparés selon un code culinaire religieux sont plus chers. Les repas casher coûtent 5,25 $ l’unité et l’État québécois paye 3,31 $ pour un repas halal.[2]». On manque de budgets pour nos ainés, mais pas pour nous criminels? Qui sont les élus ou les fonctionnaires qui permettent de telles choses?

Comprenez-moi bien, je n’ai rien contre l’idée de bien traité les prisonniers et tant mieux si on y arrive. Mais expliquez-moi pourquoi nos gouvernements ne manifestent-ils pas le même empressement à bien servir les besoins culinaires et hygiéniques de nos ainés. Comment ce fait-il que des gens honnêtes ne reçoivent pas au moins des soins équivalents à ceux que reçoivent les bandits et les voleurs? Et comment se fait-il que nous tolérions collectivement des administrateurs de fonds publics qui font preuve d’autant d’incohérence?

Toujours selon le Journal de Montréal (15 juin 2015), on apprend que : « Raisins, chou-fleur, bacon, veau: 12 CHSLD et deux hôpitaux de Montréal ont retiré ces aliments de leur menu au cours des derniers mois parce qu’ils coûtent trop cher. Même les vraies patates pilées ont été remplacées par des pommes de terre déshydratées, mais la direction assure que c’est pour la sécurité des résidents, et non pas pour économiser de l’argent.[3] » Ben voyons donc!   Pour leur sécurité, on les nourrit moins bien que les détenus dans nos prisons? Vraiment??? On nous prend pour des imbéciles ou quoi?

Le coût d’un détenu

Dans le système carcéral canadien, un détenu coûte 117 788$ par année aux contribuables[4]. D’accord, c’est sans doute le prix à payer collectivement pour assurer la sécurité des citoyens canadiens et le maintien d’un système de justice équitable pour tous. Mais encore une fois, pourquoi nos élus n’ont-ils pas le même empressement à bien s’occuper de nos vieux en fin de vie? Oui, les coûts de gestion attribués aux personnes âgées sont astronomiques selon un rapport du Conference Board du Canada. « Si le niveau actuel des soins est maintenu, le rapport prévoit que la facture, qui était de 28,3 milliards de dollars en 2011, passera à 62,3 milliards en 2026 puis à 177,3 milliards en 2046 [5]». Ayoye, c’est vraiment beaucoup d’argent.

Euthanasie

J’ai bien peur que derrière les regards complices de nos élus qui appuient presque à l’unanimité la décriminalisation de l’euthanasie et du suicide assisté se cache un motif économique évident. Réduire la qualité des soins de santé pour nos vieux en vue de faire des économies, pourquoi pas? Et si l’inavouable intention de nos élus était qu’en réduisant la qualité des soins de nos ainés en fin de vie, on réduirait parallèlement leur désir de rester en vie. C’est de la pure démagogie me diront certains.

Une chose est certaine, ce sont les impératifs économiques qui orientent les choix politiques de nos élus et non la misère de nos ainés. Les détresses humaines contribuent peut-être à émouvoir la population en général, mais les riches capitalistes qui marchent main dans la main avec les politiciens sont davantage émus par les baisses de rendement de leurs placements en bourse. Ce n’est pas un manque d’argent qui cause le problème, mais la cupidité de l’homme.

Réal Gaudreault

[1] http://www.tvanouvelles.ca/2016/06/15/fini-les-patates-pilees-trop-dangereux-pour-nos-vieux

[2] http://www.journaldemontreal.com/2015/05/14/deux-fois-plus-de-dietes-religieuses

 

[3] http://www.journaldemontreal.com/2016/06/15/des-chsld-servent-des-pommes-de-terre-deshydratees

 

[4] http://www.journaldemontreal.com/2014/03/17/systeme-carceral-un-detenu-au-penitencier-coute-117-788–par-annee-aux-contribuables-canadiens

 

[5] http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2015/11/03/006-couts-soins-personnes-agees-double-rapport-conference-board.

 

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5 Comments

  1. Ai suivi un prisonnier 2 ans: mangeait rien: repas sous plastique, pas chaud, pas de viande, pas de breuvage, quantité minime,comptait sur moi pour manger. Le 2e en roulotte: 30$ par semaine pour manger. Il devait s’unir à 4 autres prisonniers pour manger une semaine. Si la nourriture entre en grande quantité dans les prisons, elle ne se rend pas aux prisonniers. Tous ceux qui ont fait du bénévolat en prison savent fort bien que les prisonniers sont sous alimentés en plus d’être constamment humiliés. Et la bonne nouvelle, j’ai amené les 2 au Seigneur.

  2. La réalité des Aînés n’est pas si simple. Une amie très proche a eu un Centre d’Accueil privé. Nourriture de qualité, menus variés, chaque personne avait un aidant lors des repas. Mais, les personnes s’étouffent, régurgitent, crachent, refusent le menu, se mettent en colère parce qu’il ne s’agit pas de leur propre cuisine. L’âge leur a fait oublier qu’ils ont des besoins différents. Les soins personnels sont souvent difficiles à donner, voire même impossibles dans certains cas. L’aîné s’y oppose fermement ou est tellement fragilisé, que son temps de soins personnels empiète sur les soins d’autre aînés. Pas facile pour les CHSLD de répondre à tous ces besoins individuels quand un gouvernement en a fait des besoins généraux. Je lève mon chapeau à ceux qui s’occupent de nos aînés.

  3. Pour moi, la vraie question est pourquoi avons-nous largué la responsabilité de nos ainés à l’État providence? En finançant les garderies à 5$ à l’époque, ils voulaient que les femmes aillent travailler pour que cela rapporte plus d’impôts. Par le fait même, une grande partie des femmes n’étaient plus là pour éduquer et prendre soins des enfants. C’est l’état qui a pris la place des parents.

    Maintenant, c’est la même chose pour les ainés. C’est l’État qui a pris la place des enfants adultes vis à vis de leur parent.

    Puisque nous citoyens canadiens, et je dirais même chrétiens, avons choisi de remettre cette responsabilité à l’État, pourquoi nous nous plaignons nous du travail qu’ils font à notre place?

    Ce sont nos choix de société moderne :
    – Institutionnaliser les petits enfants (CPE, la pré-maternelle),
    les ados (PDJ), etc.
    – Institutionnaliser les personnes handicapées, trisomiques, déficients intellectuels, autistes, etc.
    – Institutionnaliser les malades, les ainés, etc.

    Ce n’est plus une question d’argent, mais de valeurs humaines qui dévient et déclinent de plus en plus.

    Dictionnaire Marie-Éva de Villiers:
    Institution : norme, coutume ou pratique socialement sanctionnée, établie dans une société donnée, qui revêt habituellement une valeur officielle et légale. Ex. mariage et responsabilité civile.

  4. « … je n’ai rien contre l’idée de bien traité les prisonniers et tant mieux si on y arrive. »
    Il ne s’agit effectivement pas ici de faire du ″millage sur le dos″ d’une misère pour en soulager une autre. Vous pourriez répondre alors : ″Quant à eux -parlant des criminelles-, il n’ont que ce qu’ils méritent !!″ Pensez-y bien. En tant que chrétien quand on sait que le Dieu créateur qui nous déclare ennemi et condamné depuis la chute, vient à nous malgré tous nos crimes et le fait que nous ne prenions pas nos responsabilités…et nous offre ce qu’il a de plus précieux (son fils) pour réconcilier tout cela. Il paie le plein prix pour nous tous qui ne méritaient rien de moins que ″la chaise électrique″ et nous sauver de cette condamnation éternelle ! Le roi dans la parabole du serviteur impitoyable (criminel), relâche ce dernier …qui recommence aussitôt à commettre ses crimes…Nous croyons-nous vraiment si différent ? Dite-moi que vous ne recommencez pas à violer l’un des dix commandements si ce n’est tous les jours (ce qui ne me surprend pas …en tout cas dans mon cas, je m’en confesse) au moins, toute votre vie durant. Vous allez me répondre : ″Oui mais moi, c’est pas des crimes à proprement parlé″ …ce n’est pas ce que la bible enseigne. La moindre ″mentrie″ fait durant votre tendre enfance, que dis-je, le seul fait du péché de vos parents, nous rend passible de mort. À moins d’être sauvé par Christ, nos fautes -aussi petite soit-elle- comme celle du pire psychopathe tueur en série, nous envoie direct en enfer !
    « Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges; que celui qui dira à son frère: Raca ! mérite d’être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira: Insensé ! mérite d’être puni par le feu de la géhenne. » Math 5
    La géhenne selon l’Écriture, ce n’est pas autre chose que l’enfer.
    Nous sommes libre de croire ce que l’on veut, mais l’Écriture enseigne certaine chose auquel personne n’échappera : c’est ce qu’on appelle, des vérités.
    Sans Christ, le pire criminel comme vous et moi, ne pouvons en tirer. Et du seul fait qu’il soit une créature pécheresse, ne le soustrait pas à la considération et aux soins minimaux. Choquant ? C’est pourtant ce que l’Écriture enseigne. « Alors que nous étions ennemi » (ou si vous voulez, des irresponsables; faisant le contraire que ce qui est demandé par Dieu) , Dieu vient à nous (prisonnier de nous-mêmes), paie le prix fort en offrant son fils à la Croix, et nous sauve. Il a payé pour des irresponsables…! C’est d’ailleurs sur ces fondements judéo-chrétien (et biblique) que les droits humains prévoient les soins, à tout être humain (ou créature de Dieu, si vous voulez).
    Prisonniers, aînés, travailleurs payeurs de taxe …ou non, tous on droit aux services de soins de santé et de subsistance en tant qu’humain -dans l’Écriture on ne parle pas explicitement de droits mais c’est encore plus exigeant, Jésus dit: « Aimez vos ennemis » . L’Écriture ne dit-elle pas qu’Il: « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.» Math 5
    Dieu béni donc les bons …et les méchants.
    Je suis d’accord avec M Gaudreault lorsqu’il affirme qu’on ne doit pas négliger, ni les uns (les aînés dans le premier cas), ni les autres (les prisonniers dans le second). Ceci dit, dans les deux cas, la qualité des soins doivent être adaptée à la réalité de leur condition. Et les deux doivent se sentir aimés.
    Ah j’’oubliais ! Nous nous insurgeons contre ces mauvais soins fais aux aînés …mais à quand remonte votre dernière visite à vos vieux parents, grands-parents, oncles ou tantes âgés et malades ?

    Nous tous aussi, nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres …Éph.2

    SVP Insurgeons-nous sur les bonnes choses et encourageons ceux qui sont davantage en moyens (argents, temps, compétences etc) de prendre soins des autres

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